628 Additions
plus loin , et cherche à former à cet égard un nouveau système , qu'il tâche d'ap,-
puyer par deux autres monumens de cette même nature. Il soutient (1) que ce
n'est que par le dialecte que l'ancienne langue égyptienne a différé de la langue
grecque. Suivant le talent que cet écrivain s'étoit arrogé , de trouver des choses
auxquelles personne ne pouvoit penser que lui seul, il ne craint point d'expliquer
ici des passages de l'histoire ancienne à sa manière , et d'y donner un sens forcé ,
pour les faire servir de preuves à ses assertions.
Ç. 11. Il prétend que, suivant Hérodote , le roi Psamméticus fit venir de Grèce
en Egypte des gens qui possédoient parfaitement leur langue , et qui dévoient l'en-
seigner dans toute sa pureté aux Egyptiens ; d'où il conclut qu'on parloit la même
langue dans les deux pays. Cependant l'historien grec nous apprend exactement le
contraire : il dit ( 2 ) expressément que « Psamméticus remit entre les mains des
» Ioniens et des Cariens , qui avoient obtenu la permission de s'établir en Egypte ,
3) des enfans égyptiens pour leur apprendre la langue grecque , si bien que ceux
» qui en sont aujourd'hui dans l'Egypte les truchemens et les interprêtes , sont sortis
« de ces enfans que les Ioniens avoient instruits ».
§.12. Les autres preuves que Kircher a voulu tirer des fréquens voyages des sages
de la Grèce en Egypte , et du commerce des deux nations, ne méritent seulement
pas le nom de conjectures : ces preuves paroissent même d'autant plus hasardées ,
que nous savons, par ce qui est dit de la connoissance que Démocrite avoit ac-
quise dans la langue sacrée des Babyloniens et des Egyptiens (3) , que les sages de la
Grèce se sont toujours appliqués à apprendre la langue des pays qu'ils visitoient.
§. i3. Je ne pense pas non plus que le témoignage de Diodore de Sicile , qui
dit que les premiers habitans de l'Attique (4) étoient une colonie égyptienne , puisse
servir à appuyer l'assertion du père Kircher.
§. 14. L'inscription de notre momie pourroit, à la vérité , donner quelque poids
aux conjectures de Kircher , ou à d'autres de cette nature , si cette momie datoit
en effet d'un tems aussi reculé que le prétend ce jésuite. Cambyse, qui soumit
l'Egypte , fit massacrer une partie des prêtres, et en chassa le reste hors du pais ;
et c'est sur la foi de cet événement que Kircher prétend que ce monarque abolit
le culte des dieux dans tout le royaume , et que par conséquent on cessa , depuis
cette époque , d'y embaumer les morts. C'est encore au témoignage d'Hérodote
qu'il en appelle (5) ; et plusieurs autres écrivains ont ensuite, sur sa parole , copié
fidellement ces passages de l'historien grec. Il y en a même un , entre autres , qui
est allé plus loin : il assure positivement que ce n'est que jusqu'au tems de Cambyse
( 1 ) Kircher, OEdip. I. c. Ejuîdem Pro-
ûrom. Copt. C. 7.
( 2 ) Herodot. hiv. ij , chap. i53.
(3) Diogen. Laert» vit. Dernoc.
(4 ) Diodor. Sic. Lié. j , cap. 2g. edic.
JVessel.
(5) Kircher. OEdip, loc. citât.—Ejusdv
China illustrata. Part, iij , cap. 4 > p- i5i.
plus loin , et cherche à former à cet égard un nouveau système , qu'il tâche d'ap,-
puyer par deux autres monumens de cette même nature. Il soutient (1) que ce
n'est que par le dialecte que l'ancienne langue égyptienne a différé de la langue
grecque. Suivant le talent que cet écrivain s'étoit arrogé , de trouver des choses
auxquelles personne ne pouvoit penser que lui seul, il ne craint point d'expliquer
ici des passages de l'histoire ancienne à sa manière , et d'y donner un sens forcé ,
pour les faire servir de preuves à ses assertions.
Ç. 11. Il prétend que, suivant Hérodote , le roi Psamméticus fit venir de Grèce
en Egypte des gens qui possédoient parfaitement leur langue , et qui dévoient l'en-
seigner dans toute sa pureté aux Egyptiens ; d'où il conclut qu'on parloit la même
langue dans les deux pays. Cependant l'historien grec nous apprend exactement le
contraire : il dit ( 2 ) expressément que « Psamméticus remit entre les mains des
» Ioniens et des Cariens , qui avoient obtenu la permission de s'établir en Egypte ,
3) des enfans égyptiens pour leur apprendre la langue grecque , si bien que ceux
» qui en sont aujourd'hui dans l'Egypte les truchemens et les interprêtes , sont sortis
« de ces enfans que les Ioniens avoient instruits ».
§.12. Les autres preuves que Kircher a voulu tirer des fréquens voyages des sages
de la Grèce en Egypte , et du commerce des deux nations, ne méritent seulement
pas le nom de conjectures : ces preuves paroissent même d'autant plus hasardées ,
que nous savons, par ce qui est dit de la connoissance que Démocrite avoit ac-
quise dans la langue sacrée des Babyloniens et des Egyptiens (3) , que les sages de la
Grèce se sont toujours appliqués à apprendre la langue des pays qu'ils visitoient.
§. i3. Je ne pense pas non plus que le témoignage de Diodore de Sicile , qui
dit que les premiers habitans de l'Attique (4) étoient une colonie égyptienne , puisse
servir à appuyer l'assertion du père Kircher.
§. 14. L'inscription de notre momie pourroit, à la vérité , donner quelque poids
aux conjectures de Kircher , ou à d'autres de cette nature , si cette momie datoit
en effet d'un tems aussi reculé que le prétend ce jésuite. Cambyse, qui soumit
l'Egypte , fit massacrer une partie des prêtres, et en chassa le reste hors du pais ;
et c'est sur la foi de cet événement que Kircher prétend que ce monarque abolit
le culte des dieux dans tout le royaume , et que par conséquent on cessa , depuis
cette époque , d'y embaumer les morts. C'est encore au témoignage d'Hérodote
qu'il en appelle (5) ; et plusieurs autres écrivains ont ensuite, sur sa parole , copié
fidellement ces passages de l'historien grec. Il y en a même un , entre autres , qui
est allé plus loin : il assure positivement que ce n'est que jusqu'au tems de Cambyse
( 1 ) Kircher, OEdip. I. c. Ejuîdem Pro-
ûrom. Copt. C. 7.
( 2 ) Herodot. hiv. ij , chap. i53.
(3) Diogen. Laert» vit. Dernoc.
(4 ) Diodor. Sic. Lié. j , cap. 2g. edic.
JVessel.
(5) Kircher. OEdip, loc. citât.—Ejusdv
China illustrata. Part, iij , cap. 4 > p- i5i.