CHAPITRE LXVII, 557
effrayé par les maux, pour l'empêcher, une fois dé-
livré de la crainte, de reprendre ce qu'il voulait en-
vahir. Mais peut-être ce jugement était-il trop sévère,
puisque Strabon affirme que parmi ces Scythes, il y
avait des daJies ou pasteurs, comme dans la haute
Albanie, près des brigands du Monténéro, on trouve
les Pascoli, qui s'occupaient du soin des troupeaux (i);
d'autres peuplades uniquement adonnées à la chasse,
ainsi que les Leporosches dont j'ai parlé ; et que
d'autres étaient agriculteurs ( Fecwyixot), conditions
qui supposent des mœurs sociales. Il est donc vrai-
semblable que les écrivains ont donné une signification,
trop étendue au titre de Aïiçat ou -voleurs ^ qu'ils ap-
pliquent sans distinction à tout un peuple. Les Mar-
daïtes,, comme les Schypetars modernes que la ty-
rannie n'a pas encore atteints, étaient pauvres, braves,
libres, et en guerre avec tout ce qui les entourait,
par instinct et pour leur conservation. Le désert était
leur domaine, comme il est celui des Arabes errants
dans les solitudes de l'Afrique. Comme ceux-ci, ils
fondaient sur l'étranger armé avec la rapidité du vent
qui soulève les dunes de sable; ils se glissaient entre
les rochers, parmi les arbres, et, sans les apercevoir,
l'ennemi était percé de leurs traits. Pourquoi Arrien
et Quinte-Curce blâment-ils ce genre de guerre d'un
peuple qui usait de ses moyens naturels contre le dé-
vastateur de l'Asie ; et quel était le voleur, d'eux ou
d'Alexandre? Le héros grec, qu'ils tâchent d'égaler
aux dieux, était-il le vainqueur du Granique et d'Ar-
• (i)Strab.,lib. XV, p. 737-
effrayé par les maux, pour l'empêcher, une fois dé-
livré de la crainte, de reprendre ce qu'il voulait en-
vahir. Mais peut-être ce jugement était-il trop sévère,
puisque Strabon affirme que parmi ces Scythes, il y
avait des daJies ou pasteurs, comme dans la haute
Albanie, près des brigands du Monténéro, on trouve
les Pascoli, qui s'occupaient du soin des troupeaux (i);
d'autres peuplades uniquement adonnées à la chasse,
ainsi que les Leporosches dont j'ai parlé ; et que
d'autres étaient agriculteurs ( Fecwyixot), conditions
qui supposent des mœurs sociales. Il est donc vrai-
semblable que les écrivains ont donné une signification,
trop étendue au titre de Aïiçat ou -voleurs ^ qu'ils ap-
pliquent sans distinction à tout un peuple. Les Mar-
daïtes,, comme les Schypetars modernes que la ty-
rannie n'a pas encore atteints, étaient pauvres, braves,
libres, et en guerre avec tout ce qui les entourait,
par instinct et pour leur conservation. Le désert était
leur domaine, comme il est celui des Arabes errants
dans les solitudes de l'Afrique. Comme ceux-ci, ils
fondaient sur l'étranger armé avec la rapidité du vent
qui soulève les dunes de sable; ils se glissaient entre
les rochers, parmi les arbres, et, sans les apercevoir,
l'ennemi était percé de leurs traits. Pourquoi Arrien
et Quinte-Curce blâment-ils ce genre de guerre d'un
peuple qui usait de ses moyens naturels contre le dé-
vastateur de l'Asie ; et quel était le voleur, d'eux ou
d'Alexandre? Le héros grec, qu'ils tâchent d'égaler
aux dieux, était-il le vainqueur du Granique et d'Ar-
• (i)Strab.,lib. XV, p. 737-