Universitätsbibliothek HeidelbergUniversitätsbibliothek Heidelberg
Überblick
loading ...
Faksimile
0.5
1 cm
facsimile
Vollansicht
OCR-Volltext
— 50 —

palais ducal est insuffisant pour servir de local
à une exposition artistique, elle est de l'avis
de tout le monde, mais qu'elle pense qu'on
pourrait bâtir pour 500,000 fr., un palais des
Beaux-Arts en fer et en verre, absolument
comme une serre, voilà qui nous paraît au
moins hasardé. Nous trouvons aussi très
faible de logique la conclusion qui a pour
objet d'établir, pour cette année encore, l'ex-
position dans le palais ducal que la même
section centrale vient de déclarer insuffisant.
Par bonheur, elle termine par une phrase
magique concernant les acquisitions à faire
au moyen d'une somme de 50,000 fr. sur
laquelle, toutefois, il y aura à prélever les
frais de l'exposition.

En définitive, tout cela n'est pas gai et il
n'y a pas une exposition bien brillante à pré-
voir avec ce local de malheur qui fait l'effroi
des artistes.

Heureusement que l'exposition de Londres
nous permet de respirer pendant quelque
temps.

Un journal de Bruxelles a beaucoup parlé
dernièrement de la position précaire qu'oc-
cupe à Paris un de nos grands prix de Rome
en musique, P. Benoit. Il y avait dans l'ar-
ticle auquel nous faisons allusion, des choses
poignantes, mais qui nous ont semblé man-
quer de dignité. On a aussi annoncé que M.
Limnander, l'auteur des Monténégrins, deve-
nait employé dans une administration de che-
min de fer. A ce double propos, force lamen-
tations contre lesquelles nous sommes loin
de vouloir récriminer, mais il nous semble
qu'il y a une certaine morale à tirer de ces
faits, à savoir qu'il serait temps de songer à
faire un peu nous-mêmes le sort de nos com-
positeurs ou du moins de les y aider autre-
ment qu'avec des subsides. Lorsque nous
avons façonné dans nos conservatoires un
artiste de valeur, losqu'il a remporté la
palme brillante que le Gouvernement attache
au sommet de la route ardue qu'il doit par-
courir, il arrive que le compositeur couronné
ne trouve en Belgique ni orchestre pour
jouer son œuvre, ni théâtre pour interprêter
sa création. Pourquoi n'établit-on pas un
orchestre permanent dont les principaux élé-
ments seraient pris dans le conservatoire?
Pourquoi ne crée-t-on pas un théâtre d'opéra
national? Faut-il absolument s'entêter à vou-
loir reconnaître comme vraie cette opinion
qui veut que le compositeur doit avoir le
baptême de Paris pour réussir chez nous?
Il y a eu du vrai dans cette opinion à une autre
époque, mais les choses ont bien changé de-
puis que la scène française s'est souillée de
tant d'inepties que nous avons sifflées chez
nous. Le baptême de Paris n'est plus une

nécessité que pour les œuvres trop peu con-
sistantes pour se soutenir sans le concours
d'un succès préparé par la complaisance ou
par la corruption. Les compositions sérieuses
seront partout baptisées et leur point de dé-
part, si humble qu'il soit, ne les empêchera
pas de faire le tour du monde. Bonn et Salz-
bourg étaient sans doute des localités bien
humbles; n'est-ce pas de leur sein que sont
sortis les plus illustres compositeurs du monde
et croit-on que le baptême de Paris ait été in-
dispensable à leur immortalité?

Il y a quinze jours à peine, l'orchestre du
conservatoire exécutait admirablement une
symphonie de M. Fétis. Nous croyons ferme-
ment que le fait de n'avoir pas été jouée à Pa-
ris, ne nuira en rien à la valeur de l'œuvre ni
à sa réputation. Il y a quinze jours aussi, on
jouait à Louvain un charmant opéra natio-
nal, paroles de Van Even, musique de i.
Dupont. Eh bien! quel est le motif qui s'op-
pose à ce que cet opéra, parti d'un cercle
obscur d'amateurs, n'arrive sur une scène
brillante?

Facilitons aux compositeurs belges l'éclo-
sion de leurs œuvres; mettons à leur dispo-
sition un orchestre permanent; ouvrons-leur
un opéra national, nous aurons ainsi le bon
sens de placer les génies que nous formons
dans la bonne voie et non pas devant.

Décidément l'école royale de gravure à
Bruxelles est morte. C'est l'administration
communale de Bruxelles qui l'a tuée; cette
même administration qui inscrivait sur le
fronton de son académie : Art et liberté. C'est-
à-dire que maintenant, grâce aux établisse-
ments spéciaux que nous avons, on a la liberté
de devenir médecin vétérinaire, jardinier,
dessinateur industriel, architecte, musicien,
ingénieur, militaire, prêtre, etc., mais on
n'est pas libre de devenir graveur au burin,
en médailles ou sur métaux. Que l'on ait sup-
primé la pompeuse école, soit, (on doit avouer
qu'elle a coûté gros) mais ne pouvait-on la
remplacera l'académie même, par une classe?
c'était pourtant une chose bien simple à faire,
si simple que nous ne serions nullement éton-
né qu'on vînt nous dire que cette classe
existe. Dans ce cas, mille fois tant mieux, car
au moins l'inscription : Art et liberté ne se-
rait plus une chimère.

La classe de gravure à l'académie d'Anvers
pourrait suffire, nous a-t-on dit, pour les
besoins du pays. Soit, mais il est dangereux
de supposer ces choses possibles car, de fil
en aiguille et sans froisser les règles rudi-
mentaires de la saine logique, on pourrait
bien en venir à se demander si deux grandes
académies sont rigoureusement indispensables
pour leur population collective?

Mais nous marchons sur un terrain brû-
lant, abandonnons-le et n'y revenons que

si les besoins de la cause de l'art l'exigeaient.

*

Il devient de plus en plus urgent de s'occu-
per de l'inventaire des objets d'art que pos-
sède notre pays. La lenteur qu'on apporte à
l'exécution de cette excellente mesure occa-
sionne de jour en jour des pertes irrépara-
bles. Voici quelques exemples qui permet-
tront déjuger de la grandeur du danger.

Il y a six mois, nous vîmes dans une église
que nous ne nommerons pas, un charmant
lustre d'autel en cuivre travaillé, du XVIe
siècle. Aujourd'hui le lustre a disparu et fait
place à une boule de pétrole. Dans une autre
église, on a échangé trois jolies clochettes de
1492 contre une sonnette neuve en cuivre uni.
Ailleurs, on est surpris de ne plus trouver
à sa place ni même dans l'église, un objet
qu'on y avait parfaitement vu ; enfin un Christ
de jubé, en style byzantin, a été jeté, mu-
tilé, anéanti, sous prétexte de laideur!

Hélas ! il faut bien se l'avouer, il n'y a plus
péril en la demeure, le mal est fait et l'inven-
taire viendra trop tard. C'est triste à dire,
mais c'est ainsi. Toutefois, sauvons la dignité
du principe, inventorions, mais dépêchons-
nous, car nous pourrions bientôt n'avoir plus
rien à faire.

On n'a peut-être pas encore oublié nos ar-
ticles sur les restes du comte d'Egmont, la
lettre de M. le Bourgmestre de Solteghem
et le rapport de M. Piot. Comme couronne-
ment à cette lugubre série de lignes écrites
sur des ossements, voici ce que nous lisons
dans la deuxième livraison du Beffroi de
M. Weale, page 125, «.... nous savons de
» bonne source que le corps est celui d'un
» curé qui a été substitué à celui du comte,
» il y a déjà bien des années. »

Les paroles de M. Weale sont graves, en ce
qu'elles affirment un fait que nous n'avions
fait que soupçonner. Elles méritent, nous
semble-t-il, d'être relevées comme nous les
relevons ici, et nous pensons que de telles af-
firmations ne sauraient être accompagnées de
trop de pièces justificatives. Cela nous amè-
nerait peut-être à savoir où est allé le vrai
cadavre de celui dont le nom et la mémoire
sont si populaires chez nous.

CORRESPONDANCES PARTICULIERES.

Bruxelles.

L'Exposition des Beaux-Arts de 1865 et la section cen-
trale de ta Chambre des représentants. — Les artistes;
leurs réclamations, leur décision. —Résultats de l'expo-
sition des tableaux belges qui ont figuré à Londres. — Les
 
Annotationen