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CHARLES BOREUX.
[2]
que celle-ci semble n’avoir jamais comporté de champs latéraux plaident, crovons-
nous, pour la seconde hypothèse; mais que le monument, entout cas, provienne hien
d’un mastaba, c’estce qui paraît hors de doute. S’il est possible, cn effet, que les per-
sonnes de la famille royale aient été, à l’origine, ensevelies, tout comine le roi lui-
même, dans des tombeaux qui différaient de ceux des particuliers tant par leur aspect
extérieur que par la distribution de leurs chambres, la distinetion avait déjà cessé
d’être observée au début de l’Ancien Empire, ainsi que le prouvent le mastaba de
petit-fds de Khafrî, etbeaucoup d’autres;
or c’est précisément avec les panneaux de ces tombesh) et des tombes similaires que
le panneau de la collection Curtis offre des analogies évidentes.
Comme la quasi totalité des monuments memphites de cette époque, celui-ci a été
sculpté dans le fin caicaire blanc de Tourah : il mesure o m. 51 de largeur sur o m. 35
de hauteur. Le cham]), sur iequel les figures et les inscriptions s’enlèvent en iéger
relief, est constitué, dans toute ia partie inférieure, par ia pierre nue; dans le haut,
au contraire — depuis une ligne qui coupe ia représentation au niveau des genoux
de la princesse assise, et vient ensuite passer sousle plateau du guéridon placé devant
elie, puis sous le signe de la liste des étoffes — ii est recouvert d’un crépi blanc.
Cette blanchenr du fond fait ressortir davantage encore l’éciat et la délicatesse tout
ensemble de ces couieurs dontles artistes égyptiens des bonnes époques se plaisaient
à souligner, afin d’en accenluerle style, les accessoires du costume des personnages,
et les détails des êtres ou des objets figurés par les hiéroglyphes. Elles sont ici con-
servées dans toute leur fraîcheur, et donneraient lieu à de très intéressantes observa-
tions; car, s’il peut sembler parfois qu’elles ont été réparties au gré de la fantaisie
du peintre, ou, tout au moins, suivant les lois, un peu déconcertantes d’abord,
d’une esthétique assez particulière (e’est ainsi que les oiseauxt 2) — exception faite
pour le canard lequel est blanc avec un plumage noir et jaune — sont unifor-
mément peints en jaune clair rehaussé de lignes rouges et de points noirs, ou bien
fiii
de Khoufou, celui de
L. D., II, 19 (mastaba de \ ^. ) et 10a
(mastaba de
O
)•
(2) La tête de l’un de ces oiseaux est séparée du
reste dn corps; est-ce en vertu de cetle idée que la
présence d’êtres vivants dans la tombe aurait pu être
nuisible au mort, et que les images de ces êtres, en
conséquence, devaient être mutilées pour devenir
inoffensives? On sait que les Égyptiens sont allés très
loin dans cette voie, puisqu’ils ont étendu ce prin-
cipe même aux signes Iiiéroglypbiques ; il semble
cependant qu’ils ne l’aient appliqué, d’ordinaire,
qu’aux inscriptions de la cbambre funéraire : cf. Grif-
fith, llieroglyphs, p. 7, et Lacau, Suppressions et
modijîcations de signes dans les textes funéraires ( Aeg.
Zeitsch., LI [1910], p. 1 et suiv.).
CHARLES BOREUX.
[2]
que celle-ci semble n’avoir jamais comporté de champs latéraux plaident, crovons-
nous, pour la seconde hypothèse; mais que le monument, entout cas, provienne hien
d’un mastaba, c’estce qui paraît hors de doute. S’il est possible, cn effet, que les per-
sonnes de la famille royale aient été, à l’origine, ensevelies, tout comine le roi lui-
même, dans des tombeaux qui différaient de ceux des particuliers tant par leur aspect
extérieur que par la distribution de leurs chambres, la distinetion avait déjà cessé
d’être observée au début de l’Ancien Empire, ainsi que le prouvent le mastaba de
petit-fds de Khafrî, etbeaucoup d’autres;
or c’est précisément avec les panneaux de ces tombesh) et des tombes similaires que
le panneau de la collection Curtis offre des analogies évidentes.
Comme la quasi totalité des monuments memphites de cette époque, celui-ci a été
sculpté dans le fin caicaire blanc de Tourah : il mesure o m. 51 de largeur sur o m. 35
de hauteur. Le cham]), sur iequel les figures et les inscriptions s’enlèvent en iéger
relief, est constitué, dans toute ia partie inférieure, par ia pierre nue; dans le haut,
au contraire — depuis une ligne qui coupe ia représentation au niveau des genoux
de la princesse assise, et vient ensuite passer sousle plateau du guéridon placé devant
elie, puis sous le signe de la liste des étoffes — ii est recouvert d’un crépi blanc.
Cette blanchenr du fond fait ressortir davantage encore l’éciat et la délicatesse tout
ensemble de ces couieurs dontles artistes égyptiens des bonnes époques se plaisaient
à souligner, afin d’en accenluerle style, les accessoires du costume des personnages,
et les détails des êtres ou des objets figurés par les hiéroglyphes. Elles sont ici con-
servées dans toute leur fraîcheur, et donneraient lieu à de très intéressantes observa-
tions; car, s’il peut sembler parfois qu’elles ont été réparties au gré de la fantaisie
du peintre, ou, tout au moins, suivant les lois, un peu déconcertantes d’abord,
d’une esthétique assez particulière (e’est ainsi que les oiseauxt 2) — exception faite
pour le canard lequel est blanc avec un plumage noir et jaune — sont unifor-
mément peints en jaune clair rehaussé de lignes rouges et de points noirs, ou bien
fiii
de Khoufou, celui de
L. D., II, 19 (mastaba de \ ^. ) et 10a
(mastaba de
O
)•
(2) La tête de l’un de ces oiseaux est séparée du
reste dn corps; est-ce en vertu de cetle idée que la
présence d’êtres vivants dans la tombe aurait pu être
nuisible au mort, et que les images de ces êtres, en
conséquence, devaient être mutilées pour devenir
inoffensives? On sait que les Égyptiens sont allés très
loin dans cette voie, puisqu’ils ont étendu ce prin-
cipe même aux signes Iiiéroglypbiques ; il semble
cependant qu’ils ne l’aient appliqué, d’ordinaire,
qu’aux inscriptions de la cbambre funéraire : cf. Grif-
fith, llieroglyphs, p. 7, et Lacau, Suppressions et
modijîcations de signes dans les textes funéraires ( Aeg.
Zeitsch., LI [1910], p. 1 et suiv.).