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— il

Je vais me renfermer, Monsieur, dans le
domaine de l'art; c'est là, après tout, le vrai
terrain des luttes pacifiques, et, pour le reste,
comme vous le dites avec juste raison, la
répugnance du pays pour toute mesure qui
porterait atteinte à l'indépendance commu-
nale et son profond attachement pour les li-
bertés conquises, seront nos plus précieu-
ses garanties contre toute surprise ou contre
toute usurpation. L'esprit public ne se laisse
pas égarer longtemps en Belgique.

Que ceux donc qui possèdent l'amour du
beau et du vrai, resserrent leurs rangs et
marchent avec ensemble contre l'ennemi
commun : l'erreur, la routine et le préjugé;
les artistes doivent aimer à se sentir les cou-
des...... et surtout le cœur à gauche.

L'intervention du Gouvernement, bien diri-
gée et exercée avec beaucoup de réserve, peut
être utile et produire d'excellents résultats;
c'est ce que le Conseil de perfectionnement
a parfaitement compris en s'occupant, dans
sa dernière session, d'un plan général d'étu-
des pour les Académies. Ce plan d'études
adopté, après considérablement d'hésitation
et de longues discussions, le Conseil croit
encore devoir le faire précéder de réserves
significatives qu'il est bon de noter ici. Voici
comment il s'exprime :

« // est bien entendu que le plan d'études ne
» sera pas imposé à tous les établissements en
» rapport avec l'Etat ou aidés par lui. Si le
» programme adopté par le Conseil n'était pas
» admis dans son entier par l'une ou l'autre
» des Académies, le Gouvernement ne verrait
» pas dans ce fait un motif suffisant pour
» refuser les subsides d'une manière absolue. »

Certes, Monsieur, on ne peut trop louer
le Conseil de ses idées libérales, et je serai
toujours heureux de lui rendre la justice qui
lui est due comme je suis heureux d'avoir
à le remercier ici des travaux auxquels il
s'est livré, dans l'intérêt de l'art, travaux
qui forment le complément du plan d'études
qu'il a formulé et qu'il tient à généraliser.
Je veux parler du choix qu'il a fait des mo-
dèles à donner aux élèves, question très im-
portante au point de vue le plus utile comme
le plus élevé.

La chose était difficile ; aussi les hésitations
du Conseil comme ses discussions ne furent-
elles ni moins longues ni moins vives que
lors des débats du plan d'études : il était à
craindre vraiment, que la guerre des anciens
et des modernes, des classiques et des roman-
tiques , de ceux qui veulent l'étude exclusive
de Vantique et de ceux qui la proscrivent
radicalement, ne se rallumât et ne vint jeter
la discorde au milieu de l'assemblée. Puisse
le sourcil terrible du maître des dieux nous
être favorable et refouler, dans sa ténébreuse

et profonde caverne, la Déesse au teint blême
et aux ongles crochus !

Enfin il fut décidé que « L'emploi des types
» empruntés à l'antique devait se borner aux
» principes du dessin et qu'à partir de l'étude
» de la tête, il convenait d'admettre les an-
» viens et les modernes. »

Je dois vous avouer, Monsieur, que je ne
comprends pas très bien la distinction qu'é-
tablit ici le Conseil, entre les principes du
dessin qui exigent exclusivement des types
empruntés à l'antique et l'étude de la tête
pour laquelle il admet, outre l'antique, les
anciens et les modernes. Quoi qu'il en soit,
il est évident pour tous que le plan d'études
adopté et le choix fait des modèles que l'on
doit employer, constituent une méthode
complète.

Pourquoi donc, après ce laborieux et utile
travail, publier encore un programme et
instituer un concours pour l'invention d'une
méthode nouvelle.... à main levée sans règle
ni compas. Est-ce que cette méthode si ar-
demment désirée et qui doit « Bépondre aux
» besoins de l'enseignement dans les académies

» et autres écoles de dessin____ servir d'intro-

» duction à l'étude de l'architecture, du des-
» sin académique et du dessin industriel ; qui
» devra avoir pour objet d'enseigner à l'élève
y à bien voir les corps dans l'espace et être
» complétée par une théorie sommaire des om-
it bres au point de vue pratique » (?) est-ce,
dis-je, que cette méthode ne serait, après
tout, qu'un cours préliminaire servant aussi
d'introduction au cours de principes du des-
sin pour lequel les types empruntés à l'an-
tique sont seuls adoptés ? Je comprends, dans
ce cas que la règle et le compas doivent être
proscrits, ces objets étant peu nécessaires
pour dessiner le masque de Jupiter ou le
profil d'Antinous.

J'ai dit que l'intervention du Gouverne-
ment dans l'enseignement artistique pouvait,
bien dirigée et exercée avec beaucoup de
réserve, produire d'heureux résultats, et je
persiste dans cette opinion; mais combien
aussi ne serait pas déplorable cette interven-
tion si, se laissant éblouir par un étalage
pompeux, et prenant pour de la force l'ar-
deur de briller, nos ministres allaient se
fourvoyer dans leur action et se compromettre
par un impuissant protectorat?

J'ai bien peur que ce qui se passe en ce
moment à propos de la réorganisation du
cours de dessin de l'école des mines du
Hainaut, ne vienne, trop tôt hélas! réaliser
mes prévisions. Le Gouvernement dont on
exagère, je crois, la pensée et la Province
qui ignore de quoi il s'agit, s'unissent pour
appuyer un projet irréalisable. La ville seule,
semble, jusqu'à présent, se délier des grands

mots et des belles promesses ; elle tient,
dirait-on, à n'accorder son concours qu'a-
vec connaissance de cause.

Je regrette, Monsieur, qu'il ne me soit pas
encore permis de vous narrer les détails cu-
rieux que je possède sur cette affaire : des
raisons de haute convenance administrative
me ferment la bouche.... ce dont j'étouffe un
peu. Tout ce que je puis faire, c'est de vous
donner une idée générale de l'état de la ques-
tion :

Après la reproduction dans les journaux
de la localité , en entier ou en substance, des
lettres publiées par le Journal des Beaux-
Arts, sur l'enseignement du dessin indus-
triel etc., etc.; après surtout un excellent
article de la Gazette de Mons sur cette ma-
tière, un professeur de l'école provinciale
des mines parlant au nom de ses collègues
— prononcez confrères — demandait à ce
journal d'insérer la timide et modeste décla-
ration que voici :

C'est la Gazette qui parle : « Un professeur
» de cette école — l'école des mines — nous
» informe que le subside de 5000 f'rs. n'est pas
» destiné, dans la pensée de ses collègues, à
» organiser un cours d'art appliqué à l'indus-
» trie. Les 5000 frs. seront destinés à la rétri-
» bution de deux répétiteurs de sciences ma-
» thématiques et physiques et à celle d'un pro-
» fesseur de dessin exact. On recommanderait
» aussi, paraît-il, à ce professeur, d'enseigner
» aux élèves à mettre plus de goût qu'on ne
» le fait d'ordinaire dans ces sortes de dessins.»

Aujourd'hui, les choses ont changé de
nouveau. Comme on n'accorde pas ordi-
nairement de subside à l'inconnu, la com-
mune a demandé qu'on lui remît un pro-
gramme exact du cours à instituer. C'était
bien le moins qu'elle sût à quoi devait servir
la subvention qu'on lui demandait. Or, le
programme qui lui a été adressé est celui
d'un « Cours d'art industriel » dans la plus
large étendue du mot; tellement vaste, telle-
ment élevé que je crois que ni Paris, ni Lon-
dres, ni Berlin, ne possèdent d'établisse-
ments assez complets pour que toutes les
matières qu'il embrasse puissent y être réu-
nies et enseignées.

Son cours d'esthétique comprend : des
notions générales « sur le beau, le goût....
» et leurs rapports et dépendances dans la pro-
» duction. » — Je ne comprends pas très
bien.

Ses applications théoriques renferment tou-
tes les sciences, tous les arts, toutes les in-
dustries: l'architecture, dans ses plus hautes
conceptions et ses annexes; la peinture et
tout ce qui s'en suit.

L'industrie, son histoire à toutes les épo-
ques , chez tous les peuples, à tous les points
 
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