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— 55 —

COLLECTION GILKINET

Vente du 18 Avril, à Paris, Hôtel des commissaires-
priseurs, Rue Drouot.

Vingt tableaux modernes et vingt quatre
anciens forment le contingent modeste, mais
précieux, de cette collection que la Belgique
va perdre. Nous avons beau nous apitoyer sur
eette lente et continuelle émigration des œu-
vres les plus estimées de nos collections : ha-
bent sua fatal et toutes nos doléances n'y font
rien. Nous devons assister à ces désastres et
la seule consolation qui nous reste est d'a-
dresser un adieu à toutes ces perles qui vont
briller désormais dans des écrins étrangers.

Un dernier devoir toutefois nous incombe
aussi, et, jusqu'à présent, nous n'y avons pas
failli. C'est de conserver soigneusement dans
le Journal des Beaux-Arts le souvenir de ces
belles choses qui nous quittent. Les amateurs
sauront ainsi reconstiteur plus tard l'histoire
de nos collections et suivre dans leurs péré-
grinations ceux des tableaux auxquels ils ont
accordé leur préférence.

L'avant-propos du catalogue rédigé par
l'habile expert M. Etienne Le Roy, nous ap-
prend que M. Gilkiuet dont la famille a été
frappée de deuils successifs, a été mis dans
la position, pour sortir d'indivis, de vendre
le beau choix de tableaux qu'il avait formé
à l'aide de longues recherches, de soins
intelligents, de sacrifices éclairés.

Beau choix en effet, puisque nous y trou-
vons cette œuvre célèbre : Les saintes femmes
au tombeau de,Jésus-Christ, du doux et mélan-
colique maître, Ary Scheffer; un des bijoux
de Bellangé : Les autorités en goguette, scène
délicieusement comprise, finement rendue et
d'un comique si puissant; une réduction de
cette belle Sla Cécile qui est une des causes de la
grande popularité de Paul'Delaroche; une
reproduction d'une des œuvres les plus émou-
vantes de notre Gallait, sa Jeanne la folle, si
dramatique, si touchante, si poétiquement
égarée; un portrait de Greuze, ce maître
rapide et gracieux, et un portrait histori-
que encore, car le visage de Georges Wiiie
appartient à l'histoire des arts. Sans doute
on pourra trouver, sur ce portrait, des dé-
tails utiles dans les Mémoires de Wille publiés
par M. Duplessis.

Beau choix en effet, puisqu'on y trouve
une peinture brillante et presque philosophi-
que du peintre quasi grec, Jalabert : Les
nymphes écoutant Orphée ; des Pifferari de
Henri Leys, le maître original et recherché;
un Ménétrier de ce dernier des Flamands et,
des meilleurs, Madou; la Jeune arquebusière
du même, petits joyaux d'une eau si pure
et si limpide; deux sujets empruntés à la

vie de Luther par ce vigoureux coloriste qui
constitue une des gloires les plus solides de
l'école française, Robert Fleury; des Fleurs
et des fruits du célèbre Lyonnais Saint-Jean;
un Dormeur de Ch. Brias ; une Mort d'Aristippe
de Louis David, une Vénus de Diaz, un pay-
sage deKoekkoek; un Départ de Luyckx; la
Visite du médecin de Henri Scheffer; une
Laitière de Van Stry et une Marchande de
crêpes de Wonder.

Après ces œuvres modernes, vient un choix
également heureux de tableaux anciens qui
ont appartenu à M. le comte de Cornelissen ;
une page brûlante de Boucher, Amour et
jeunesse; une petite scène vigoureusement
empâtée de Brekelenkamp, Les apprêts du
repas; un riant paysage de Jean Breughel; un
très rare etprécieux Pieter de Hooghe, repré-
sentant une Scène d'intérieur avec quatre per-
sonnages ; deux charmants Paysages de Huys-
mans, de Malines; une petite composition
d'un rare mérite, de Karel Du Jardin; une
Scène mythologique traitée par Guillaume Van
Mieris avec cette minutie irréprochable qui le
caractérise; un Pieter Neefs; un Van Ostade
(Adrien) provenant de la collection de M.
Emmerson et décrit au catalogue raisonné de
Smith; un Pynacker sortant de la collection
Schamp d'Aveschoot, puis un Rembrandt,
un magnifique Rembrandt représentant un
Crand veneur, chef-d'œuvre de lumière, chef-
d'œuvre de crânerie, chef-d'œuvre en tout.

Après ce Rembrandt, nous remarquons un
portrait par Rubens, œuvre connue et décrite
au catalogue de Smith, un Intérieur de C.
Dusart, un Portrait de Van Slingelandt, un
Intérieur de David Teniers décrit par Smith;
une Bataille de Van der Meulen ; un St. Mar-
tin de Phil. Wouwerman, et deux Paysages
de Wynants.

Cette petite collection authentique, rare
et composée de perles, vous donne le vertige.
Nous verrons ce qu'elle va devenir le 18 de
ce mois. Notre numéro du 30 vous dira sans
doute les noms des heureux propriétaires de
ces richesses artistiques.

NOUVELLES D'ATELIER.

CHRONIQUE.

M. A. Validenpeereboom, ministre de l'intérieur,
vient d'adresser la circulaire suivante à MM. les gouver-
neur de province :

Bruxelles, le 17 mars.
Monsieur le gouverneur,
Depuis que la Belgique est constituée en Etat indépen-
dant, un de ses plus légitimes soucis a toujours été de
rattacher, dans une pensée d'avenir, les intérêts du
présent aux traditions de son histoire.
Evoquant, dès le lendemain du jour de son émancipa-

tion politique, autour de l'édifice de ses libres institu-
tions , tous les souvenirs qui portent avec eux un
témoignage glorieux de son ancienne nationalité, elle a
depuis marché constamment dans la voie du progrès,
en se montrant fière d'un passé qui l'honore.

11 appartenait spécialement aux beaux-arts , qui jadis
ont brillé d'un si vif éclat sur nos provinces, de contri-
buer , pour la plus large part, à celte œuvre de glorifi-
cation nationale.

Aussi, depuis plus d'un quart de siècle, a-.t-pn vu le
gouvernement, les administrations des villes et des pro-
vinces et les citoyens individuellement, associés dans
un sentiment de reconnaissance et de fierté, décorer nos
places publiques de l'image des guerriers, des savants,
des artistes que l'histoire du pays signalait aux homma-
ges de la postérité.

Si l'esprit patriotique qui nous caractérise se voit
ainsi perpétué dans le bronze et le marbre, le senti-
ment national devait toutefois trouver, dans le pinceau
de nos peintres, son interprète le plus intime et le
plus habituel.

Depuis 1830, la peinture a suivi, en Belgique, dans
une progression constante, le développement de toutes
nos forces vives, et le nombre de nos artistes de talent
s'est accru.

Il est permis de le constater, ee résultat est dû, en
grande partie, aux efforts du gouvernement, aux sacri-
fices qu'il s'est imposés, à sa sollicitude toujours active
et toujours soucieuse de la grandeur morale du pays.

Dans ces derniers temps, l'autorité supérieure a ren-
contré néanmoins, dans les administrations des grandes
villes, un concours plus efficace que par le passé, pour
les encouragements à donner aux beaux-arts. Grâce à
ce renfort, de vastes travaux ont pu être commandés et
plusieurs de nos monuments civils pourront recevoir un
embellissement digne de leur destination. Bientôt, en
effet, les murs de nos principaux hôtels de ville rappel-
leront les hauts faits de nos pères aux plus beaux temps
de leur histoire.

Il importe, M. le gouverneur, d'étendre et de géné-
raliser celte intervention des communes, en matière
de beaux-arts; il importe de répandre jusque dans le
modeste village, par l'enseignement vraiment populaire
des représentations plastiques ou picturales, la connais-
sance des faits les plus intéressants des annales du pays
et de ses grands hommes.

Plus d'un bienfait est attaché à cette diffusion des
connaissances historiques, par le moyen de l'art. Dans
maintes circonstances, elle décide des vocations et elle
peut surtout contribuer puissamment à la propagation
des études locales du passé. Ces éludes locales, loin
comme on l'a dit à tort, de circonscrire le patriotisme
dans les limites étroites que domine le clocher natal,
fortifiant le sentiment national par des liens qui s'éten-
dent de la commune à la ville, de la ville à la province,
et qui finissent par embrasser le pays entier dans une
indissoluble union.

Eu égard à ces considérations, dont vous apprécierez
la portée, le gouvernement a pris la résolution de venir
en aide, par de notables allocations de subsides, aux
administrations des communes qui voudront s'imposer
un léger sacrifice pour l'exécution d'œuvres d'art
offrant un intérêt local historique ou légendaire et des-
tinées à la décoration des maisons communnales.

Le concours de l'Etat est donc acquis en principe, M.
le gouverneur, à celles de ces administrations qui, s'in-
pirantà un même ordre d'idées, jugeront utile, soit de
consacrer par un tableau le souvenir d'un fait historique
ou d'une action d'éclat restée dans l'oubli, soit d'hono-
rer par une périrait, un buste ou une statue, la mémoire
d'un personnage illustre, d'un bienfaiteur public ou
d'un grand citoyen.

Je vous.prie, M. le gouverneur, de donner à la pré-
 
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