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Jomard, Edme François [Hrsg.]
Description de l'Égypte: ou recueil des observations et des recherches qui ont été faites en Égypte pendant l'expédition de l'armée française, publié par les ordres de Sa Majesté l'Empereur Napoléon le Grand (Band 2,1,2: Texte 2): Antiquités — Paris, 1818

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https://doi.org/10.11588/diglit.4811#0107

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DE CHEYKH EL-HARYDY. ît* SUITE DU CHAP. XI. 3 j

cheykh. Quelques-uns d'entre eux portèrent cet avis dans la montagne ; bientôt
nous vîmes descendre plusieurs hommes portant des drapeaux rouges et blancs,
et nous faisant des démonstrations d'amitié : nous nous rendîmes au milieu d'eux
avec notre escorte. Dans cet endroit, la montagne est ouverte et forme une gorge
étroite qui fait plusieurs détours sinueux. Cet aspect, si rare en Egypte, semble
propre à inspirer des sentimens religieux. Nous arrivâmes, après avoir marché
llne demi-heure depuis le bord du Nil, et en montant toujours, sur une sorte
d'esplanade à mi-côte, où est le tombeau de cheykh el-Harydy. C'est une petite
niosquée Arabe, assez mal construite ; rien n'annonce dans ce lieu d anciennes
constructions : à côté est un escalier taillé dans le roc, et composé d une dou-
zaine de marches (1).

On nous dit qu'un grand nombre de Musulmans, habitans des villages voisins,
venoient annuellement prier sur ce tombeau, et qu'on attribuoit à cet acte de
piété des effets merveilleux et des guérisons presque certaines. Nous avions appris
Sue, pour entretenir cette pratique, à laquelle les dévots joignoient toujours des
offrandes, on montroit au peuple un serpent qui passoit pour être immortel et
pour être animé de l'esprit du cheykh : nous pressâmes vivement celui qui nous
avoit introduits, de satisfaire notre curiosité en nous montrant le serpent. Il nous
répéta plusieurs fois, et en faisant tous les sermens que nous exigeâmes, que ce
serpent n'existoit point, et que le récit des voyageurs étoit faux à cet égard. Le
peuple accouroit en foule , disoit-il, pour prier sur le tombeau du cheykh,
selon l'usage des Musulmans ; et ceux qui desservoient cette espèce d'oratoire,
recevoient des présens peu considérables, qui suffisoient pour leur nourriture.
Il ajouta qu'à la vérité, lorsque le nombre des assistans étoit considérable, un des
desservans avoit coutume de jouer avec des serpens pour divertir l'assemblée ;
qu'il prenoit ces serpens dans la montagne, et les laissoit échapper ensuite. Nous
demandâmes qu'ils nous fissent jouir de ce spectacle. Aussitôt un d'eux s'éloigna,
et en fort peu de temps il rapporta un serpent qu'il manioit avec beaucoup de
confiance et d'adresse : il nous le fit toucher aussi; et, après avoir agité plusieurs
fois les drapeaux sur notre tête, et récité des prières dans lesquelles il invoquoit le
cheykh, il nous passa plusieurs fois le serpent autour du cou, et ajouta que, s'il
plaisoit à Dieu, nous serions exempts de maladies et d'accidens. Nous le remer-
ciâmes d'un aussi bon augure. Notre présent, qui étoit assez modique, parut
considérable et excita une vive reconnoissance. Nous vîmes, à l'entrée de la grotte,
quantité de pierres noircies où l'on avoit fait du feu, et nous remarquâmes que la
lerre étoit teinte de sang. On nous dit que plusieurs des fidèles qui visitoient le
tombeau, avoient coutume d'immoler des moutons et des buffles, et que la chair
étoit offerte aux desservans. Avant de quitter ce lieu, nous voulûmes nous pro-
curer, à prix d'argent, le serpent qu'ils nous avoient montré, et nous en donnâmes
cent médins. Son espèce est petite, sa couleur grise, et il est taché de roux. Ce

(1) Selon un des voyageurs modernes, cet escalier même d'une très-grande excavation qu'il dit être tout au

communique mystérieusement avec l'intérieur de la sommet de la montagne, et ou l'on se rend par un chemin

mosquée; nous n'avons pu vérifier ce fait: il en est de très-escarpé.
A. D.
 
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