Gazette des beaux-arts: la doyenne des revues d'art (5. Pér. 6.1922)

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GAZETTE DES BEAUX-ARTS

commission avait accepté l’une après l’autre les diverses propositions et qui
devenait décidément le directeur des travaux.

Pourquoi trois ans se sont-ils écoulés entre cette date et les premières
reconstructions P Ce retard lient à diverses raisons : d’abord à la nécessité
d’établir un cadastre exact, indispensable au plan de lotissement. Il n’existait
qu’un vieux cadastre turc fort approximatif. L’œuvre nouvelle, dirigée par
un spécialiste grec, M. Lambadarios, a été longue, mais elle est de tous
points remarquable. Signalons ensuite la diiïiculté d’établir un lotissement
accepté des Saloniciens. Le gouvernement grec avait décidé d’exproprier
pour diviser et vendre à nouveau. Les habitants protestèrent, craignant de
se voir évincés par des hors-venus : les lots, jugés trop grands, ne trouvèrent
pas d’acquéreurs. Enfin, les élections de 1920 et le changement de personnel
politique et administratif qu’elles entraînèrent, ajoutèrent encore au retard.

M. Héb rard dut, à diverses reprises, modifier son plan, réduire, en parti-
culier, l’étendue des surfaces libres, qui de 52 pour 100 fut abaissée à
moins de 43 pour 100. Mais les grandes lignes et la conception d’ensemble
ont survécu à toutes les querelles politiques et locales : ce sont elles qu’il
nous faut exposer maintenant.

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Nous ne nous occuperons guère ici que de la partie centrale, mais il est
nécessaire de jeter d’abord un coup d’œil sur le plan d’ensemble de la nou-
velle cité avec les extensions qu’il prévoit :

Vers l'Ouest, le port et les entrepôts du gros commerce, le quartier des
usines, les cités-jardins ouvrières ;

Au centre, sur l’emplacement de la vieille ville, dans l’enceinte des
anciennes murailles, le centre commercial, administratif, les divertissements
et aussi les édifices d’art, la partie monumentale ;

A l’Est, le quartier d’habitations bourgeoises, relié à l’élément précédent
par de vastes jardins au milieu desquels s’élèveront les bâtiments de la nou-
velle Université.

Cette répartition est conforme à la loi de tous les urbanismes, ancien et
moderne, qui est celle de la spécialisation des quartiers. Elle offre, en par-
ticulier, pour la ville centrale, l’avantage de la débarrasser d’un port souvent
malpropre, encombré de docks et d’entrepôts, et de conserver aux habitants
l’accès direct à la mer, avantage dont peu de cités jouissent au même degré
que Salonique. Si l’on tient compte aussi, comme le recommandait déjà
Vitruve, des vents dominants, on constatera que le plus fréquent, celui du
Nord, emportera toutes les fumées d’usines vers la mer.