Résumée
A.l. Pour la société médiévale, la mort du roi était un événement traumatisant. Cela
l'a été d'autant plus tant que ne s'était pas développée une vision transpersonnelle de
l'Etat et que l'existence communautaire était entièrement dépendante du personnage
royal, à la mort duquel s'interrompaient le droit et l'ordre. A la mort du souverain, des
actes de violence arrivaient régulièrement dans les premiers siècles du Moyen Age.
Ce n'est qu'une fois que l'idée d'une identité de l'état imaginaire, transpersonnelle et
immortelle eut pris corps grâce à une constitutionnalisation croissante que ces accès
de violence se sont ritualisés sous la forme d'une inversion liminal de statutet que ce
que la mort individuelle du souverain pouvait avoir d'instable a été maîtrisé.
A.2. Partant de ce changement de signification de la mort du souverain pour la
communauté du Moyen Age, le présent travail étudie le discours politique tel qu'il se
manifeste au travers de la sépulture du roi. Les composantes religieuses, indiscu-
tables, telles qu'elles ont été mises en évidence de façons diverses par l'histoire des
mentalités et la recherche sur les memoria, restent ici à l'arrière-plan. Se référant au
sens étendu attribué par Marc Bloch à la notion de source, l'étude s'appuie en premier
lieu sur les indices matériels, jusque là prises en compte de façon secondaire dans l'his-
toire des institutions, ou seulement dans des cas particuliers, principalement le mo-
bilier funéraire et les marquages de sépultures. Ces sources sont comprises comme des
signes sémiotiques adressés aux contemporains et aux générations postérieures. Le
décodage de leur signification et le contexte de leur application permettent un dis-
cours sur la réalité du pouvoir de l'époque en grande partie indépendant des sources
écrites. Le but visé est non pas une discussion historique individuelle des tombes de
souverains, mais une vue d'ensemble comparative sur la longue durée, de l'époque
carolingienne à la fin du Moyen Age. Si le domaine de recherches englobe toute
l'Europe chrétienne, cette étude porte principalement sur l'Occident.
A.3. Certains témoignages écrits et figurés du Moyen Age même ont déjà accordé
quelque place aux funérailles royales, sans viser toutefois un récit des événements
orientés sur les faits, au sens moderne du terme. Il convient en conséquent d'abord
d'examiner leur valeur en tant que source, particulièrement en ce qui concerne l'amé-
nagement de la sépulture du défunt. Il s'avère dans les faits que ces sources s'attachent
à décrire le convoi et l'exposition de la dépouille sur le catafalque, tandis que l'ense-
velissement, à savoir la mise en terre elle-même, n'est pas jugé digne d'intérêt.
A.4. Ce n'est qu'avec l'humanisme que commencent des ouvertures informelles
de sépultures, mais il ne faut pas perdre de vue que les sépultures royales restent
entourées d'une aura particulière - comme c'est d'ailleurs encore le cas de nos jours,
dans des sociétés démocratiques. Cela peut dans certains cas favoriser la recherche
scientifique dans le cadre de recherches généalogiques (par ex. pour les Habsbourg),
ou au contraire lui faire obstacle pour des raisons de piété familiale (par ex. à West-
minster), de même que cela peut conduire à une destruction délibérée lors de révo-
lutions idéologiques (par ex. à Saint-Denis).
A.l. Pour la société médiévale, la mort du roi était un événement traumatisant. Cela
l'a été d'autant plus tant que ne s'était pas développée une vision transpersonnelle de
l'Etat et que l'existence communautaire était entièrement dépendante du personnage
royal, à la mort duquel s'interrompaient le droit et l'ordre. A la mort du souverain, des
actes de violence arrivaient régulièrement dans les premiers siècles du Moyen Age.
Ce n'est qu'une fois que l'idée d'une identité de l'état imaginaire, transpersonnelle et
immortelle eut pris corps grâce à une constitutionnalisation croissante que ces accès
de violence se sont ritualisés sous la forme d'une inversion liminal de statutet que ce
que la mort individuelle du souverain pouvait avoir d'instable a été maîtrisé.
A.2. Partant de ce changement de signification de la mort du souverain pour la
communauté du Moyen Age, le présent travail étudie le discours politique tel qu'il se
manifeste au travers de la sépulture du roi. Les composantes religieuses, indiscu-
tables, telles qu'elles ont été mises en évidence de façons diverses par l'histoire des
mentalités et la recherche sur les memoria, restent ici à l'arrière-plan. Se référant au
sens étendu attribué par Marc Bloch à la notion de source, l'étude s'appuie en premier
lieu sur les indices matériels, jusque là prises en compte de façon secondaire dans l'his-
toire des institutions, ou seulement dans des cas particuliers, principalement le mo-
bilier funéraire et les marquages de sépultures. Ces sources sont comprises comme des
signes sémiotiques adressés aux contemporains et aux générations postérieures. Le
décodage de leur signification et le contexte de leur application permettent un dis-
cours sur la réalité du pouvoir de l'époque en grande partie indépendant des sources
écrites. Le but visé est non pas une discussion historique individuelle des tombes de
souverains, mais une vue d'ensemble comparative sur la longue durée, de l'époque
carolingienne à la fin du Moyen Age. Si le domaine de recherches englobe toute
l'Europe chrétienne, cette étude porte principalement sur l'Occident.
A.3. Certains témoignages écrits et figurés du Moyen Age même ont déjà accordé
quelque place aux funérailles royales, sans viser toutefois un récit des événements
orientés sur les faits, au sens moderne du terme. Il convient en conséquent d'abord
d'examiner leur valeur en tant que source, particulièrement en ce qui concerne l'amé-
nagement de la sépulture du défunt. Il s'avère dans les faits que ces sources s'attachent
à décrire le convoi et l'exposition de la dépouille sur le catafalque, tandis que l'ense-
velissement, à savoir la mise en terre elle-même, n'est pas jugé digne d'intérêt.
A.4. Ce n'est qu'avec l'humanisme que commencent des ouvertures informelles
de sépultures, mais il ne faut pas perdre de vue que les sépultures royales restent
entourées d'une aura particulière - comme c'est d'ailleurs encore le cas de nos jours,
dans des sociétés démocratiques. Cela peut dans certains cas favoriser la recherche
scientifique dans le cadre de recherches généalogiques (par ex. pour les Habsbourg),
ou au contraire lui faire obstacle pour des raisons de piété familiale (par ex. à West-
minster), de même que cela peut conduire à une destruction délibérée lors de révo-
lutions idéologiques (par ex. à Saint-Denis).