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https://doi.org/10.11588/diglit.938#0465
CHAPITRE LXI. 463
. CHAPITRE LXI.
itinéraire de M. H. Pouqueville, depuis Trav-
nik jusqu'à Guilan, frontière de la Macé-
doine.
La neige couvrait la terre depuis plusieurs mois,
et elle tombait en abondance, lorsque je me disposai
à quitter Travnik pour me rendre à Janina. La saison
était rude, les routes dangereuses; et quoique vêtu à
la turque, commej'ignorais la langue du pays que je
devais traverser, le costume turc pouvait seul me
mettre à l'abri d'un peuple féroce. M. David me
voyait partir à regret, et j'aurais cédé aux instances
de cet excellent ami, qui m'engageait à rester près
de lui jusqu'au printemps, si le désir de revoir mon
frère ne l'avait emporté sur toutes les considérations
possibles.
Il fut arrêté que je me mettrais en route le ier
mars au matin. Mehemet-Choreb, pacha, alors visir
de Bosnie, et depuis capitan-pacha, m'avait muni
d'un firman du sultan Selira, afin de me faire res-
pecter sur la route. A ce diplôme souverain , il joi-
gnit un boïourdi autographe par lequel il était or-
donné aux commandants des villes situées sur ma
route, de me traiter avec respect, de fournir avec abon-
dance a tous mes besoins, de me loger, et défrayer, sans
recevoir aucune gratification ; et la conclusion de cet
ordre pompeux, qui était l'expression de sa -volonté
absolue, portait la menace de peine capitale envers les
contrevenants. Il avait en même temps chargé un
. CHAPITRE LXI.
itinéraire de M. H. Pouqueville, depuis Trav-
nik jusqu'à Guilan, frontière de la Macé-
doine.
La neige couvrait la terre depuis plusieurs mois,
et elle tombait en abondance, lorsque je me disposai
à quitter Travnik pour me rendre à Janina. La saison
était rude, les routes dangereuses; et quoique vêtu à
la turque, commej'ignorais la langue du pays que je
devais traverser, le costume turc pouvait seul me
mettre à l'abri d'un peuple féroce. M. David me
voyait partir à regret, et j'aurais cédé aux instances
de cet excellent ami, qui m'engageait à rester près
de lui jusqu'au printemps, si le désir de revoir mon
frère ne l'avait emporté sur toutes les considérations
possibles.
Il fut arrêté que je me mettrais en route le ier
mars au matin. Mehemet-Choreb, pacha, alors visir
de Bosnie, et depuis capitan-pacha, m'avait muni
d'un firman du sultan Selira, afin de me faire res-
pecter sur la route. A ce diplôme souverain , il joi-
gnit un boïourdi autographe par lequel il était or-
donné aux commandants des villes situées sur ma
route, de me traiter avec respect, de fournir avec abon-
dance a tous mes besoins, de me loger, et défrayer, sans
recevoir aucune gratification ; et la conclusion de cet
ordre pompeux, qui était l'expression de sa -volonté
absolue, portait la menace de peine capitale envers les
contrevenants. Il avait en même temps chargé un