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Gazette des beaux-arts: la doyenne des revues d'art — 4. Pér. 8.1912

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Nr. 6
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Koechlin, Raymond: L' exposition d'art chinois et japonais à l'Académie de Berlin: correspondance d'Allemagne
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https://doi.org/10.11588/diglit.24885#0525

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CORRESPONDANCE D’ALLEMAGNE

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Celle-ci gardait un singulier avantage, en ce qu’elle nous montrait des séries de
laques de Chine, à peu près inconnus à Paris, précieuses pièces rouges à décor
d’or ou noires avec incrustations de burgau, que le musée a patiemment réunies
et qu’il montrait pour la première fois. Quant aux laques du Japon, ce que les
amateurs français y ont surtout cherché, c’est le pittoresque et le style du décor;
il leur était assez indifférent, semble-t-il, que le travail fut un peu gros, et même
ils n’ont pas dédaigné certains effets « amusants » produits par l’usure; en cela,
on ne saurait douter que, du point
de vue japonais, ils ne fussent sim-
plement hérétiques. Ce que le Japon
recherche dans les laques, c’est la
qualité du travail, sa finesse, sa
perfection, et un laque usé est pour
l’amateur nippon comme un pot
cassé pour le passionné de porce-
laines de Chine : moins que rien.

L’Allemagne a collectionné à la
japonaise, et les laques réunis à
Berlin semblent parfois à notre œil
un peu froids dans leur irrépro-
chable somptuosité; reconnaissons
d’ailleurs que cette perfection a son
prix. Certes, quand le laqueur ne
donne d’autre impression que celle
du tour de force technique, il est
permis de se réserver; mais, quoi
qu’on en ait, certaines écritoires
des xve et xvie siècles, pour ne pas
remonter plus haut, aux ors à la
fois éclatants et sobres, vous pren-
nent et l’on ne peut ne pas admirer
l’art dont l’ouvrier s’est assimilé et
a reproduit le style des grands
peintres. MM. OEder et Jacoby, outre
le musée, ont exposé quelques
pièces de la plus grande beauté.

Entre Paris et Berlin, il y a eu longtemps, aussi, querelle à propos des gardes
de sabres; les deux écoles les admiraient également, mais chacune à sa façon :
tandis que les amateurs français, guidés par Hayashi, ne s’intéressaient qu’aux
vieilles gardes de fer puissamment forgées, les Allemands, suivant l’opinion
des experts du Japon, prétendaient n’entendre parler que des fines gardes
ciselées et signées de noms d’ouvriers connus. On discuta longtemps, et il paraît
certain aujourd’hui que la chronologie de Hayashi était inexacte ; il attribuait les
gardes dites archaïques à des périodes beaucoup trop reculées; mais, d’autre
part les dédains de ses contradicteurs pour les robustes gardes de fer leur sem-
blent à eux-mêmes fort injustifiés aujourd’hui, et les derniers travaux, ceux du
marquis de Tressan notamment, ont mis les deux parties d’accord. Nous avons

CHINOIS ARCHAÏQUE EN BRONZE
INCRUSTÉ D’ARGENT
(Musée de Berlin.)

V11 I. — 4e PÉRIODE.

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