Universitätsbibliothek HeidelbergUniversitätsbibliothek Heidelberg
Überblick
loading ...
Faksimile
0.5
1 cm
facsimile
Vollansicht
OCR-Volltext
— 34 —

Le même orateur voudrait que le ministre
fît imprimer Iecatalogue complet des tableaux
achetés à des artistes belges. Il émet l'opi-
nion que le gouvernement doit admettre les
encouragements sur un pied d'égalité pour
tous les genres.

M. De Haerne prononce un discours sa-
vant, éclairé par des opinions personnelles
qui démontrent que l'orateur s'est occupé des
questions d'art avec un goût pur et très
relevé.

M. Janssens relève judicieusement le pas-
sage du rapport de la section centrale qui
soutenait qu'aucune tentative importante en
fait de peinture murale n'avait été faite en
Belgique sans l'intervention officielle. Il cite
à l'appui les peintures de l'église de N.-D.
à St. Nicolas, les plus belles et les plus com-
plètes qui aient été faites jusqu'à présent. Le
discours de l'orateur touche à la partie admi-
nistrative de la question et à son côté artis-
tique. II résume de la manière la plus heu-
reuse et surtout avec un large bon sens, tou-
tes les opinions émises en faveur de la pein-
ture monumentale pendant la discussion,
opinions auxquelles se joint l'autorité de
celle deM. Janssens, qui, depuis nombre d'an-
nées, s'est occupé théoriquement et pratique-
ment de la question.

M. De Boe prononce un discours spirituel
et incisif, mais d'une justesse problématique ;
M. Jacquemyns énonce quelques idées sages
et bonnes non-seulement a être écoutées, mais
aussi à être suivies. Enfin, M. B. Dumortier
attaque avec une force excessive la peinture
murale. L'exagération de sa.pensée, émise
sous cette forme personnelle, vive et colorée,
familière à l'auteur, a nui à l'opinion qu'il
défendait. On a, du reste, remarqué que MM.
Hymans et Dumortier, les accusateurs de là
peinture murale, ont tous les deux aidé au
triomphe de leur adversaire par la véhémen-
ce de leurs plaidoyers.

M. Rogier a clos la discussion en donnant
des explications très claires et très satisfai-
santes sur la manière dont les fonds du bud-
get des Beaux-Arts ont été employés.

Le débat nous paraît avoir épuisé la ques-
tion; aussi n'y reviendrons-nous plus. Seule-
ment, nous tenons à constater ici que si la
chambre s'est montrée généreuse vis-à-vis de
la peinture monumentale, elle n'a pas cru de-
voir laisser dans l'ombre les autres genres
de peinture, lesquels ont été placés sur la
même ligne. Pas une voix n'a cherché à éta-
blir , en dehors de la lutte des systèmes bien
entendu, la suprématie d'un genre sur un
autre. Cette circonstance seule donne la me-
sure de l'indépendance et du sens pratique
qui distinguent nos législateurs.

Nous applaudissons énergiquement à ce

résultat; car, si nous sommes heureux de
voir ouvrir une route et un horizon de plus
à nos jeunes artistes, si nous sommes heureux
de voir triompher l'art idéal et populaire à la
fois qui mettra sous les yeux des masses des
gloires et des souvenirs destinés à élever
leur intelligence, nous eussions été profondé-
ment affligés de constater ce triomphe s'il eut
été obtenu au détriment des autres genres de
peinture dans lesquels les peintres belges
du passé et du présent ont porté l'art à une
si grande hauteur et ont apporté tant d'éclat
à la patrie.

CORRESPONDANCES PARTICULIERES.

Paris.

Quand l'exposition de Paris chôme et oblige
ceux qui s'intéressent au mouvement de l'art
à aller s'informer en province de ses travaux
et de ses progrès aux expositions de Lyon,
Bordeaux, Marseille, etc., il est encore à
Paris un lieu de réunion pour les amateurs
que des goûts sédentaires ou une trop modique
fortune retiennent chez eux.

J'ai nommé l'hôtel des ventes mobilières
par le ministère des commissaires-priseurs.
N'allez pas vous étonner, car il n'est pas de
musée aussi riche, aussi varié que ces milliers
de collections qui abondent chaque année au
même endroit pour se morceler à l'infini. Les
spectacles les plus sérieux et les plus ridicules
se présentent tour à tour. Ici l'on disperse obs-
curément l'atelier d'un artiste inconnu qui sacri-
fiacependant sa vie àl'incessantepoursuitedu
beau; tandis que là le scandaleux étalage des
diamants d'une actrice fameuse attire un
monde d'élégants et de lionnes. Un jour,
l'enthousiasme du public s'enflamme subite-
ment pour des toiles dignes de figurer dans
les plus précieuses collections, et le lende-
main il méconnaîtra un chef-d'œuvre des
plus authentiques et lui accordera à peine en
passant la pitié d'un regard. Je vous épargne
le détail des folies, des ridicules et des mi-
sères dont cet hôtel est le théâtre et je vais
vous livrer immédiatement quelques notes
que j'y ai recueillies cet hiver.

Vous indiquiez dernièrement, à propos de
la vente Demidoff, la bizarrerie curieuse de cet
amateur sentimental qui, voulant à tout prix
posséder un mauvais Greuze, mettait des
surenchères de 10,000 fr.; mais ce que vous
ne faifes pas remarquer, c'est qu'une bonne
marine d'Albert Cuyp, achetée 11,500 fr. par
le vendeur n'atteignit pas 1500 fr. Sans doute
l'administration de nos Musées sommeillait
ce jour-là, comme celalui arrive plus souvent
qu'au bon Homère, car elle a laissé l'Es^

pagne enlever ce trésor que celle-ci ne rendra
plus et qui ira embellir un de ses musées, à
la grande confusion de nos collections du
Louvre; il est vrai qu'on donne 17,800 fr. des
mannequins de Pater, imitateur de Lancret,
imitateur lui-même de Watteau,

Mais les souvenirs que j'exhume à la glori-
fication des amateurs sont déjà anciens. En
faut-il de plus rapprochés? Le colonel de la
Combe avait été l'ami, presque le camarade
de Charlet, d'Horace Vernet, de Ralfet, de
toute cette pléiade, en un mot, qui demanda
aux scènes de l'Empire ses inspirations et
ses succès. Il était résulté de cette intimité
une collection, fort sérieuse d'ailleurs, de
tableaux et aquarelles de Charlet et de ses
élèves L. Canon et Lalaisse, et une série
presque complète des eaux-fortes et litho-
graphies de Géricault, Bonington, Delacroix,
Vernet, Charlet, etc. Les plus beaux morceaux
de la vente étaient certainement quelques
aquarelles et des lithographies, surtout celles
de Bonington. Les enchères ont atteint des
prix incroyables. Charlet peignait mal à
l'huile ; on sent la main lourde du lithographe
des scènes de l'Empire dans les toiles qu'il
fit vers la fin de sa vie. Il en est cependant
qui ont dépassé 1000 fr. Parmi les litho-
graphies, la rareté plutôt que la qualité des
épreuves, excitait l'émulation des amateurs ,
et des pièces que le catalogue disait uniques
malgré la protestation des assistants, montaient
prodigieusement,tandis que celles qui n'étaient
recommandées que par leur mérite passaient
quelquefois inaperçues. Cependant il faut
rendre justice à chacun : nous avons été heu-
reux de voir les eaux-t'ortes et lithographies
de Delacroix, Bonington et Géricault aussi
chaudement disputées. Il est telle planche de
Géricault, « Deux chevaux se battant dans
une écurie » qui a atteint 250 fr. Et ce n'était
pas trop payé, indépendamment de la rareté
de l'exemplaire.

Cependant le bon sens public ne tarda pas
à se venger spirituellement de l'excès où il
avait été entraîné. Un amateur de la province,
M. Pallu, (de Poitiers) excité par l'heureux
résultat de la vente Demidoff, avait envoyé
17 tableaux pour être vendus sous leur vernis
vierge.

Quelle bonne fortune, du vernis vierge, sans
retouches, sans restaurations! Il y avait là
deux têtes qui ont pu naître dans l'atelier de
Greuze, un jour que l'artiste n'était pas très
bien inspiré ; le reste offrait une témérité
d'attributions incroyable. Aussi M. Pallu a-t-il
dû remporter à Poitiers, où elle sera peut-être
un peu moins admirée après cette déconvenue,
sa collection de tableaux allégée de deux
Lépicié et estimée à Paris un peu au dessous
du prix qu'en demandait l'amateur.
 
Annotationen