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CHAPITRE VII.

Latins, dans le Rationale de Guillaume Durand. Ainsi que l’a fort justement
fait observer Taine, la forme en elle-même ne suffisait pas pour intéresser
le moyen âge; il fallait qu’elle fût un symbole et désignât quelque mystère
auguste : la cathédrale, par exemple, avec ses nefs opposées, représentait la croix
sur laquelle le Christ a expiré; les rosaces avec leurs pétales figuraient la rose
éternelle, dont toutes
les âmes rachetées sont
les feuilles; les dimen-
sions de toutes les par-
ties de l’édifice devaient
correspondre à des nom-
bres sacrés. Tout était
déterminé, réglé d’a¬
vance; point de détail
qui n’eût une significa-
tion familière aux es-
prits les moins cultivés.
L’art était ainsi devenu
l’auxiliaire de la religion,
la Bible de ceux qui ne
savaient pas lire. L’in-
dépendance de l’artiste
put souffrir parfois de
ces entraves, mais il était
amplement dédommagé
par le courant de sym-
pathie qui s’établissait
entre lui et la foule.
L’art populaire jetait son
plus vif éclat. Chez
Giotto encore et ses
élèves, les types, l’at-
titude, les attributs, et
jusqu’à la place des personnages, tout était conforme aux enseignements de la
théologie monumentale. Celui qui aurait supprimé le nimbe crucifère du Christ
aurait passé pour un hérétique; représenter la Vierge nu-pieds aurait froissé
les sentiments de tous les fidèles. Le nombre des chérubins qui voltigent autour
du couple céleste, la couleur des ailes des anges, la coupe des vêtements, leurs
ornements, rien, absolument rien n’était abandonné à l’initiative du peintre.
Les naturalistes florentins du xve siècle battirent les premiers en brèche ces
traditions vénérables. Que pouvaient la résistance d’un Frà Angelico, celle de
l’Ecole ombrienne, contre les efforts de ces novateurs hardis qui appelaient à
 
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