0J2 VOYAGE DANS LA GREGE,
CHAPITRE LXVIII.
Mœurs privées, coutumes et usages des Schy-
petars.
Le vol et les larcins sont traités avec une facile in-
dulgence par un peuple chez qui le brigandage est
considéré comme une partie de l'industrie, nationale (i).
Les Albanais des Dibres, accoutumés à infester les
routes de la Bosnie et de la Romélie, sont estimés
parmi leurs compatriotes, en raison du butin qu ils
rapportent dans leurs foyers. Quoique moins libres,
les Schypetars épirotes exercent aussi ce métier. J'ai
vu à Prémiti un Toxide qui ne manquait jamais de
faire ses campagnes annuelles (qu'on appelle cour-
béta, ou corvée) au-delà, du Vardar; et connu pour
un voleur fameux, il était le coryphée de son quar-
tier. Les idées reçues à cet égard sont qu'un individu
qui ne lèse pas directement ses voisins ou l'autorité
(r) Grotius remarque que cette manière d'envisager le vol était
ordinaire dans la Grèce, Droit de la Guerre, liv. II, c. I 5, n. 5.
Thucydide nous apprend qu'on demandait aux étrangers, sans
les offenser, s'ils étaient brigands ou pirates. On trouve.de pa-
reils exemples dans Homère. Les Lacédéraoniens, <juî ne valaient
peut-être pas les Schypetars, approuvaient le vol comme propre
à former les jeunes gens à l'adresse et à la vigilance. A Gell.,
lih. II, c. 18- Epicure soutenait qu'il n'y avait point de mal à
voler, maïs à se laisser prendre, Ait., In Epict., lïb. III, c. 7,
p. 278. La Sorlionne, plus réservée, avait décidé ce cas de con-
science dans le sens d'Épicure, en faveur des contrebandiers,
Bontre les fermiers généraux et les maltôtiers.
CHAPITRE LXVIII.
Mœurs privées, coutumes et usages des Schy-
petars.
Le vol et les larcins sont traités avec une facile in-
dulgence par un peuple chez qui le brigandage est
considéré comme une partie de l'industrie, nationale (i).
Les Albanais des Dibres, accoutumés à infester les
routes de la Bosnie et de la Romélie, sont estimés
parmi leurs compatriotes, en raison du butin qu ils
rapportent dans leurs foyers. Quoique moins libres,
les Schypetars épirotes exercent aussi ce métier. J'ai
vu à Prémiti un Toxide qui ne manquait jamais de
faire ses campagnes annuelles (qu'on appelle cour-
béta, ou corvée) au-delà, du Vardar; et connu pour
un voleur fameux, il était le coryphée de son quar-
tier. Les idées reçues à cet égard sont qu'un individu
qui ne lèse pas directement ses voisins ou l'autorité
(r) Grotius remarque que cette manière d'envisager le vol était
ordinaire dans la Grèce, Droit de la Guerre, liv. II, c. I 5, n. 5.
Thucydide nous apprend qu'on demandait aux étrangers, sans
les offenser, s'ils étaient brigands ou pirates. On trouve.de pa-
reils exemples dans Homère. Les Lacédéraoniens, <juî ne valaient
peut-être pas les Schypetars, approuvaient le vol comme propre
à former les jeunes gens à l'adresse et à la vigilance. A Gell.,
lih. II, c. 18- Epicure soutenait qu'il n'y avait point de mal à
voler, maïs à se laisser prendre, Ait., In Epict., lïb. III, c. 7,
p. 278. La Sorlionne, plus réservée, avait décidé ce cas de con-
science dans le sens d'Épicure, en faveur des contrebandiers,
Bontre les fermiers généraux et les maltôtiers.