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— 169 —

défendants, ainsi que sur le résultat final de
cette procédure de sept ans, dans une con-
testation aussi simple, en apparence du
moins.

» Mécontent de l'appréciation échevinale,
peu satisfait de la rémunération allouée par
les arbitres, quoique cette rémunération fût
très-libérale dans la situation financière où
se trouvait la cité gantoise, Raphaël Van Coxie
exigea l'accomplissement de promesses faites
en dehors de la convention passée avec le
magistrat. Il déclara qu'il lui avait été pro-
mis, pour sa femme, par messires Gérard de
Blasere et Antoine Schoorman, une gratuité
de cent florins dor que la ville de Gand avait
à lui remettre en sus du taux de l'exper-
tise,en sus même des faveurs accordées
pendant l'exécution de son œuvre. Il allé-
guait, de plus, que celle-ci aurait été estimée
à un prix plus élevé, si le magistrat n'avait
donné pour instructions aux experts de com-
prendre dans leur évaluation les avantages
et les faveurs dont avait joui le peintre. Ces
instructions, disait-il, avaient été ponctuel-
lement suivies et les susdites faveurs mises
en ligne de compte Le véritable prix du ta-
bleau avait été ainsi amoindri et diminué de
l'évaluation approximative de ces avantages.
Conséquemment Me Raphaël Van Coxie exi-
geait que les échevins de Gand lui compen-
sassent, au taux qu'ils les avaient évalués le
jour de l'expertise : 1° le baril de vin de Rhin;
2° les frais de séjour à Gand, depuis son ar-
rivée jusqu'à la date du paiement de la som-
me arbitrée; 3° les cent florins carolus des-
tinés à son épouse. Les échevins s'y étant
refusés, il concluait à ce qu'ils y fussent
condamnés....

» Les défendeurs reconnurent pourtant
que le chef échevin Gérard de Blasere et le
conseiller pensionnaire Antoine Schoorman
s'étaient rendus de Bruxelles à Anvers, peu
après le renouvellement de la magistrature
scabinale de Gand (en Mai 1589) et qu'ils y
avaient eu une entrevue avec les maîtres pein-
tres Martin de Vos et Ambroise Franck, à
qui ils s'étaient plaints de l'exigence dérai-
sonnable de M0 Raphaël Van Coxie, tellement
intraitable, malgré les faveurs à lui prodi-
guées, qu'il refusait de se contenter d'une
offre de mille florins d'or.

» Messires de Blasere et Schoorman leur I
dirent qu'ils espéraient, s'il acceptait la pro-
position ou, eacas de refus réitéré, si le ta-
bleau était équitdbhment estimé, que le ma-
gistrat gantois pourrait bien gratifier sa fem-
me de 50, 60, 70, voire même de cent florins
carolus. Ce propos, disait la défense, fut tenu
en manière de conversation, en l'absence de
l'artiste, sans prendre aucun engagement ad
hoc... \

» Si les peintres experts avaient, jusqu'à
un certain point, pris attention dans leur ex-
pertise à une telle promesse, il était de leur
devoir de le reconnaître ouvertement, soit par
leur procès-verbal écrit, soit oralement, dans
leur entrevue avec le collège échevinal. Puis-
qu'ils ne l'ont pas fait, leur déclaration tar-
dive ne pouvait profiter au demandeur.

» Le magistrat de Gand entendait conser-
ver son droit de décliner l'expertise dérai-
sonnable, exorbitante de Juillet 1589, d'en
demander soit la rescision, soit la réduction
ad arbilrium boni viri, ou bien d'exiger la
restitution de la quotité litigieuse. 11 voulait
enfin que la Cour sût pourquoi M0 Raphaël
Van Coxie avait élevé ses prétentions. Ce
n'était point parce qu'il se croyait fondé à le
faire, mais parce qu'il se trouvait dénué et
besoigneux d'argent, par suite de sa prodi-
galité, dé son gaspillage, de sa passion du
jeu et de sa vie déréglée.

» Les échevins concluaient, par l'organe
de leur procureur, à ce que le demandeur
fût débouté de sa réclamation, et déclaré
non recevable en ses fins et conclusions.

» Les plaideurs persistèrent donc dans
leurs allégations, réponses, fin et conclu-
sions respectives, réclamant des deux parts
la condamnation de la partie adverse.

» Le conseil de Flandre donna gain de
cause à l'artiste; la cour, après mûre déli-
bération et examen des pièces déposées, prin-
cipalement des susdites attestation et exper-
tise, ouï le conseiller rapporteur, rejeta la
requête civile des échevins de Gand, les con-
damna à suppléer et payer à Me Raphaël Van
Coxie les cent florins d'or promis à titre de
gratuité pour son épouse, à le tenir indemne
de son logement à Gand, à supporter les frais
du procès, et, du chef de la requête civile,
à l'amende de trois florins carolus, au profit
du souverain...

» En 1597-1598, peu de temps après le
prononcé de l'arrêt de la cour provinciale,
les comptes échevinaux de Gand nous initient
aux suites du dénouaient intervenu. Mais si
le dénoûment dut étonner le magistrat gan-
tois, le résultat enregistré ne doit pas moins
nous surprendre, après l'archarnement de la
défense. Le trésor communal se libéra immé-
diatement de l'amende encourue, et solda les
dépens taxés par la cour.

» Le collège scabinal et son chef, messire
Antoine Tricst, le successeur de messire Gé-
rard de Blasere, décédé en 1592, reconnu-
rent par un présent de vin les bons offices du
conseiller Slating en cette cause, et se mon-
trèrent très-bienveillants pour le peintre du
Jugement dernier. Ils désignèrent parmi eux
des délégués, et l'artiste fut invité à une en-
trevue, dans une des salles de la conciergerie

municipale, où les échevins fêtaient d'ordi-
naire leurs hôtes étrangers. Là, au milieu
d'une cordiale collation, où les vins ne furent
pas épargnés, à en juger par la carte à payer,
laquelle s'éleva à 25 fi. d'or, furent finalement
réglées les réclamations de Me Raphaël Van
Coxie. — Avait-il encore à se montrer revé-
cue, quand on le régalait splendidement,
quand les battus, forcés dépasser par toutes
ses exigences, payaient l'amende et s'exécu-
taient de si bonne grâce!... »

La nomination de M. Génard comme ar-
chiviste de la ville d'Anvers, nomination qui
date d'hier, porte déjà des fruits. Les archi-
ves de cette ville qui ont été longtemps muet-
tes, vont parler; une intelligence d'élite, un
cœur patriote, une main patiente va ouvrir le
trésor qui gisait à l'hôtel de ville sans gloire
et sans profit pour la patrie, et répandre au
soleil de la publicité les inappréciables docu-
ments qui le composent. En effet, le conseil
communal d'Anvers vient d'ordonner la pu-
blication d'un recueil dans lequel paraîtront
successivement tous les documents inédits
de quelque valeur pour l'histoire de la ville
et du pays, conservés dans le dépôt des archi-
ves communales. L'histoire des arts en Bel-
gique va évidemment profiter, dans une large
mesure, de cette publicité soudaine et inat-
tendue dont la direction est confiée à M. Gé-
nard.

Nous n'avons aucun droit à nous attribuer
le mérite de cette excellente mesure, aussi
ne le faisons-nous pas. Toutefois, nous de-
vons rappeler que dans notre n° du 31 Juillet
dernier sous le titre de Trésor des archives,
nous avons exactement demandé ce que la
ville d'Anvers va exécuter aujourd'hui. Cette
coïncidence entre l'émission de nos idées et
la publication annoncée, est assez remarqua-
ble. C'est la consécration du principe que
nous avons admis et développé, et il sera per-
mis au Journal des Beaux-Arts de s'en faire
un titre flatteur pour la praticabilité des
idées qu'il a eu occasion d'émettre jusqu'au-
jourd'hui.

NOUVELLES D'ATELIER.

CHRONIQUE.

— Nous sommes informés que la société d'artistes
belges ouvrira désormais deux expositions d'oeuvres
d'art par an, une pendant la saison d'hiver et une autre
dans le cours de l'été, qu'elles resteront ouvertes pen-
dant trois mois chacune et que la première est fixée au
1S Décembre prochain. Pour donnera ces expositions au-
tant d'attrait que possible, il sera fait chaque fois de nom -
 
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