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GAZETTE DES BEAUX-ARTS
Dans Y Ascension de Londres (n° 68), l'artiste, s’inspirant toujours d’une
version dérivée d'Honorius d’Autun, introduit des aigles, comme l’avait fait
le peintre-verrier de la cathédrale de Lyon.
12. L’Enfant Jésus parmi les Docteurs. "Tandis que Jésus enseigne, assis sur
une chaire au fond du temple, ses parents montent les degrés qui conduisent
à l’entrée de l’édifice. La Madone est suivie d'un cerf au bois puissamment
ramifié, qui mange des rameaux feuillus présentés par des enfants. « Les
cerfs désignent les sages », dit Herradc de Landsberg ; « leur ramure
signifie les arguments avec lesquels ils se défendent contre les sophistes1 ».
L’emblcme des sages, nourri par des enfants, n’est-il pas en corrélation avec
le Christ tout enfant étonnant les docteurs par sa science?
13. La Crucifixion. Des morts ressuscitent au premier plan, conformément
à l’Evangile de saint Matthieu (chap. 27, v. 51 -53) : « Et voici_ la terre
trembla, les rochers se fendirent, les sépulcres s’ouvrirent, et plusieurs des
corps de saints ressuscitèrent 2 3. »
i5. Jésus portant la croix. Cette page est invoquée fréquemment par ceux
qui imputent à l’artiste de la frivolité. Comment a-t-il pu s’amuser — disent
ces critiques — à noyer la scène principale dans les hors-d’œuvre accumulés
au premier plan? Un cavalier tombé de cheval, un sculpteur ciselant sa statue,
des maçons élevant un mur, voilà des motifs qui n’ont que faire avec un
Portement de croix ! Cependant le peintre qui a su inventer l’attitude et l’ex-
pression poignantes du Christ marchant au Calvaire n’était point un frivole,
S’il a parsemé le devant de sa scène de sujets dont l’aspect pittoresque seul
nous frappe aujourd’hui, c’est qu’il avait de bonnes raisons pour considérer
ces thèmes comme étant liés à la donnée principale par des rapports symbo-
liques.
Le cavalier désarçonné de sa monture et roulant avec elle à terre est le
symbole consacré de l’OrgueilCette identification ne soulève aucun doute ;
elle nous met sur la voie pour découvrir le sens des autres allégories qui
doivent avoir trait, comme la première, à l’orgueil humain brisé par le Fils
de Dieu. Il suffit d’être initié aux Saintes Écritures pour saisir le symbolisme
1. Cahier et Martin, Mélanges, t. I, p. 123 ; Nouveaux mélanges, t. II, p. i54- (Le ma-
nuscrit de YHorlus deliciarum a été détruit lors du bombardement de Strasbourg en 1870) ;
— Olte, ouvr. cité, p. 493.
2. Voir la Crucifixion symbolique de 17/or/us deliciarum, édition du chanoine Straub,
Strasbourg, 1879-1899, in-fol., pl. 38 (résurrection de trois morts en plus du squelette
d’Adam); — Cahier et Martin, Mélanges, t. II, p. G8 (pl. 73; « ivoire de Bamberg» à
Munich; ivoire à la Bibliothèque Nationale ; glyptique d’ivoire de Tongres); —Heures de
Boussu, fol. 199.
3. Voir É. Mâle, ouv. cité, p. i5o. Dans l'album de Villard de Ilonnecourt, la scène
est suivie de la mention: « Orgueil, si comme il trébuché ».
GAZETTE DES BEAUX-ARTS
Dans Y Ascension de Londres (n° 68), l'artiste, s’inspirant toujours d’une
version dérivée d'Honorius d’Autun, introduit des aigles, comme l’avait fait
le peintre-verrier de la cathédrale de Lyon.
12. L’Enfant Jésus parmi les Docteurs. "Tandis que Jésus enseigne, assis sur
une chaire au fond du temple, ses parents montent les degrés qui conduisent
à l’entrée de l’édifice. La Madone est suivie d'un cerf au bois puissamment
ramifié, qui mange des rameaux feuillus présentés par des enfants. « Les
cerfs désignent les sages », dit Herradc de Landsberg ; « leur ramure
signifie les arguments avec lesquels ils se défendent contre les sophistes1 ».
L’emblcme des sages, nourri par des enfants, n’est-il pas en corrélation avec
le Christ tout enfant étonnant les docteurs par sa science?
13. La Crucifixion. Des morts ressuscitent au premier plan, conformément
à l’Evangile de saint Matthieu (chap. 27, v. 51 -53) : « Et voici_ la terre
trembla, les rochers se fendirent, les sépulcres s’ouvrirent, et plusieurs des
corps de saints ressuscitèrent 2 3. »
i5. Jésus portant la croix. Cette page est invoquée fréquemment par ceux
qui imputent à l’artiste de la frivolité. Comment a-t-il pu s’amuser — disent
ces critiques — à noyer la scène principale dans les hors-d’œuvre accumulés
au premier plan? Un cavalier tombé de cheval, un sculpteur ciselant sa statue,
des maçons élevant un mur, voilà des motifs qui n’ont que faire avec un
Portement de croix ! Cependant le peintre qui a su inventer l’attitude et l’ex-
pression poignantes du Christ marchant au Calvaire n’était point un frivole,
S’il a parsemé le devant de sa scène de sujets dont l’aspect pittoresque seul
nous frappe aujourd’hui, c’est qu’il avait de bonnes raisons pour considérer
ces thèmes comme étant liés à la donnée principale par des rapports symbo-
liques.
Le cavalier désarçonné de sa monture et roulant avec elle à terre est le
symbole consacré de l’OrgueilCette identification ne soulève aucun doute ;
elle nous met sur la voie pour découvrir le sens des autres allégories qui
doivent avoir trait, comme la première, à l’orgueil humain brisé par le Fils
de Dieu. Il suffit d’être initié aux Saintes Écritures pour saisir le symbolisme
1. Cahier et Martin, Mélanges, t. I, p. 123 ; Nouveaux mélanges, t. II, p. i54- (Le ma-
nuscrit de YHorlus deliciarum a été détruit lors du bombardement de Strasbourg en 1870) ;
— Olte, ouvr. cité, p. 493.
2. Voir la Crucifixion symbolique de 17/or/us deliciarum, édition du chanoine Straub,
Strasbourg, 1879-1899, in-fol., pl. 38 (résurrection de trois morts en plus du squelette
d’Adam); — Cahier et Martin, Mélanges, t. II, p. G8 (pl. 73; « ivoire de Bamberg» à
Munich; ivoire à la Bibliothèque Nationale ; glyptique d’ivoire de Tongres); —Heures de
Boussu, fol. 199.
3. Voir É. Mâle, ouv. cité, p. i5o. Dans l'album de Villard de Ilonnecourt, la scène
est suivie de la mention: « Orgueil, si comme il trébuché ».