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Institut Français d'Archéologie Orientale <al-Qāhira> [Editor]; Mission Archéologique Française <al-Qāhira> [Editor]
Recueil de travaux relatifs à la philologie et à l'archéologie égyptiennes et assyriennes: pour servir de bullletin à la Mission Française du Caire — 19.1897

DOI issue:
Nr. 1-2
DOI article:
Blochet, Edgar: L' epenthèse en perse cunéiforme
DOI Page / Citation link:
https://doi.org/10.11588/diglit.12159#0084

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76

L'ÉPENTHÈSE EN PERSE CUNÉIFORME

Il arrive même que le perse marque l'épenthèse. Le nom du pays appelé en perse
Harauvati est enzend Harahvaiti avec l'épenthèse de Yi final. Cette forme correspond
au sanscrit Sarasvati. L'aspirée h est tombée en perse, comme dans nombre de mots1
et la vraie forme est Hara(u)hvati. On voit immédiatement qu'il y a eu épentbèse du v
devant Vh tombé dans l'écriture. La transcription médique est Arraiœatis *~3=T^H
>~*pÈyy>- ^ J^J >-y^ t^yy avec la marque de l'épenthèse.

En voici un autre exemple : l'étymologie du nom de ville Stktauvatts est obscure,
toutefois il est probable qu'il faut voir clans ce mot un composé du suffixe possessif
vaut, Sk. vani : Sikta(u)hvati avec épenthôse du v.

Il y a encore un mot dans lequel on est bien tenté de reconnaître une trace de ce même
phénomène, quoiqu'il faille admettre que l'épenthèse se soit produite par-dessus un
groupe de consonnes, l'une d'elles toutefois étant un r.

Le perse Bardiya, le nom du fameux mage qui usurpa la couronne après le suicide
de Cambyse, est devenu en grec Saipoi?, clans Hérodote. Eschyle (Perses, 745) donne
le nom de MipStç à un homme qui aurait régné; peut-être est-ce le même. La forme
médique est ^ >-^tz Bir-di-ya. le signe étant manifestement le ^ baby-
lonien.

Les deux transcriptions grecque et médique prouvent que la voyelle de la première
syllabe n'était pas un a pur et que la forme perse originale devait être Ba(i)rdiycr.

On pourrait voir dans le MépSiç d'Eschyle, un nom tout différent de sapote, et le rappro-
cher de Martiya, homme. Ceci est possible, le t ayant pu être transcrit d (cf. 2<pev8o8&Tïj$
de Ctésias, zendSpentô-dâta). L'exemple n'en vaudrait pas moins, car il montrerait que
Martiya se prononçait Ma(i)rtiya, ce qui revient au même.

Il y a en médique cle nombreuses transcriptions de mots perses qui présentent un
phénomène analogue à celui que l'on remarque clans Harauvati et Siktauvati, il est
douteux toutefois, qu'il le faille expliquer par la chute graphique d'une aspirée. Il
arrive qu'un a suivi d'un v ou d'un y, dans les transcriptions des mots perses, devient
u ou i, en médique, ce qui d'après l'analogie de ce qui précède pourrait faire penser
qu'en certains cas en perse a-\-(Vj y) devenait (au, aï) -f- (v, y). En voici quelques
exemples :

Le roi aép^ç porte en perse le nom de Khshayârshâ, et en médique celui de >-

>->- £^ £r^yy ^ Ik-si-ir-is-sa ou ^y^ £>î £yyf ^ Ik-si-ir-sa. Les formes
assyriennes sont Khisiyarsu, Khisiarsa. On voit qu'à la syllabe -sha- du perse devant
y, le médique répond par -shi-, l'assyrien par shi et le grec par Ss(p^ç), sans doute
prononçait-on Khsha(i)yarshâ\

Le perse Dârayavush est en médique *~TT^K Ë^lT ïëf K *~^TT (( Dari-

1. Sur ce point, voir J. Dar.mesteter, Études Iraniennes, tome I.

2. Le changement de b en m est un fait bien connu. Sur la prèflxation du sigma, voir Oppert, Inscriptions
des Achémênides, p. 42, note.

3. L'explication de 1'/ initial est très simple : dans beaucoup de langues il est impossible de prononcer deux
consonnes initiales sans les faire précéder d'une voyelle ou sans en intercaler une. C'est ainsi que s'expliquent

les formes zendes [u)rvân, âme, p. Jjljj , cf. pour les consonnes médiales dad[e)mahi, sk. dadmàsi. C'est à

ce dernier phénomène qu'on s'est cru obligé de donner le nom d'anaptyxis.
 
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