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— 180 —

est publiée, nous allons en entretenir nos
lecteurs.

L'académie royale de Belgique avait mis
au concours, pour 1863, le thème suivant :
Déterminer et analyser, au triple point de vue
de la composition, du dessin et de la couleur,
les caractères constitutifs de l'originalité de
l'école flamande de peinture, en distinguant ce
qui est essentiellement national de ce qui est
individuel.

L'auteur de cette question est M. Alvin.
Deux mémoires ont répondu à l'appel de
l'académie. On sait que tous deux ont été
couronnés. Le n° 1 est de M. Edgard Baes,
à Anvers. Le n°2 estdeM. Wiertz, à Bruxelles.

Cette décision, à en juger par les rapports
publiés, n'a pas été prise sans un examen
sérieux et approfondi. Les rapports nous
permettent d'apprécier la manière de voir
de la classe des Beaux-Arts dans cette affaire.
Ils nous montrent qu'une différence assez
profonde a séparé deux des rapporteurs, (î)
nous voyons môme qu'une protestation éner-
gique a été faite par l'un des membres de l'a-
cadémie, M. De Busscher, en même temps
rapporteur.

Les mémoires couronnés vont être publiés.
Alors seulement nous serons à même de
juger le degré de force qu'il faudra donner
aux éloges et au blâme qui, dans le sein même
de la commission, ont accueilli le travail de
M. Wiertz. Aujourd'hui, et comme introduc-
tion au jugement que nous aurons à porter
sur deux œuvres qui feront honneur aux
Annales de la compagnie, (rapport de M. Por-
taels) nous croyons utile de donner les rap-
ports du jury. En dehors de la question
même, ils ont leur gravité et leur intérêt. Nos
lecteurs voudront donc bien nous pardonner
cette reproduction. Ces documents s'adres-
sent trop aux principes qui font la vitalité de
notre journal pour ne point en faire l'objet
d'une discussion à la hauteur de ces mêmes
principes.

RAPPORT DE M. ALVIN (2).

Les mains qui ont écrit ces deux mémoires
ont incontestablement manié le pinceau.

L'un, ayant pour épigraphe : Rien n'est beau
que le vrai, a à peu près le double d'étendue

(1) MM. Alvin, De Busscher et Portaels étaient les
commissaires nommes par la classe pour le jugement de
ce concours.

(2) L'étendue de ce document nous oblige à ne point
insérer ici les prolégomènes du travail de M. Alvin qui
s'adressent moins aux mémoires couronnés qu'au sujet
du concours en lui-même.

de l'autre, qui porte pour devise : Patrie; ce
dernier ne comprend que septante-cinq pages
très-courtes.

Les auteurs ne pèchent donc point par la
prolixité; ils ne se sont, ni l'un ni l'autre,
permis les hors-d'œuvre, et c'est à mes yeux
un grand mérite.

D'accord sur presque tous les principes,
les deux auteurs diffèrent quant à la manière
d'envisager leur sujet. L'un répond directe-
ment à la question, part de l'origine de l'art
flamand, suit les différentes phases qu'il a
parcourues pour arriver jusqu'à nous, s'at-
tache à découvrir les caractères généraux de
l'école dès ses premiers pas et les retrouve,
tout le long de la route, aussi bien dans la
marche ascensionnelle qui conduit à Rubens
que dans la descente un peu précipitée qui a
ramené la peinture nationale au point où
nous la voyons.

L'autre se place, dès le début, sur un
terrain plus exclusif. « L'école flamande,
» dit-il, page 7, c'est l'école de Rubens;
» c'est cette pléiade d'artistes qui sut mar-
» cher sur ses traces. Avant ces hommes,
» notre peinture a peu d'éclat; elle n'a pas
» un caractère national bien décidé. Après
» ces hommes, l'école flamande tombe dans
» une dégénérescence fatale. »

Dominé par cette idée, l'auteur du mémoire
n° 2 ne pojrte son étude que sur Rubens et
quelques maîtres contemporains de l'illustre
Anversois. Il en résulte que tout un côté de
la question, la perpétuité des caractères dans
l'école, est perdu de vue.

Le mémoire n° 1 est bien plus complet
sous ce rapport. Avant d'émettre mon avis
définitif, je vais analyser successivement
chacun des deux mémoires.

Len°l débute par cette déclaration: « Pour
» nous, l'école flamande proprement dite
» prend naissance à Bruges, à la période
n de transition, entre les miniaturistes du
» du moyen-âge et la rénovation produite
» par Jean Van Eyck et ses successeurs, vé-
» ritables continuateurs des pieux artistes
» de missels et de manuscrits. Page 1. »

Après avoir consacré cinq pages à un ré-
sumé rapide de l'histoire de la peinture fla-
mande, l'auteur aborde la comparaison des
diverses écoles entre elles, afin d'arriver à
la solution d'une question qui domine toute
la matière et qu'il formule en ces termes : Y
a-t-il une individualité remarquable dans notre
école, et peut-on facilement la séparer des au-
tres en tout temps ?

C'est bien là eu effet ce que suppose l'Aca-
démie, c'est un postulatum qu'il importait
de prouver tout d'abord. L'auteur y a, sui-
vant mon avis, parfaitement réussi. Après
avoir caractérisé toutes les écoles étrangères

et avoir montré en quoi elles diffèrent de
l'école flamande, il consacre tout un chapi-
tre à la comparaison de l'école hollandaise
avec la nôtre. Il démontre avec une grande
clarté que ces deux sœurs, si elles se ressem-
blent en quelques points , restent très-diffé-
rentes dans d'autres fort essentiels, de ma-
nière qu'il est impossible à un connaisseur
de les confondre.

Ayant accompli ce travail préliminaire qui
pose les bases de son argumentation, l'auteur
poursuit ainsi : « La peinture flamande exclut
» toute convention : par cela même on croi-
» rait que l'originalité doit être extrême et
» variée dans chaque artiste, et cependant
» il est des règles constantes et sûres aux-
» quelles, malgré eux et sans en avoir été
» avertis, les peintres flamands ne font ja-
» mais défaut; ces règles sont tirées non-
» seulement de la nature, en général, mais
» de l'examen attentif de la nature sous le
» ciel flamand avec les idées flamandes.
» Essayons de les exposer ici, telles que nos
» comparaisons multipliées les ont présen-
» fées à notre jugement. »

Répondant directement à la question posée
par l'Académie, le mémoire recherche les
caractères de l'école d'abord dans la compo-
sition , en second lieu dans le dessin et en
troisième lieu dans la couleur. Suivant lui,
ces caractères sont :

Dans la composition : La naïveté et le pit-
toresque, la largeur de la lumière; la diver-
sité dans le choix des tons; l'ampleur du
style et des formes ; l'emploi fréquent des
raccourcis, l'équilibre des tons; les deux
derniers caractères sont le manque de style
dans les draperies et le manque d'effet con-
centrique, c'est-à-dire lumière aussi égale
au centre qu'aux bords.

Dans le dessin : La concience dans la forme;
la ligne produite par la couleur ou le clair-
obscur; la forme un peu tourmentée; défaut
de noblesse et d'idéalisme.

Dans la couleur : Les tons posés du pre-
mier coup; la simplicité, la fraîcheur et la
pureté des tons, la variété dans les tons
juxtaposés; les demi-teintes fines et bleuâ-
tres; les contrastes de l'ombre avec le clair;
les reflets colorés et bien étudiés ; l'éclat et
le brillant dans les touches lumineuses; la
largeur, même dans le fini, et, comme com-
pensation , le défaut de transparence ; le
manque de modelé; le défaut de relief.

En terminant cette analyse, l'auteur si-
gnale deux faits particuliers à Rubens, faits
qu'il n'ose pas donner comme constituant un
des caractère de l'école flamande, qu'il con-
sidère plutôt comme procédant des qualités
individuelles du peintre. Ce sont :

1° Les contrastes des couleurs et des nuan-
 
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