NÉCROPOLE DE QANTARAH
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plus que le graveur a parfaitement noté, dans d'autres scènes de ce même tableau, les
villes entourées d'eau; je ne puis croire à une simple fantaisie de sculpteur, et, si
celui-ci a représenté un canal droit traversant une ville, c'est que ce canal, en réa-
lité, était droit ou tout au moins rectiligne. Et il ne pouvait en être autrement,
puisque c'était un canal fabriqué cle mains d'hommes pour irriguer une région dé-
pourvue d'eau douce. En outre, la présence dans ce canal de crocodiles indique bien
qu'il s'agit d'une eau douce et non d'une eau salée. Ce seul fait est une preuve cer-
taine que ce canal communiquait avec le Nil, la branche Pélusiaque, d'où provenaient
les crocodiles, lesquels, si l'on en juge par la gravure, étaient nombreux clans ces
parages.
La ville de Zarou, à la XVIIIe dynastie, était une forteresse de premier ordre.
Placée à la frontière orientale de l'Egypte, elle était le point de départ des armées
égyptiennes allant vers la Syrie. C'était, certainement, un des nombreux et des plus
puissants anneaux de cette chaîne importante de forteresses qui barraient l'isthme;
elle commençait au nord près de Péluse et se dirigeait vers le sud sur Héliopolis. Les
Egyptiens l'appelaient le Mur royal, et plus tard les Arabes, qui en avaient gardé le
souvenir, l'appelèrent le Mur de la Vieille1. On ne connaît pas exactement son tracé,
et je ne sache pas que l'étude de ce mur ait jamais été tentée.
Zarou fut également la capitale civile et religieuse du XVIe nome, le Khent-abet
[j]j||;; l'on y adorait, sous la forme d'un lion, le dieu Horus, qui y avait un temple
célèbre.
Par cet aperçu, abrégé de nos connaissances du lieu, mon programme de fouilles
était donc tout incliqué et parfaitement arrêté : 1° étude de la nécropole, 2° recherche
de la forteresse, 3° retrouver si possible le tracé de l'ancien canal, et enfin 4° recher-
cher l'emplacement du temple d'Horus.
La nécropole égypto-romaine est connue depuis longtemps, et les découvertes
que j'y ai faites font l'objet de ce rapport.
L'enceinte de la forteresse, je l'ai reconnue au sud-est, sur la face sud et en partie
sur la face ouest; la face sud a 195 mètres de longueur, avec quatre tours rondes et
une aux angles; les murs construits en briques crues ont 4m55 d'épaisseur. Elle forme
un quadrilatère aux côtés orientés exactement nord, sud, est et ouest. Je n'ai pas trouvé
de portes, mais une des tours avait été sapée en croix.
D'après une carte manuscrite — en sept planches — de l'isthme de Suez, exécutée
avant les travaux du percement du canal maritime, est indiqué remplacement de l'obé-
lisque que j'ai publié il y a quelques années2. J'ai supposé, d'après cela, que ce point
pouvait représenter la position du temple. Il est marqué au nord des ruines et à l'est
delà forteresse. Mes sondages n'ont donné aucun résultat; peut-être l'obélisque avait
été déplacé dans l'antiquité.
Il y a une trentaine d'années on a vu, sans pouvoir m'indiquer exactement le lieu,
1. Éd. Meyer, Histoire de l'Antiquité, trad. Moret, t. II, p. 295; Maspero, Les Mémoires de Sinou/ût;
Maqrizi, trad. Bouriant, p. 86, 106, 410 et 578.
2. J. Cléoat, Notes sur l'Isthme de Sues, dans le Rec. de Trao., XXI.
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plus que le graveur a parfaitement noté, dans d'autres scènes de ce même tableau, les
villes entourées d'eau; je ne puis croire à une simple fantaisie de sculpteur, et, si
celui-ci a représenté un canal droit traversant une ville, c'est que ce canal, en réa-
lité, était droit ou tout au moins rectiligne. Et il ne pouvait en être autrement,
puisque c'était un canal fabriqué cle mains d'hommes pour irriguer une région dé-
pourvue d'eau douce. En outre, la présence dans ce canal de crocodiles indique bien
qu'il s'agit d'une eau douce et non d'une eau salée. Ce seul fait est une preuve cer-
taine que ce canal communiquait avec le Nil, la branche Pélusiaque, d'où provenaient
les crocodiles, lesquels, si l'on en juge par la gravure, étaient nombreux clans ces
parages.
La ville de Zarou, à la XVIIIe dynastie, était une forteresse de premier ordre.
Placée à la frontière orientale de l'Egypte, elle était le point de départ des armées
égyptiennes allant vers la Syrie. C'était, certainement, un des nombreux et des plus
puissants anneaux de cette chaîne importante de forteresses qui barraient l'isthme;
elle commençait au nord près de Péluse et se dirigeait vers le sud sur Héliopolis. Les
Egyptiens l'appelaient le Mur royal, et plus tard les Arabes, qui en avaient gardé le
souvenir, l'appelèrent le Mur de la Vieille1. On ne connaît pas exactement son tracé,
et je ne sache pas que l'étude de ce mur ait jamais été tentée.
Zarou fut également la capitale civile et religieuse du XVIe nome, le Khent-abet
[j]j||;; l'on y adorait, sous la forme d'un lion, le dieu Horus, qui y avait un temple
célèbre.
Par cet aperçu, abrégé de nos connaissances du lieu, mon programme de fouilles
était donc tout incliqué et parfaitement arrêté : 1° étude de la nécropole, 2° recherche
de la forteresse, 3° retrouver si possible le tracé de l'ancien canal, et enfin 4° recher-
cher l'emplacement du temple d'Horus.
La nécropole égypto-romaine est connue depuis longtemps, et les découvertes
que j'y ai faites font l'objet de ce rapport.
L'enceinte de la forteresse, je l'ai reconnue au sud-est, sur la face sud et en partie
sur la face ouest; la face sud a 195 mètres de longueur, avec quatre tours rondes et
une aux angles; les murs construits en briques crues ont 4m55 d'épaisseur. Elle forme
un quadrilatère aux côtés orientés exactement nord, sud, est et ouest. Je n'ai pas trouvé
de portes, mais une des tours avait été sapée en croix.
D'après une carte manuscrite — en sept planches — de l'isthme de Suez, exécutée
avant les travaux du percement du canal maritime, est indiqué remplacement de l'obé-
lisque que j'ai publié il y a quelques années2. J'ai supposé, d'après cela, que ce point
pouvait représenter la position du temple. Il est marqué au nord des ruines et à l'est
delà forteresse. Mes sondages n'ont donné aucun résultat; peut-être l'obélisque avait
été déplacé dans l'antiquité.
Il y a une trentaine d'années on a vu, sans pouvoir m'indiquer exactement le lieu,
1. Éd. Meyer, Histoire de l'Antiquité, trad. Moret, t. II, p. 295; Maspero, Les Mémoires de Sinou/ût;
Maqrizi, trad. Bouriant, p. 86, 106, 410 et 578.
2. J. Cléoat, Notes sur l'Isthme de Sues, dans le Rec. de Trao., XXI.