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NoUs (Tonnons aujourd'hui la fin de la liste
indicative des objets d'art restitués à la Bel-
gique eu 181o. Un de nos prochains numéros
donnera un résumé intéressant de cette liste
puit nous commencerons nos commentaires
dans lesquels nous déterminerons l'emplace-
ment actuel des tableaux rendus et le sort de
ceux qui ne nous ont pas été restitués.

CORRESPONDANCES PARTICULIÈRES.

Evreux.

(Fin.)

Saint Michel de Bordeaux est aussi la proie
des maçons. C'était une grande église ogivale
à cinq nefs garnies de chapelles, et possé-
dant comme la cathédrale une haute tour
du XVe siècle séparée de l'édifice principal.
Les maisons ayant envahi le parvis, au point
d'obstruer les portails, on a voulu la dégager,
et l'administration municipale a dît-on, dé-
pensé 500,000 fi-, pour cela. C'était bien, mais
le but a été dépasse-'. II fallait abattre les ma-
sures mais conserver l'enceinte du parvis, avec
ses abords, de la noble basilique. Tout a été
rasé sans miséricorde, et l'église, non pas
dégagée, mais dénudée, pour employer l'ex-
pression d'un savant archéologue bordelais,
s'élève maintenant au milieu d'une place
boueuse et informe. Mais où les novateurs ont
surtout fait preuve de la plus sotte ignorance,
c'est en nivelant les abords de cette église. Le
moyen-âge attachait une pensée symbolique à
bâtir sur les hauteurs les églises consacrées
à l'Archange, et lorsqu'on n'avait pas un pic
comme le célèbre rocher du Mont-Saint-Mi-
chel, ou du moins une colline, on élevait une
butte artificielle. Dans nos vieilles cathédra-
les, les chapelles, sous le vocable de Saint
Michel, étaient placées dans les tours. Les ar-
chitectes du moyen-âge auxquels on doit la
belle église Saint Michel de Bordeaux, au-
raient donc cru faire une oeuvre incomplète

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tes et de fenêtres surbaissées, j'ai cru d'à- I posé récemment au coin du beau buffet
bord que l'on avait voulu pratiquer sous l'é- d'orgue-Louis XV? Les pastiches gothiques
glise une série de caves pour l'usage des ! que l'on fait de toutes parts me donnent le

marchands de vin du voisinage. Mais on m'a
détrompé en m'apprenant que c'étaient des
sacristies et que pour établir ce sous-sol, on
avait détruit une crypte qui était sous le sanc-
tuaire et où se trouvait un tombeau monu-
mental.

Ces changements ridicules ont eu pour
plus clair résultat de procurer de la be-
sogne aux architectes. Ce qu'il ne fallait
pas être malin pour prévoir est arrivé. Le
chœur de Saint Michel déchaussé et repris
en sous-œuvre s'est écroulé. Quand j'ai visité
cette église, le chœur et les transepts, sans
voûte et sans toitures, étaient en pleine re-
construction. L'exercice du culte n'avait plus

frisson et me ramèneraient presqu'au style
rococo. Il est vrai que le banc-d'œuvre dont
je parlais tout à l'heure, fait triste figure en
regard de la chaire-Louis XV, posée du côté
de l'évangile, et dont la cuve en bois brun
est incrustée de marbres variés. L'abat-voix,
qui serait un anachronisme sur une chaire
moyen-âge, est couronné par une grande
statue de S. Michel.

Les fenêtres des chapelles ont été récem-
ment garnies d'assez vilains vitraux moder-
nes : il y en a de M. Maréchal (de Met/.) d'un
aspect rutilant, mais sec et criard. Combien
sont plus intéressants les quelques panneaux
du XVT siècle encore en place dans deux

lieu que dans la nef, où j'ai eu encore un fenêtres du clcrestory ! Puisse l'architecte

bon nombre d'observations à faire. les conserver précieusement, et ne pas effa-

Une merveille souvent signalée dans l'église ; cer une curieuse inscription en patois qui

Saint Michel, c'est le rétable de la chapelle j est tracée sur les nervures de l'une des,voù-

du S. Sépulcre, la quatrième à gauche 1 tes. Puissent aussi les marguillers faire eule-

en entrant. Ce rétable, en pierre précieuse-
ment ouvragée, couvre tout un mur, et ses
arabesques exubérantes atteignent jusqu'à la
voûte très ornée elle-même. Les niches de ce

ver les tuyaux de conduite du gaz qui cou-
rent le long de toutes les colonnes et enva-
hissent jusqu'aux corniches de l'autel, cen-
tral.

rétable qui est un des chefs-d'œuvre de la i L'église Sainte-Croix est un édifice de dî-

sculpturc du XYPsièele, sontpeuplées d'anges | verses époques, dont la belle porte romane

et de personnages qui assistent à la déposi- vient d'être garnie de vanteaux neufs, assez

tion de croix : on y voit en outre trois ravis- médiocres. On a posé dans le chœur un ehan-

santes statues : Notre-Dame, Stc Catherine cel ou grille de communion en marbre

et Sainte-Barbe. Malheureusement, l'ancien blanc, dont les prétentions au style roman

autel a disparu et il n'y a plus qu'un autel
moderne en faux style de la Renaissance.

Non loin de là, nous avons entrevu un
précieux tableau dans le goût d'Albert Durer
ou de Lucas de Leyde. Nous espérons que
M. Marionneau donnera des détails précis
à ce sujet dans l'ouvrage qu'il prépare sur

font le plus pitoyable effet en face du bel
autel en marbre du, siècle dernier , autel qui
lui au moins est d'un style franchement ca-
ractérisé. Toute l'église d'ailleurs a été énor-
mément restaurée, et M. Abadie, qui com-
mence la restauration de la tour de S. Michel,
projette à Sainte-Croix la construction d'un

Bordeaux. Une autre chapelle possède un
beau rétable de l'époque de Louis XIV.
Toutes sont fermées par de hautes grilles en
fer à enroulements-Louis XV, et de dessin
différents. Pourvu toutefois que le goût du
s'ils n'avaient point élevé leur édifice sur une j pseudo-gothique n'aille pas donner l'idée de

les œuvres d'art appartenant aux églises de 1 second clocher pour régulariser la façade

émînence. Les architectes du 19e siècle ont
méconnu ce symbolisme, et les 500 mille
francs votés par la municipalité de Bordeaux
pour le dégagement de Saint Michel, ont
surtout servi à son déchaussement. On a fait
disparaître le tertre droù surgissait le véné-
rable édifice et on n'a pas craint de déraci-
ner ses fondations. On appelait cela corriger
les mou céments de terrain sur lesquels l'église
est assise, en apportant des modifications dans
son soubassement primordial! La vérité est
qu'aujourd'hui un étage tout entier a été
pratiqué en sous-œuvre au-dessous de la nef
et du chœur. En voyant cette rangée de por-

remplacer ces belles grilles! Le goût des
meubles de dessin différent paraît perdu à
S. Michel de Bordeaux; nous y avons vu du
moins trois confessionnaux en gothique con-
temporain qui ont été stéréotypés sur le
même modèle et dont l'exacte ressemblance
est parfaitement monotone. Le banc-d'œu-
vre dont la menuiserie paraît avoir la pré-
tention d'imiter le XIIIe siècle, comme si
le XIII0 siècle avait connu les banes-d'œu-
vres, m'a paru sortir de la même fabrique
que les trois confessionnaux susdits. Que
veut dire aussi un commencement de me-
nuiserie gothique, mais également moderne,

Cette ardeur pour la régularité m'effraye
toujours. Est-il bien certain que Sainte-
Croix ait dû avoir deux tours? Nos architec-
tes ont perdu la signification des tours des
portails, dont la destination n'était pas pure-
ment religieuse au moyen-âge, mais était
souvent une marque de la puissance territo-
riale et féodale des églises. De même que
les barons laïques caractérisaient le chef-
lieu de leur fief par une haute tour, de même
que les manoirs étaient garnis d'une tourelle
d'escalier, de même l'évêque, comte, ou Sei-
gneur temporel, et l'abbé d'un monastère
marquaient par des tours an portail de leurs
églises le nombre et l'importance de leurs
domaines. Les paroisses qui jouissaient de
privilèges communaux, les chapitres avaient
aussi des tours, mais les églises de campa-
gne et celles des ordres mendiants n'avaient
que le clocher du Sanctus bâti en charpente
 
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