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Gazette des beaux-arts: la doyenne des revues d'art — 4. Pér. 8.1912

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Nr. 6
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Réau, Louis: La galerie de tableaux de l'Ermitage et la collection Semenov, 2
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https://doi.org/10.11588/diglit.24885#0504

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LA GALERIE DE TABLEAUX DE L’ERMITAGE

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cisme romain participe à la fois de l’art latin et de l’art germanique
entre lesquels elle forme un trait d’union.

La Flandre s’incarne dans Rubens, comme Venise dans Titien.
L’Ermitage, qui est presque aussi riche en œuvres de sa main que la
Pinacothèque de Munich et leMusée impérial de Vienne,permet de l’étu-
dier sous tous ses aspects: comme peintre de sujets religieux, de sujets
mythologiques et allégoriques, de portrait et de paysage. Trop rhéteur à
notre goût dans ses tableaux religieux peints pour les Jésuites d’Anvers,
il est plus éloquent et plus sincère dans ses tableaux mythologiques, où
son paganisme instinctif se donne libre carrière. Sa petite Bacchanale,
où l’on voit deux petits ægipans accrochés goulûment aux mamelles
d’une faunesse ivre, est comme imprégnée de bestiale volupté.

L’Ermitage a la bonne fortune de posséder un grand nombre
d’esquisses décoratives de Rubens, brossées les unes à l’occasion de
l’entrée triomphale du cardinal-infant Don Fernando à Anvers en
1635, les autres pour la galerie du Luxembourg de Marie de Médicis
ou le palais de Wliitehall de Jacques Ier. Ces improvisations pleines de
verve sont très supérieures aux grandes décorations achevées qui
sentent le travail d’atelier. On ne peut s’empêcher de regarder ces
esquisses avec une sensualité gourmande, tant la touche en est savou-
reuse, le coloris chaud et doré, la pâte croustillante. Tel de ces tableau-
tins, comme Y Hommage à Cérès, est peut-être, à tout prendre, écrit
M. Benois, la meilleure peinture de tout l’Ermitage.

Même dans le portrait et dans le paysage, Rubens reste avant tout
un décorateur. Il se peut que van Dyck ait collaboré au portrait offi-
ciel et pompeux de sa première femme Isabelle Rrandt, engoncée
dans un corsage de brocart d’or. Mais il n’y a pas un coup de pinceau
qui ne soit du maître lui-même dans le portrait si séduisant de sa
seconde femme Hélène Fourment. On sent que Rubens a peint con
amore le portrait de cette toute jeune femme, qu’il aimait comme
une maîtresse et qu’il ne se lassait pas de représenter sous lous les
aspects, dans tous les costumes, parfois même presque nue, comme
dans la Femme à la pelisse du musée de Vienne. La petite idole aux
yeux d’enfant nous apparaît ici debout, vêtue d’une robe do soie
noire largement décolletée qui dégage les beaux seins offerts comme
desfruits; sa main droite joue avec un éventail en plumes d’autruche.
Le coloris est d’une fraîcheur et d’une limpidité admirables.

Ses rares paysages montrent la souplesse de son génie. L’Ermitage
en possède deux : H Arc-en-ciel et Les Voituriers, l’un calme et repo-
sant, l’autre sombre et tragique.
 
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