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REVUE ARCHEOUOGIQUE.
qu’ici en monnaies macedoniennes de ce genre et de cette epoque :
finalement., qu’il n’y faul voir qu’un exemple de plus ä ajouter a ces
imitations barbares (plagia barbarorum) si connues et si commu-
nes chez les peuplades de race pannonienne avoisinant la Thrace.
Ces objections, supposees vraies, sont evMemment fort graves, et
ll y a gros ä parier, que M. Fr. Lenormant les ignore : autrement, il y
eut repondu. — Comme cette cause, par les consßquences qu’elle
enlraine et par les resultats que nous en esperons tirer, devient des
ä present pour ainsi dire la nötre, nous essayerons, malgre notre
insuffisance, non pas de le suppleer (nous n’en avons point la pre-
tention), mais d’apporter quelques arguments nouveaux ä l’appui de
son opinion.
Premierement, si cet habile numisrnatiste s’est, ainsiqu’on le pre-
tend, ou sciemment ou involontairement trompß, s’il a pris l’ombre
pour la realite, le rayonnernent du metal pour des lettres, n’est-il pas
tout au moins assez extraordinaire qu’observant de notre cötd et sans
avoir en aucune facon communique avec lui, nous ayons marchd
dans la memevoie, vu avec les memesyeux, reconnu le mäme genre
d’indices et que nous ayons ete, nous aussi, dupe de la meine illu-
sion? Car, nous le declarons, pour nous comme pour lui, la legende
existe incontestablement : notre conviction ä cet egard est pleine et
entiere; — eile ne lesulte ni du parti pris de donner raison quand
meme ä M. Fr. Lenormant, ni d’aucune idee preconcue, mais de l’exa-
men attentif et reitere que nous avons fait au Cabinet imperial de la
piece en litige, et c’est afm de ne point nous laisser surprendre par
une premiere impression, laquelle cependant est souvent la banne,
que nous avons renouvele cet examen ä plusieurs jours d’intervalle;
et ce second examen n’a servi qu'ä confirmer le premier.
A dire vrai, cette legende n’est pas ä beaucoup pres aussi nette ni
aussi distinctesur Poriginalqu’on l’a figureedans la Revuemmismati-
que, etM. Fr. Lenormant, ouplutötson graveur, aeu le tres grand tort
de l’accentuer oulre mesure, quand il n’avait en realite sous les yeux
qu’une inscription extremement fugitive: imitant en ceci le pernicieux
exemple donne si souvent par Sestini, lequel, comme on sait, faisait
ä sa facon et sans scrupule revivre les legendes obliterees ou presque
llisibles, suivant et chaque fois que le reclamaient les besoins de sa
cause; — mais de fugitive et un peu vague ä dire qu’elle n’exisle
pas, il y a loin. La premiere lettre est indubitable; la seconde, un
peu moins franche, se reconnait cependant encore assez aisement
pour un A; quant ä la troisicme, il fautavouer qu’elle se devine plulöt
qu’elle ne se voit; — toutefois, en projetant la lumiere d’une cer-
REVUE ARCHEOUOGIQUE.
qu’ici en monnaies macedoniennes de ce genre et de cette epoque :
finalement., qu’il n’y faul voir qu’un exemple de plus ä ajouter a ces
imitations barbares (plagia barbarorum) si connues et si commu-
nes chez les peuplades de race pannonienne avoisinant la Thrace.
Ces objections, supposees vraies, sont evMemment fort graves, et
ll y a gros ä parier, que M. Fr. Lenormant les ignore : autrement, il y
eut repondu. — Comme cette cause, par les consßquences qu’elle
enlraine et par les resultats que nous en esperons tirer, devient des
ä present pour ainsi dire la nötre, nous essayerons, malgre notre
insuffisance, non pas de le suppleer (nous n’en avons point la pre-
tention), mais d’apporter quelques arguments nouveaux ä l’appui de
son opinion.
Premierement, si cet habile numisrnatiste s’est, ainsiqu’on le pre-
tend, ou sciemment ou involontairement trompß, s’il a pris l’ombre
pour la realite, le rayonnernent du metal pour des lettres, n’est-il pas
tout au moins assez extraordinaire qu’observant de notre cötd et sans
avoir en aucune facon communique avec lui, nous ayons marchd
dans la memevoie, vu avec les memesyeux, reconnu le mäme genre
d’indices et que nous ayons ete, nous aussi, dupe de la meine illu-
sion? Car, nous le declarons, pour nous comme pour lui, la legende
existe incontestablement : notre conviction ä cet egard est pleine et
entiere; — eile ne lesulte ni du parti pris de donner raison quand
meme ä M. Fr. Lenormant, ni d’aucune idee preconcue, mais de l’exa-
men attentif et reitere que nous avons fait au Cabinet imperial de la
piece en litige, et c’est afm de ne point nous laisser surprendre par
une premiere impression, laquelle cependant est souvent la banne,
que nous avons renouvele cet examen ä plusieurs jours d’intervalle;
et ce second examen n’a servi qu'ä confirmer le premier.
A dire vrai, cette legende n’est pas ä beaucoup pres aussi nette ni
aussi distinctesur Poriginalqu’on l’a figureedans la Revuemmismati-
que, etM. Fr. Lenormant, ouplutötson graveur, aeu le tres grand tort
de l’accentuer oulre mesure, quand il n’avait en realite sous les yeux
qu’une inscription extremement fugitive: imitant en ceci le pernicieux
exemple donne si souvent par Sestini, lequel, comme on sait, faisait
ä sa facon et sans scrupule revivre les legendes obliterees ou presque
llisibles, suivant et chaque fois que le reclamaient les besoins de sa
cause; — mais de fugitive et un peu vague ä dire qu’elle n’exisle
pas, il y a loin. La premiere lettre est indubitable; la seconde, un
peu moins franche, se reconnait cependant encore assez aisement
pour un A; quant ä la troisicme, il fautavouer qu’elle se devine plulöt
qu’elle ne se voit; — toutefois, en projetant la lumiere d’une cer-