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— 188 —

question a été doublé, chacun des deux con-
currents pourra obtenir la totalité de la ré-
compense académique ordinaire.

Telles sont les conclusions que je crois
devoir formuler. Obligé de parler le premier,
en qualité d'auteur de la question, je suis
peut-être un peu téméraire de m'exprimer
d'abord aussi nettement. Je dis franchement
ma pensée et mes impressions; je ne me dis-
simule point mon incompétence dans la pra-
tique de.la peinture, aussi ne serais-je point
surpris que mes collègues trouvassent l'occa-
sion défaire quelques critiques fondées, c'est
un soin que je leur laisse, me réservant de
modifier mes conclusions, si l'on me prouve
que je me suis trompé. »

Rapport de M. De Busscher.

« Après avoir examiné avec attention les
deux mémoires envoyés à la classe des beaux-
arts, en réponse à la troisième question de
son programme de concours de 1863, sur
les caractères constitutifs de l'originalité de
l'école flamande, etc., je ne puis me rallier
que partiellement aux conclusions de mon ho-
norable collègue, M. Alvin, premier commis-
saire et auteur de la question.

A mon avis, le mémoire n° 1, devise : Rien
n'est beau que le vrai, a bien répondu à la
question. Ce mémoire, fruit d'une étude ap-
profondie et de judicieuses remarques, est
un exposé méthodique et lucide des caractè-
tères, des qualités et des imperfections de
l'école flamande à ses principales époques; il
est suffisamment développé, rien d'essentiel
n'y est omis. L'auteur est compétent et les
procédés pratiques, aussi bien que la théorie
de l'art et la langue technique, lui sont fami-
liers. Ses comparaisons avec les écoles étran-
gères et ses appréciations de leurs chefs-
d'œuvre témoignent de sa science esthétique.
Le rapprochement de l'école hollandaise et
de l'école flamande est parfaitement établi.
Les chapitres consacrés aux règles et aux
caractères constitutifs de l'art flamand, sous
le triple rapport de la composition, du des-
sin et de la couleur, laissent peu à désirer.

Je propose de décerner à ce mémoire une
médaille d'or et l'impression académique.

Le mémoiren° 2, devise : Patrie, n'effleure
qu'incidemment la question posée. Je ne crois
pas qu'il faille lui accorder une médaille. Il
est vrai, cependant, que ce travail présente
des données pratiques qui ajouteraient un
complément intéressant à la solution du mé-
moire n° 1 : toute la partie intitulée VEcole,

— composition, dessin, couleur (page 7-56),

— est ingénieuse, savante et instructive. Mais
le chapitre de l'École moderne est le résultat
d'une erreur ou d'un malentendu : l'auteur
s'est mépris sur le motif qui a guidé la classe

des beaux-arts, lorsqu'elle a adopté la troi-
sième question de son programme de 1863.
L'appréciation de l'école flamande actuelle est
une diatribe artistique à laquelle l'Académie
ne doit pas s'associer en la publiant sous son
égide, quel que soit le mérite du mémoire
à d'autres points de vue.

« Notre école moderne n'est pas une école,
» dit l'auteur; elle n'a pas de caractère na-
» tional, elle n'a pas même de caractère!... »
Est-ce là une solution dans l'esprit de la ques-
tion ? Est-ce là une assertion, une déclaration
que la classe des beaux-arts de l'Académie
royale de Belgique puisse sanctionner? »

Rapport de M. Portaels.

« J'ai lu avec attention et intérêt les deux
mémoires envoyés à l'Académie en réponse
à la question : Quels sont les caractères consti-
tutifs de l'école flamande? J'ai pris en outre
connaissance des rapports faits sur ces mé-
moires par mes honorables collègues, MM.
Alvin et De Busscher, et je viens à mon tour
y joindre mes observations.

Je n'attacherai pas plus qu'il ne faut d'im-
portance à ce que M. De Busscher regarde
comme un hors-d'œuvre dans le mémoire n° 2,
ayant pour devise : Patrie. L'appréciation de
l'école actuelle qu'on y lit est sévère; mais
c'est une opinion invididuelle, et les peintres
surtout auraient mauvaise grâce à s'en for-
maliser et à en prendre prétexte pour fermer
les yeux sur ce que le reste du travail mon-
tre de qualités remarquables et renferme de
considérations de premier ordre.

A mon avis, il y a un reproche plus sérieux
à adresser à ce mémoire, et le premier com-
missaire l'a indiqué; je crois devoir y reve-
nir. On a tort, selon moi, de ne prendre de
l'histoire de l'école flamande qu'une seule
époque, celle de Rubens. On oublie trop que
notre école, dite gothique, renfermait les
éléments et la plupart des caractères qui ont
été développés ensuite avec plus ou moins de
bonheur.

En reconnaissant que le mouvement, la
couleur, le ton, l'expression dramatique ont
été poussés au plus haut degré de puissance,
devons-nous passer sous silence ce qu'il y
avait dans nos gothiques de sentiment vrai et
de sincères appréciations de la nature. La
peinture de nos manuscrits, de nos missels,
formerait une belle page à étudier au point de
vue de la chaîne qui relie l'art. Déjà Quentin
Metzys, trop oublié à mon avis, peut rivaliser
de profondeur, d'expression et de sentiment
concentré avec les plus belles choses de Léo-
nard de Vinci, et les Van Eyck, les Memelink,
Rogier Vander Weyden et tant d'autres n'ont-
ils pas préparé la voie, et, comme coloristes
sérieux, ne sont-ils pas à comparer à leurs

successeurs, qui souvent ont sacrifié la sim-
plicité au geste, à l'effet et au mouvement?

Je reconnais volontiers que le mémoire
n° 1 est plus complet, qu'il rentre mieux
dans les conditions du programme; mais il
faut admettre que le n° 2 a fait de notre école
une étude telle, qu'on peut dire qu'elle est
absolument nouvelle, et fondée non-seulement
sur une connaissance approfondie des prati-
ques du métier, mais aussi sur l'entière pos-
session du sentiment intime de l'art flamand.
Cela même le rend peut-être un peu trop
exclusif. Ainsi, dans la comparaison de deux
tableaux, l'un flamand, l'autre italien, il ne
me paraît pas faire suffisamment la part des
tempéraments individuels et nationaux. Le
tableau l'Assunta, du Titien, a sa valeur
relative au pays qui l'a inspiré; il en est de
même pour l'Assomption de Rubens. Je ne
sais si l'un des deux gagnerait à se compléter
par les qualités de l'autre.

Les mémoires sont faits à deux points de
vue , le n° 1 entre dans tous les détails du
sujet si difficile à traiter, et, il faut le dire,
il y a là un caractère de critique fort raison-
nable et fort clair. L'auteur ne s'est pas laissé
influencer par bien des considérations qui
courent le monde, et son indépendance d'opi-
nion ajoute encore au mérite de son œuvre
et de ses connaissances variées.

Le n° 2 m'a vivement frappé, par sa cha-
leur, sa conviction, son patriotisme et l'en-
tente pratique de la partie qu'il a traitée, et,
tout en regrettant de l'avoir vu passer rapi-
dement sur notre école primitive, je désire
qu'il lui soit décerné une médaille d'or en
partage avec son concurrent.

J'ajouterai que l'Académie doit s'applaudir
d'avoir à récompenser à la fois deux ouvrages
qui se complètent l'un par l'autre, et dont la
publication fera honneur aux annales de la
Compagnie.

Je me rallie donc aux conclusions du rap-
port du premier commissaire. »

Après la lecture de ces rapports, les con-
clusions et leurs motifs ont été successive-
ment examinés et discutés avec soin. La ma-
jorité a été d'avis qu'il y avait lieu de partager
entre les auteurs des deux mémoires envoyés
au concours le prix de douze cents francs qui
avait été porté au programnie. A la suite de
cette résolution, on a fait l'ouverture des
deux billets cachetés : l'un portant pour
devise : Rien n'est beau que le vrai..., conte-
nait le nom de M. Edgard Baes, peintre, à
Anvers; l'autre, ayant pour devise le mot
Patrie, renfermait le nom de M. A. Wiertz,
peintre d'histoire, à Bruxelles.

(Nous donnerons, dans notre prochain nu-
méro, nos réflexions sur les trois rapports
qu'on vient de lire.)
 
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