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— 140 —

sur le transept, ou un clocher-arcade. Jamais,
par exemple, un ancien architecte de l'ordre
des Carmes, n'eût fait ce que le frère Philibert
a fait à l'église neuve des carmes de Bor-
deaux, qui a une tour en pierre, tandis que
cordeliers, carmes, capucins, dominicains
n'usaient, dans le temps où les règles canoni-
ques étaient suivies, que d'un modeste cam-
panile ou d'une flèche en charpente.

Sainte-Eulalie a été dégagée des maisons
qui l'environnaient, mais là encore il con-
viendrait de n'aller point plus loin, et de ne
pas détruire l'ancienne sacristie, menacée,
m'a-t-on dit, de reconstruction. À l'intérieur,
celte sacristie forme une salle voûtée, garnie
d'armoires et de meubles anciens, d'un as-
pect pittoresque. A l'extérieur, ce vieux pa-
villon élevé d'un étage, se relie parfaitement
avec l'église, et ce serait tout gâter que de
le démolir. Dans une chapelle où il y a d'a-
bominables vitraux modernes, j'ai remarqué
de belles armoires du XVIIe siècle qui feraient
certainement le bonheur de bien des collec-
tionneurs d'anciens meubles. Elles suppor-
tent des reliquaires de bois doré, malheu-
reusement gâtés par l'enlèvement d'une par-
tie de leurs ornements. Les confessionnaux
en menuiserie rocaille ont leur mérite, ainsi
que le buffet de l'orgue et la chaire style
Louis XIV située à cornu évangelii. Il faut
noter encore une grille de chapelle à volutes
en fer forgé. Mais il s'agit bien de toutes ces
vieilleries. Ste Eulalie a, comme S. Seurin, un
autel tout frais, que le bon public croit moyen-
âge parecque quelques clochetons et quelques
ogives s'épanouissent sur une masse de forme
essentiellement moderne. L'architecte, M.
Alaux, a cependant pris soin de faire graver
son nom en grandes lettres, à l'un des coins
de ce pastiche. Pour le mettre plus en évi-
dence, l'élégant lutrin sculpté qui figurait
naguères dans le choeur, a été relégué sous
l'une de ces piles de chaises que nous retrou-
vons à Sainte-Eulalie comme dans toutes
les églises de Bordeaux. C'est bien le cas de
se demander.

... Si Dieu se trouvait plus noMcmcnt servi
Sur cet autel repeint dont le Suisse est ravi.

Avant de terminer cette revue des églises
de Bordeaux, je me permettrai de ne point
partager le dédain de M. de Montalcmbert
pour « Saint-Bruno, tout rempli de statues
dans le goût du Bernin, par le cardinal de
Sourdis, au commencement du XVIIe siè-
cle. » Saint-Bruno en effet a, ce me semble,
un grand mérite, c'est d'être un échantillon
parfaitement complet d'un style dont les mo-
numents bien conservés sont rares aujour-
d'hui en France, et périront peut-être bien-
tôt en Italie. Cette église est un type intact
d'un style qui a son caractère propre et que

les architectes de notre temps n'auraient pas
su créer. Sans restaurations, sans retou-
ches, sans pastiches, intacte dans son archi-
tecture, dans sa statuaire, jusque dans sa
décoration peinte, cette église fait compren-
dre ce que devaient être, avant toutes les mo-
difications, tous les arrangements, toutes les
altérations qu'elles ont subies, les églises
parisiennes comme S. Thomas d'Aquin, S.
Paul-S-Louis, la Sorbonne, etc. Déjà une
autre église de Bordeaux, Saint-Dominique,
qui est du même temps, n'a plus cet ensem-
ble et cette conservation parfaite qui m'ont
frappé à S. Bruno : des changements, des
embellissements prétendus ont rompu cette
homogénéité qui donne tant de charme aux
productions des arts.

Il y a à Bordeaux une porte de ville dont
je garderai toujours le souvenir. C'est la
porte du Palais ou du Cailhau, bâtie en 1495.
Je ne m'attendais pas à trouver dans Bor-
deaux, ville où la foule des voyageurs ne
cite que le grand théâtre et le grand pont
sur la Garonne, un édifice aussi imposant
et aussi curieux. Cette belle porte, flanquée
de deux tours, est presqu'au bord du quai,
et comme je ne parle ici que des travaux
neufs, je n'en aurais rien dit, si un projet
de démolition de cet édifice inutile, n'était
venu à mes oreilles. Il parait toutefois que le
parti qui dans la municipalité voulait la dé-
molition n'arrivera pas, quant à présent, à ses
lins; on employerait les démolisseurs à jeter
bas tout un côté de l'enceinte romaine de la
cité. Puisse-t-on épargner et dégager ce qui
reste du Palais-Gallicn, amphithéâtre ro-
main qui était encore complet en 1790 !

Je termine par quelques nouvelles d'autres
villes du midi. A Pau, on va rebâtir l'unique
église de la ville. Les protestants avaient
détruit au XVIe siècle les édifices religieux
de la capitale du Béarn, et il ne subsistait
plus que l'église des cordeliers, devenue de
nos jours insuffisante pour la population
catholique toujours croissante. M. Loupot
est l'architecte qui se charge de remplacer
ce très médiocre bâtiment, d'un style peu
en rapport avec sa destination, par une gran-
de église imitée du style ogival du XIIIe
siècle.

AAix, le vandalisme et le mauvais goût
vont leur train. L'église métropolitaine est
livrée depuis dix ans à l'architecte diocé-
sain, et plusieurs ecclésiastiques, d'ailleurs
fort recommandables, mais animés d'un zèle
intempestif, ont fait arranger quelques cha-
pelles comme des salles à manger. Je reçois
la lettre d'un archéologue du pays, qui
craint même qu'à force de restaurer on ne
compromette l'existence de cette cathédrale.

Les trappistes donnent un meilleur exem-

ple dans l'abbaye de Fontgombaud. Les ab-
sides de cette remarquable église ont été
restaurées avec beaucoup de tact et de sagesse
par ces religieux, sous la direction du P. Ed-
mond. Ils se bornent à refaire les joints dé-
gradés et à reboucher les trous, sans faire
de modifications.

J'ai proiité de l'ouverture d'une nouvelle
ligne de chemin de fer pour revenir par
Périgueux. Vous savez que la cathédrale de
celle ville, naguère fameuse par son archi-
tecture byzantine à coupoles, a eu le sort de
celle d'AngouIème : M. Abadie l'a bientôt
rebâtie de fond en comble. Les maçons sont
en train de refaire le transept du nord.
Celui du midi est sorti de leurs mains habillé
à neuf. A l'extérieur, de grandes pierres
blanches comme celles du Panthéon de Paris,
avec des joints minces, ont pris la place de
l'ancien appareil qui devait être très diffé-
rent si l'on en juge par les lambeaux qui
en restent. On doit, dit-on, démolir aussi
une très ancienne porte en avant du parvis,
porte voûtée qui a été aliénée comme maison
particulière, et qui est un reste d'une église
primitive. Il ne restera plus rien alors de
l'enceinte de cette église qui sera jetée nue
sur la place publique. Déjà devant le transept
du nord, on perce une rue au travers d'un
pâté de maisons à pignons et à tourelles.

Démolir, rebâtirj gâcher, c'est une rage

Qui de Paris s'infiltre au plus mince village.

Tout, églises, châteaux, cloîtres, tombeaux, rempart,

Tout croule et tout s'allonge et devient boulevart.

Sur ses douze maisons mon hameau fait main basse

Pour élargir sa rue où personne ne passe.

Périgueux subit la loi commune, et l'ex-
propriation va faire place nette dans cette
vieille ville aux rues singulièrement étroites,
mais bordées de hautes maisons fort curieu-
ses, dont il eut été bon de conserver les
échantillons les mieux caractérisés, tels par
exemple, qu'une série de grands manoirs à
mâchicoulis bâtis au bord de la rivière, ma-
noirs que l'on était en train d'enterrer pour
faire un quai le jour même où je passai dans
cette cité.

Raymond BORDEAUX.

Cologne.

Fêles du vingt-cinquième anniversaire de l'intronisation
de il/S' de Geissel, cardinal-archevêque de Cologne. —
Bétails artistiques de ces Fêtes. — Le plein-chant et la
musique instrumentale à l'église: — Sentiment populaire.
— La crosse gothique de M. Hermcling. — La villa offerte
par le clergé à Mf de Geissel. ■— L'ameublement offert
par la noblesse rhénane. — Plan et dessins de M. Stalz
pour ces dons divers. — L'ange en bronze envoyé par
S. M. le roi de Prusse à Mf de Geissel. — Les adresses
illustrées et enluminées : celle exécutée par MM. Deckers
cl Weber. — Le monument de F7'édéric Guillaume M. —
 
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