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qui sont ainsi taillées sur des patrons trop
grands, tombent et disparaissent.

En toute chose il faut consulter le sens de
la nation. Toutes les fois qu'on en a usé
ainsi, on a eu de véritables résultats. Toutes
les fois qu'on en a usé autrement, soit en se
fondant sur l'exemple de la France ou sur
celui de l'Angleterre, on s'est trouvé déçu
dans ses espérances.

La classe ouvrière de Bruxelles ne deman-
de pas d'école de dessin pour ses filles. Tout
ce qu'elle demande, c'est que celles-ci puis-
sent, celles du moins qui montrent de la
vocation pour l'art, fréquenter une classe
spéciale dans nos académies. A l'heure qu'il
est et avec le tempérament de la classe ou-
vrière de Bruxelles, nous croyons que c'est
tout ce qu'on doive demander.

Supposons un instant qu'une cinquantaine
de jeunes filles soient formées à l'école de
dessin. Quand elles seront instruites, quand
on leur aura donné, avec l'instruction, la
perspective de l'emploi fructueux de leurs
connaissances, qu'en fera-t-on? Dans quels
ateliers les introduira-t-on? Pénétrons dans
ces ateliers et voyons ce qui s'y passe.

Les fabricants de dentelles, d'étoffes à la
mode, de petits articles tissés, n'ont jamais
eu recours à un dessinateur belge. Ceux qui
lisent ceci et qui sont versés dans la matière,
savent fort bien qu'on prend un dessin fran-
çais, anglais, américain ou allemand; on
change légèrement un motif, suffisamment
pour n'être pas pris en flagrant délit de
contrefaçon et le tour est fait. Dans les ate-
liers de moulage, les modèles viennent de
l'étranger. Les ateliers de gravure sont fer-
més pour cause de maladie, si pas de décès.
A Liège, il y a, il est vrai, des graveurs
pour armes; la plupart viennent de France
ou d'Allemagne. Nos ateliers d'enluminure...
nous n'en n'avons pas. Nos ornemanistes
emploient des ouvriers, il est vrai, mais ce
sont pour la plupart des ouvriers français
reconnus adroits et expéditifs dans la ma-
tière. Si nous croyons pouvoir les remplacer
par des filles, nous nous trompons. Il n'en est
pas un seul qui en veuille; il faut dans l'art
industriel une certaine force exacte que les
femmes n'ont généralement pas et n'auront
jamais.

Ferons-nous de ces filles d'ouvriers des
artistes? mais alors c'est à la misère que
nous les conduisons et telle qui eut été une
excellente couturière, modiste, fille de ma-
gasin, demoiselle de comptoir ou humble
marchande, détournée par le mirage que nous
lui aurons offert, finira tristement son existen-
ce comme plieuse ou brocheuse à 80 centimes
ou 1 franc par jour.

Il est» supposer que, de même qu'à Pa-

ris, le personnel enseignant serait composé
de femmes. Dans ce cas comment fera-t-on?
Pour la première fois ce personnel, pensons-
nous, viendra de France. Il n'y a pas de mal
à cela, mais voyons ce que pense de ces écoles
de dessin, la directrice de l'une d'elles (1).

« Dans l'opinion de McU? Hautier, les éco-
les de dessin pour les femmes ne rendent
point tous les services qu'on en attendait;
elles ont été créées dans l'intérêt de la classe
ouvrière, et l'on peut dire qu'elles ne profi-
tent point à cette classe. La plupart des
élèves qui fréquentent ces écoles sont des
filles de petits employés et de militaires pen-
sionnés dont la condition, à vrai dire, est
souvent pire que celle des filles du peuple. »

Quant à l'enseignement, il sera sans doute
établi sur les mêmes bases qu'à Paris, bien
entendu qu'il sera tenu compte des aptitudes.
Nous ne connaissons pas ces bases et nous
sommes convaincu de leur excellence, mais
gare aux abus; on y arrive assez vite dans
les arts où un réalisme mal compris joue ac-
tuellement encore son rôle dissolvant. Nous
avons sous les yeux un journal annonçant
qu'un jeune artiste vient d'ouvrir ses ateliers
pour compléter l'éducation artistique des fem-
mes, qui pourront y consulter et étudier le
MODÈLE VIVANT, l'étude du nu étant une
des difficultés de l'enseignement artistique.
— Il est vrai que M. Regnault, l'innovateur,
ajoute qu'il n'y a pas d'écueil à redouter, l'ar-
tiste admettant les parents à suivre les cours.
Voyez la pente qui pourrait conduire à encou-
rager officiellement auprès des jeunes filles
l'étude d'une des difficultés de l'enseignement
artistique, le nu !

Franchement, nous ne voyons guère l'uti-
lité de l'institution projetée, dût-elle être
considérée au simple point de vue de l'art
industriel. Sous le rapport artistique, jetons
sérieusement un regard autour de nous et
voyons s'il est bien urgent d'augmenter le
chiffre déjà si fort de la population profes-
sant les arts libéraux. Sous le rapport indus-
triel, nous avons dit tout ce que nous pen-
sions en d'autres occasions. N'ouvrons pas à
nos jeunes filles d'ouvriers une perspective
sans carrière, sans résultat réalisable, sans
but certain. Ne cherchons pas à les détourner
des voies traditionnelles dans lesquelles no-
tre classe travailleuse marche depuis des
siècles avec une sécurité que trompent seu-
lement les révolutions humaines, et, souspré-

(i) Bulletin de l'Académie Royale de Belgique, n" II,
1862. Séance de la classe des Beaux-Arts, du 6 Novembre,
lie l'enseignement du dessin dans quelques écoles de la
ville de Paris, par L. Alvin.

texte d'accroître nos richesses, craignons
d'augmenter nos misères.

S.

CORRESPONDANCES PARTICULIERES.

Hildesheim.

(Suite et fin ; voir page 187. 1862j.

Le trésor de la cathédrale : les œuvres de l'évèque St.
Bernward. — Ses manuscrits enluminés. — Son traité
de géométrie. — Der Dom zu Hildesheim, monographie
de la cathédrale, par le Docteur Kratz. — Les fonts bap-
tismaux du XIIIe siècle. — Figures, statues etc, en stuc, à
Halbersl.adl et à St. Michel de Hildesheim. — Restauration
de l'église de St. Michel. — Plafond du XIIe siècle. —
Restauration parfaite de St. Godehard, sous la direction
de M. l'architecte royal Hase, de Hanovre. — Die Kloster-
Kammer, administration des biens des couvents suppri-
més. — Emploi de ces revenus. — Décorations de M.
WclteràSl. Godehard. — Vitraux peints d'après ses Car-
tons , par MM. Schrader et Bbllger.

Parmi les objets rares que contient le tré-
sor de la cathédrale, il y a plusieurs ouvra-
ges en métaux précieux de la main de St.
Bernward, évêque de Hildesheim de 993 à
1024; entre autres, divers crucifix, un calice
en or, avec patère et deux candélabres qui
portent l'incription très curieuse en émail que
voici : Bermwardus. Presul. Candelabrum.
Hoc. Puerum. Suum. Primo. Hujus. Artis.
Flore. Non. Auro. Non. Argento. Et. Tamen.
Vt. Cerris. Conflare. Jubebat.

Cette inscription nous apprend que le saint
évêque avait fondé dans sa résidence une
école des Beaux-Arts où l'architecture, la
sculpture, l'art de travailler les métaux et
celui d'enluminer les manuscrits étaient en-
seignés. L'analyse a démontré que ces candé-
labres sont composés d'or, d'argent et de fer.
Contre l'usage du moyen-âge, St. Bernward
a marqué tous ses ouvrages de son nom.
Outre ses grandes œuvres en airain, on con-
naissait de lui : sept vases en argent, six
candélabres, trois ou quatre encensoirs, neuf
couronnes ou flambeaux en couronnes, quel-
ques crucifix et six calices. Mais, de tous ces
objets, il ne nous reste que les battants de
porte et la colonne en airain, richement or-
nés de hauts-reliefs, deux candélabres, trois
croix, un calice et deux patères. On n'a
plus les moindres traces des autres objets
mentionnés; les calices ont été vendus en
1630, par Parchi-abbé Davensberg, pour la
somme de 600 florins d'or.

La cathédrale a conservé aussi plusieurs
manuscrits enluminés par St. Bernward : un
évangéliaire de l'an 1011, un missel de l'an
1014 et un évangéliaire de la même date;
un évangéliaire qui porte le monogramme de
 
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