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Jomard, Edme François [Hrsg.]
Description de l'Égypte: ou recueil des observations et des recherches qui ont été faites en Égypte pendant l'expédition de l'armée française, publié par les ordres de Sa Majesté l'Empereur Napoléon le Grand (Band 2,1,2: Texte 2): Antiquités — Paris, 1818

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https://doi.org/10.11588/diglit.4811#0106

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^4 NOTICE SUR LES ANTIQUITÉS

et du devant des cuisses. Il a une draperie jetée sur les épaules, et cette draperie
est dans le goût Romain. La sculpture est grossière et très-peu détaillée, comme
si l'on eût voulu seulement la dégrossir pour l'achever ailleurs. Il n'est pas dou-
teux que cet ouvrage ne soit étranger aux Égyptiens. La hauteur du colosse assis,
compris le socle, est de 2m,y, sans compter la tête; la proportion seroit de 3m,7>
s'il étoit debout. Les Turcs ont essayé d'exploiter ce morceau pour le débiter à
leur usage ; on voit, au bas du dos de la figure, cinq cavités qui ont été pratiquées
pour y insérer des coins et faire éclater les fragmens.

La géographie comparée ne permet pas d'assigner avec certitude l'ancienne
position qui a existé dans cet endroit. Ptolémée indique une position de Passalus
au-dessus d'Antseopolis ; mais l'Itinéraire d'Antonin place au-dessous la ville de
Pesla, dont le nom a beaucoup d'analogie avec Passalus, ainsi que l'a remarqué
d'Anville. Il en est de même de Pescla, qui se trouve dans la Notice de l'Empire.
D'un autre côté, l'Itinéraire présente une position de Selïnon au-dessus d'Antseopolis
et avant Panopolis; on peut donc hésiter entre les noms de Seïinon et de Passalus.

Mais ce qui ne présente aucune incertitude, c'est l'existence des carrières qui
ont été exploitées en cet endroit par les anciens Égyptiens. Il est permis de
croire que les pierres du grand temple d'Antœopolis ont été puisées en partie
dans les carrières de Cheykh el-Harydy; j'en juge par la ressemblance qu'il y a
entre leur nature et celle de la pierre dure du colosse que j'ai trouvé dans ce
dernier endroit (i). La montagne est composée de pierre calcaire en grande
partie semblable à l'espèce que j'ai décrite plus haut; on y trouve quelques par-
ties quartzeuses, mais principalement, et à chaque pas, de gros cristaux de spath
calcaire rhomboïdal très-beau, non par filons ou par couches, mais par masses
séparées et saillantes à la surface du rocher : il y en a de considérables et qui ont
de deux à trois pieds de grosseur; d'autres tapissent des sortes de puits naturels (2).

Le nom de la montagne est Gebel Cheykh el-Harydy, du nom du petit village
qui se trouve au pied. Cet endroit est connu pour recéler une multitude de
voleurs qui rôdent sur le Nil ; ce qui rend ces parages très-dangereux pour les
voyageurs qui ne sont pas sur leurs gardes (3).

C'est près de ce petit village, bâti de roseaux, que se trouve le tombeau
de cheykh el-Harydy, prétendue résidence du serpent que la crédulité des
voyageurs a rendu si fameux. Curieux d'éclaircir ce fait, qui a donné lieu à
beaucoup de conjectures, nous appelâmes des villageois qui étoient assemblés sur
la rive, et nous leur annonçâmes que notre intention étoit de visiter le tombeau du

(1) Voyei la Description d'AntaeopoIis , A. D. mais, dans tous les fragmens, on retrouve toujours la forme
chap. XII ■ primitive rhomboïdale. On avoit pris à tort ces cristau*

(2) Certaines masses sont cristallisées confusément, et pour de l'adulaire, et aussi pour du spath pesant.

d'un blanc mat comme la neige; d'autres enfin sont colo- (3) Ces voleurs sont singulièrement hardis : comWe

rées par de l'oxide de fer jaune, et offrent des accidens nous partions de Cheykh el-Harydy, la nuit, par un

curieux. Les lits inférieurs sont horizontaux, et formés beau clair de lune, un homme se glissa sur notre

successivement de couches d'oxide pur et de couches de barque ; il osa voler un turban sur la tête du pilote

spath. Parmi les cristaux bien formés, il y en a de par- pendant qu'il tenoit le gouvernail, et se jeta aussito'

faitement beaux et de la plus grande transparence : quel- à l'eau : on lui tira un coup de pistolet; mais il plonge»;

ques-uns sont en aiguilles, comme le cristal de roche; et ne releva la tête qu'à une grande distance, où il se

d'autres affectent une forme alongée comme le gypse: trouvoit hors de la portée.
 
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