COMMUNICATIONS DE MM. DE LONGPERIER ET DE SAULCY. 307
comme par filets. » (Descript. de Paris, etc., edit. de 1742, t. VIII,
p. 43 — edit. de 1765, t. IX, p. 508).
Sauf une date fausse dont l’origine sera expliquee ci-apres, le pas-
sage qui vient d’etre transcrit n’offre rien de contraire aux bonnes
notions archeologiques. Yoici cependant comment s’exprime le Dic-
tionnaire d’Hurtaut et Magny :
« On conserve dans le tresor de la Sainte-Chapelle un bassin de
ciiivre rouge des Indes, en forme de casserole, qui a cinq pieds de
circonference, oü sont des figures representant des Persans et des
Chinois. On y voit un roi sur une espece d’estrade ayec des gardes
ä cöte, et cela y est deux fois..„.. II est yraisemblable que ce bassin a
ete rapporte des croisades. II a servi en France au bapteme de quel-
ques princes du sang. Piganiol dit qu’il ful fait pour le bapteme de
Philippe Auguste en 1166. II sert encore au bapteme dans cette cha-
pelle quand le cas y eclieoit. » (Dict. hist, de la rille de Paris, 1779.
t. IV, p. 835).
On voit qu’en 1779 il n’dtait pas encore question de saint Louis.
Millin, qui avait certainement lu l’article du Dictionnaire d’Hurtaut
et Magny, bien qu’il n’en dise rien, et qui parait n’avoir pas connu
exactement le passage de Piganiol de Ja Force, auquel il renvoie
cependant en indiquant le volume et la page, s’exprime ainsi dans
ses Antiquites nationales (1791, t. II, p. 62) :
« Piganiol pretend que ce bassin fut fait pour le bapteme de Phi-
lippe Auguste en 1166; l’opinion la plus commune est qu’il fut fait
en 897 chez les Sarrazins (1). Il est plus naturel de penser que ce vase
fut rapporte par saint Louis, dans une de ses premieres croisades.
Le nom de baptistere de saint Louis, sous lequel il est connu, et les
chretiens persecutes par les mahometans qu’on remarque dans les
figures, fortilient cette conjecture. Sans cela on pourrait donner ä ce
vase une antiquite plus reculee, et dire qu’il etait au nombre des
curiosites envoyees ä Cbarlemagne par le calife Aaron Raschild
(Haroun er-Raschid), dont plusieurs sont encore conservees dans le
tresor de Saint-Denis et ailleurs. »
Ainsi, pour Millin, ce monument pouvait ötre indifferemment
attribue au ixe ou au xme siede.
(1) Hurtaut et Magny se bornent ä, öcrire : Piganiol dit; Millin introduit la Va-
riante : Piganiol pretend. Un autre viendra qui ajoutera : Piganiol affirme. Ce dernier
avaucait timidement que « la cuvette futfaite, ä ce qu’on dit, en 897; » Millin ajoute
« l’opinion la plus commune. » C’est la marche ordinaire de la paraphrase dans les
travaux de seconde main. Au Heu de v^rifler les sources on d6guise l’emprunt, et on
s’dloigne d’autant de la vöritö.
comme par filets. » (Descript. de Paris, etc., edit. de 1742, t. VIII,
p. 43 — edit. de 1765, t. IX, p. 508).
Sauf une date fausse dont l’origine sera expliquee ci-apres, le pas-
sage qui vient d’etre transcrit n’offre rien de contraire aux bonnes
notions archeologiques. Yoici cependant comment s’exprime le Dic-
tionnaire d’Hurtaut et Magny :
« On conserve dans le tresor de la Sainte-Chapelle un bassin de
ciiivre rouge des Indes, en forme de casserole, qui a cinq pieds de
circonference, oü sont des figures representant des Persans et des
Chinois. On y voit un roi sur une espece d’estrade ayec des gardes
ä cöte, et cela y est deux fois..„.. II est yraisemblable que ce bassin a
ete rapporte des croisades. II a servi en France au bapteme de quel-
ques princes du sang. Piganiol dit qu’il ful fait pour le bapteme de
Philippe Auguste en 1166. II sert encore au bapteme dans cette cha-
pelle quand le cas y eclieoit. » (Dict. hist, de la rille de Paris, 1779.
t. IV, p. 835).
On voit qu’en 1779 il n’dtait pas encore question de saint Louis.
Millin, qui avait certainement lu l’article du Dictionnaire d’Hurtaut
et Magny, bien qu’il n’en dise rien, et qui parait n’avoir pas connu
exactement le passage de Piganiol de Ja Force, auquel il renvoie
cependant en indiquant le volume et la page, s’exprime ainsi dans
ses Antiquites nationales (1791, t. II, p. 62) :
« Piganiol pretend que ce bassin fut fait pour le bapteme de Phi-
lippe Auguste en 1166; l’opinion la plus commune est qu’il fut fait
en 897 chez les Sarrazins (1). Il est plus naturel de penser que ce vase
fut rapporte par saint Louis, dans une de ses premieres croisades.
Le nom de baptistere de saint Louis, sous lequel il est connu, et les
chretiens persecutes par les mahometans qu’on remarque dans les
figures, fortilient cette conjecture. Sans cela on pourrait donner ä ce
vase une antiquite plus reculee, et dire qu’il etait au nombre des
curiosites envoyees ä Cbarlemagne par le calife Aaron Raschild
(Haroun er-Raschid), dont plusieurs sont encore conservees dans le
tresor de Saint-Denis et ailleurs. »
Ainsi, pour Millin, ce monument pouvait ötre indifferemment
attribue au ixe ou au xme siede.
(1) Hurtaut et Magny se bornent ä, öcrire : Piganiol dit; Millin introduit la Va-
riante : Piganiol pretend. Un autre viendra qui ajoutera : Piganiol affirme. Ce dernier
avaucait timidement que « la cuvette futfaite, ä ce qu’on dit, en 897; » Millin ajoute
« l’opinion la plus commune. » C’est la marche ordinaire de la paraphrase dans les
travaux de seconde main. Au Heu de v^rifler les sources on d6guise l’emprunt, et on
s’dloigne d’autant de la vöritö.