REMARQUES A PROPOS DE L'ART ÉGYPTIEN
(quatrième articlk 1. )
Depuis longtemps on affirme que l'étude du nu est la prin-
cipale cause du développement de l'art, et on donne les Grecs
pour exemple.
Les Égyptiens ont fait autant et plus de nu que les Grecs,
et bien longtemps avant ceux-ci. La question est donc fort discutable. Une
certaine impuissance à traiter la draperie, le vêtement, coïncide, chez
les Égyptiens, avec cette grande quantité de nu qu'ils ont livrée à la
postérité. Les Égyptiens n'ont su que soupçonner la draperie. Ils indi-
quent la direction, le rayonnement de ses plis autour des diverses par-
ties du corps. Seulement ces plis ne sont que des lignes ; le sculpteur
n'en cherche pas la structure, les épaisseurs. Les Assyriens, qui ont
représenté des personnages très habillés, très vêtus, ayant à peine un
bout de jambe ou de bras qui soit nu, les Assyriens ne sont pas déplus
médiocres artistes que les Egyptiens; ils poussent plus loin l'observation
du mouvement, sont plus hardis à chercher des détails, plus vifs, plus
explicites, donnent mieux les saillies et les inflexions aux membres.
L'art perse, qui a toujours habillé ses personnages du cou jusqu'aux
pieds, où il leur met des souliers, en a été obligé à développer beaucoup
l'observation et le rendu de la draperie, et cette observation, par contre-
coup, l'a conduit à rectifier des erreurs de forme générale, de mouve-
ment , d'emmanchement, de dessin, en un mot, que commettaient
Égyptiens et Assyriens. Les Phéniciens paraissent avoir modelé la dra-
perie avec intelligence et l'avoir parfois dessinée assez bien. Mais est-ce
l'art archaïque grec qui a réagi sur l'art phénicien et l'art perse? Laissons
cela, et répétons que retrouver la forme, le mouvement sous l'habit, est
1. Voir Gazette des Beaux-Arts, 2e période, t. XVII, p. 221, t. XIX, p. 209, et
t. XX, p. 135.
(quatrième articlk 1. )
Depuis longtemps on affirme que l'étude du nu est la prin-
cipale cause du développement de l'art, et on donne les Grecs
pour exemple.
Les Égyptiens ont fait autant et plus de nu que les Grecs,
et bien longtemps avant ceux-ci. La question est donc fort discutable. Une
certaine impuissance à traiter la draperie, le vêtement, coïncide, chez
les Égyptiens, avec cette grande quantité de nu qu'ils ont livrée à la
postérité. Les Égyptiens n'ont su que soupçonner la draperie. Ils indi-
quent la direction, le rayonnement de ses plis autour des diverses par-
ties du corps. Seulement ces plis ne sont que des lignes ; le sculpteur
n'en cherche pas la structure, les épaisseurs. Les Assyriens, qui ont
représenté des personnages très habillés, très vêtus, ayant à peine un
bout de jambe ou de bras qui soit nu, les Assyriens ne sont pas déplus
médiocres artistes que les Egyptiens; ils poussent plus loin l'observation
du mouvement, sont plus hardis à chercher des détails, plus vifs, plus
explicites, donnent mieux les saillies et les inflexions aux membres.
L'art perse, qui a toujours habillé ses personnages du cou jusqu'aux
pieds, où il leur met des souliers, en a été obligé à développer beaucoup
l'observation et le rendu de la draperie, et cette observation, par contre-
coup, l'a conduit à rectifier des erreurs de forme générale, de mouve-
ment , d'emmanchement, de dessin, en un mot, que commettaient
Égyptiens et Assyriens. Les Phéniciens paraissent avoir modelé la dra-
perie avec intelligence et l'avoir parfois dessinée assez bien. Mais est-ce
l'art archaïque grec qui a réagi sur l'art phénicien et l'art perse? Laissons
cela, et répétons que retrouver la forme, le mouvement sous l'habit, est
1. Voir Gazette des Beaux-Arts, 2e période, t. XVII, p. 221, t. XIX, p. 209, et
t. XX, p. 135.