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GAZETTE DES BEAUX-ARTS
Une autre page du Romuléori met en scène Marcus Curtius se précipitant
dans le vide Ce thème offre des analogies avec le dessin 39 de Bellini, où
des critiques ont cru reconnaître le héros romain 1 2. Le manuscrit de l’Arse-
nal qualifie Marcus Curtius de préfigure du Christ.
Enfin, les médailles d’empereurs romains insérées à la fin du manuscrit
peuvent être rapprochées de certaines effigies reproduites dans le recueil du
Louvre 3.
Parviendra-t-on jamais
à élucider le sens du des-
sin 92, que l’auteur du
catalogue définit comme
représentant trois malfai-
teurs conduits devant un
empereur4?En intitulant
cette composition Scène
de justice, M. Goloubew
émet l’hypothèse que la
Légende dorée pourrait
répandre quelque lu-
mière sur le sujet repré-
senté. Evidemment, nous
surprenons un lien assez
étroit entre cette scène et
la légende de sainte Jus-
tine et de saint Cyprien.
Les deux martyrs furent
plongés dans une chau-
dière sans en éprouver
aucun mal, tandis que le
prêtre des idoles, qui
avait offert de se placer devant le brasier, fut atteint par les flammes5. La
CATON D UT I QUE ET SES SOLDATS
COMBATTANT DES SERPENTS
MINIATURE DU « K O M U L É O N »
ÉCOLE ITALIENNE, FIN DU XV^ SIECLE
(Ms. 667) Bibliothèque de l’Arsenal, Paris.)
1. PI. X de l’ouvrage de M. Ilenry Martin.
2. Gazette des Beaux-Arts, 1884, t. II, p. 443.
3. La médaille du dessin 27 semble identique au prolil de Caligula, pl. XXXIII de
l’édition H. Martin. Nous voyons sans étonnemenL s’étendre ces analogies aux peintures
de Giovanni Bellini, dont l’esprit est si proche de celui de son père. Le baldaquin proté-
geant l’empereur Auguste (pl. XXI) fait penser à l’abri de la Vierge dans VAllégorie des
Offices. Quant à la miniature initiale (pl. I), elle représente la Vierge à mi-corps devant
une draperie entre deux arbres menus, motif que Giovanni Bellini a mis en scène dans sa
Madone degli Alberetti à l’Académie de Venise.
4. Uno chaxàmenlo con Ire malfatori che vieil menadi davanti uno imperador.
5. La Légende dorée, trad. T. de Wyzewa; Paris, 1902, p. 54 1.
GAZETTE DES BEAUX-ARTS
Une autre page du Romuléori met en scène Marcus Curtius se précipitant
dans le vide Ce thème offre des analogies avec le dessin 39 de Bellini, où
des critiques ont cru reconnaître le héros romain 1 2. Le manuscrit de l’Arse-
nal qualifie Marcus Curtius de préfigure du Christ.
Enfin, les médailles d’empereurs romains insérées à la fin du manuscrit
peuvent être rapprochées de certaines effigies reproduites dans le recueil du
Louvre 3.
Parviendra-t-on jamais
à élucider le sens du des-
sin 92, que l’auteur du
catalogue définit comme
représentant trois malfai-
teurs conduits devant un
empereur4?En intitulant
cette composition Scène
de justice, M. Goloubew
émet l’hypothèse que la
Légende dorée pourrait
répandre quelque lu-
mière sur le sujet repré-
senté. Evidemment, nous
surprenons un lien assez
étroit entre cette scène et
la légende de sainte Jus-
tine et de saint Cyprien.
Les deux martyrs furent
plongés dans une chau-
dière sans en éprouver
aucun mal, tandis que le
prêtre des idoles, qui
avait offert de se placer devant le brasier, fut atteint par les flammes5. La
CATON D UT I QUE ET SES SOLDATS
COMBATTANT DES SERPENTS
MINIATURE DU « K O M U L É O N »
ÉCOLE ITALIENNE, FIN DU XV^ SIECLE
(Ms. 667) Bibliothèque de l’Arsenal, Paris.)
1. PI. X de l’ouvrage de M. Ilenry Martin.
2. Gazette des Beaux-Arts, 1884, t. II, p. 443.
3. La médaille du dessin 27 semble identique au prolil de Caligula, pl. XXXIII de
l’édition H. Martin. Nous voyons sans étonnemenL s’étendre ces analogies aux peintures
de Giovanni Bellini, dont l’esprit est si proche de celui de son père. Le baldaquin proté-
geant l’empereur Auguste (pl. XXI) fait penser à l’abri de la Vierge dans VAllégorie des
Offices. Quant à la miniature initiale (pl. I), elle représente la Vierge à mi-corps devant
une draperie entre deux arbres menus, motif que Giovanni Bellini a mis en scène dans sa
Madone degli Alberetti à l’Académie de Venise.
4. Uno chaxàmenlo con Ire malfatori che vieil menadi davanti uno imperador.
5. La Légende dorée, trad. T. de Wyzewa; Paris, 1902, p. 54 1.