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CHAPITRE XI.

qu’elles ne représentent jamais de mouvement tout à fait achevé, ce qui leur
donne un tel degré de vie qu’elles semblent se mouvoir quand on les regarde
avec attention. »
La surprise, le ravissement, les élans de foi qui ne se sont pas encore fait jour
dans la partie droite de la composition, ou que les prélats, en vrais représentants
de l’autorité, ont réussi à comprimer dans leur cœur, se traduisent avec une
spontanéité et une liberté admirables dans les groupes de gauche. Nous voyons
d’abord le prêtre, tout ensemble confus, humilié et émerveillé, passant subite-
ment du doute à la foi; à côté de lui, les quatre assistants à genoux expriment,
avec une vivacité mêlée de respect, la joie qui les transporte. Puis viennent,
derrière les stalles qui entourent le chœur, deux hommes du peuple, dont l’un,
tout triomphant, montre à son compagnon incrédule le miracle qui s’accomplit
sous leurs yeux. Dans la foule rangée au bas de l’escalier, l’enthousiasme est
indescriptible : les uns se prosternent, les mains jointes, sur les marches de
l’autel; d’autres lèvent les bras pour protester de leur admiration; d’autres
encore s’élancent passionnément vers le sanctuaire. Tout est vie, mouvement,
éloquence. Cependant, ici encore, Raphaël n’a pas voulu abuser de son triom-
phe : au premier plan, dans l’angle formé par l’escalier, se trouve un groupe de
jeunes mères qui, comme les Suisses auxquels elles font pendant, n’ont pas
encore vu l’hostie changée en sang. Tandis que l’une d’elles caresse tranquille-
ment son nouveau-né, l’autre se retourne pour découvrir la cause de la rumeur.
Un instant encore, et elles partageront l’enthousiasme général.
Tout est digne d’admiration dans cette grande page, qui joint à la beauté de
l’ordonnance et à l’éloquence des expressions une chaleur de coloris telle que
nous ne l’avions pas encore rencontrée dans l’œuvre de Raphaël. L’influence de
Sébastien de Venise, le représentant des traditions du Giorgione, n’aura pas peu
contribué à pousser Raphaël dans une voie que le désir de rivaliser avec Michel-
Ange ne lui fit que trop tôt abandonner.
Les deux dernières grandes fresques de la chambre d’Héliodore, la Rencontre
de saint Léon et dé Attila et la Délivrance de saint Pierre, n’ont été achevées que
sous le règne de Léon X. Nous devrions donc ne nous en occuper que dans le
chapitre consacré à ce pape; mais, pour ne pas scinder la description de peintures
se rapportant à une même salle, il nous a paru préférable de les étudier à la
suite des précédentes, dont elles forment la continuation. Nous verrons d’ail-
leurs que l’une d’elles se rattache encore, en partie du moins, à Jules IL
On ne saurait douter que la Rencontre de saint Léon et d’Attila ne soit, comme
VHéliodore chassé du temple, une allusion aux victoires remportées par la papauté.
Le véritable Attila, a-t-on dit, est le monarque français Louis XII.
Quels que soient les mobiles qui ont déterminé le pape à faire peindre la
Rencontre de saint Léon et d’Attila, le choix du sujet était heureux, et nous ne
songeons pas à nous en plaindre. Rappeler un des plus éclatants succès de la
 
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