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Lenormant, François: Les légendes dans la numismatique ancienne, [1]
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92 REVUE ARCHEOLOGIQUE.
servent encore l’habitude de ne marquer leur nom sur la monnaie
que d’une maniere abregee, Je plus grand nombre deploie ce nom
tout entier dans une legende qui epouse d’abord les formes des der-
niers restes du carre creux, et qui, lorsque ce carre disparait defini-
livement, prend une forme circulaire, de maniere ä suivre les bords
du flan monelaire et ä embrasser gracieuserpient le type du revers.
Nous arrivons ainsi h la plus belle epoque de l’art, et des noms de
magistrats preposes ä la fabrication des monnaies commencent alors
ä apparaitre sur quelques pieces. 11 est ä remarquer du reste que,
gräce ä la repugnance instinctive des Grecs pour les formes exte-
rieures de la souverainete, tout le monnayage purement hellenique,
depuis l’origine de cet art jusqu’ä Eepoque d’Alexandre, tyran de
Pheres, est constamment autonome. II ne porte que le nom des villes
ou des peuples. Les tyrans, respectant les apparences republicaines,
n’osenl point, quel que soit leur pouvoir, inscrire leur nom sur la
monnaie. Ainsi les pieces frappees ä Atbenes sous Pisistrate, ä Rhe-
gium et ä Messine sous Anaxilaüs (1), k Syracuse sous le premier
Hieron et sous les deux Denys (2), ä Cyrene sous les Battiades (3),
etc., laissant uniquement le nom de la eite dans laquelle elles ont
eie emises, et demeurent silencieuses sur le personnage qui exercail
le pouvoir supreme.
2. — C’est seulement lä oü desusages d’origine orientale se me-
lent ä la civilisation hellenique que nous voyons dansle memetemps
les noms des souverains figurer sur les monuments numisma-
tiques, dans la monarchie macedonienne, au Bosphore Cimmerien,
dans les dynasties vassales de l’empire perse en Asie Mineure, ou
detachees violemment de cet empire comme celle de Chypre. Encore
les noms de ces souverains ne sont-ils accompagnes d’aucun titre
royal, en Macedoine par respect des susceptibilites grecques, en
Asie-Mmeure par deference pour l’autorite suzeraine du roi de
Perse, auquel etait reservee la possession exclusive du titre officiel
de ßacriXeu?. Aussi, tandis que les pieces frappees par le gouvernement
du Grand Roi dans l’interieur de l’empire ne portent aucune inscrip-
Gon, des monnaies dont Remission presente le meine caractere et
qui ont ete frappees sous Artaxerxe Mnemon dans les cites grecques
de l’Asie Mineure, apres la paix d’Antalcidas, portent pour legende
le simple mot BA2IAEQ2, pris dans un sens absolu, sans nom
(1) Eckhel, Doctr. num. vet., t. I, p. 177 et 221.
(2) Duc de Luynes, Rev. num., 18Zi3, p. 6-8.
(3) Müller, Num. de l’anc. Afr.,t. I, p. 9-22.
servent encore l’habitude de ne marquer leur nom sur la monnaie
que d’une maniere abregee, Je plus grand nombre deploie ce nom
tout entier dans une legende qui epouse d’abord les formes des der-
niers restes du carre creux, et qui, lorsque ce carre disparait defini-
livement, prend une forme circulaire, de maniere ä suivre les bords
du flan monelaire et ä embrasser gracieuserpient le type du revers.
Nous arrivons ainsi h la plus belle epoque de l’art, et des noms de
magistrats preposes ä la fabrication des monnaies commencent alors
ä apparaitre sur quelques pieces. 11 est ä remarquer du reste que,
gräce ä la repugnance instinctive des Grecs pour les formes exte-
rieures de la souverainete, tout le monnayage purement hellenique,
depuis l’origine de cet art jusqu’ä Eepoque d’Alexandre, tyran de
Pheres, est constamment autonome. II ne porte que le nom des villes
ou des peuples. Les tyrans, respectant les apparences republicaines,
n’osenl point, quel que soit leur pouvoir, inscrire leur nom sur la
monnaie. Ainsi les pieces frappees ä Atbenes sous Pisistrate, ä Rhe-
gium et ä Messine sous Anaxilaüs (1), k Syracuse sous le premier
Hieron et sous les deux Denys (2), ä Cyrene sous les Battiades (3),
etc., laissant uniquement le nom de la eite dans laquelle elles ont
eie emises, et demeurent silencieuses sur le personnage qui exercail
le pouvoir supreme.
2. — C’est seulement lä oü desusages d’origine orientale se me-
lent ä la civilisation hellenique que nous voyons dansle memetemps
les noms des souverains figurer sur les monuments numisma-
tiques, dans la monarchie macedonienne, au Bosphore Cimmerien,
dans les dynasties vassales de l’empire perse en Asie Mineure, ou
detachees violemment de cet empire comme celle de Chypre. Encore
les noms de ces souverains ne sont-ils accompagnes d’aucun titre
royal, en Macedoine par respect des susceptibilites grecques, en
Asie-Mmeure par deference pour l’autorite suzeraine du roi de
Perse, auquel etait reservee la possession exclusive du titre officiel
de ßacriXeu?. Aussi, tandis que les pieces frappees par le gouvernement
du Grand Roi dans l’interieur de l’empire ne portent aucune inscrip-
Gon, des monnaies dont Remission presente le meine caractere et
qui ont ete frappees sous Artaxerxe Mnemon dans les cites grecques
de l’Asie Mineure, apres la paix d’Antalcidas, portent pour legende
le simple mot BA2IAEQ2, pris dans un sens absolu, sans nom
(1) Eckhel, Doctr. num. vet., t. I, p. 177 et 221.
(2) Duc de Luynes, Rev. num., 18Zi3, p. 6-8.
(3) Müller, Num. de l’anc. Afr.,t. I, p. 9-22.