position correspondait réellement à celle de l'œuvre
de Stosz. Divald affirme que le retable de Bystrica
était exécuté en bois de cèdre.44 Ce matériau était
trop coûteux et extrêmement rare pour que cette
information puisse être véridique. Il semble ce-
pendant que la rumeur précitée devait s’appuyer
sur la terminologie baroque qui, souvent, pour
exprimer la splendeur d’une œuvre, qualifiait le
matériau utilisé de ,,cèdre“. Le retable de Notre-
Dame de Banská Bystrica fut brûlé en 176].
Dans les documents des années 1688—1696, nous
apprenons que les sculptures auraient été si pleines
24. Les Pères de l’Église de l’encedrement de l’arche du
retable de Notre Dame à Cracovie.
d’expression que l’on tardait à les polychromer.45
Il n’est même pas resté de projet de cette œuvre.
Mais les corrélations qui existaient entre le retable
cracovien de Stosz réalisé au cours des années
80 du XVe siècle et le retable de Notre-Dame
de Banská Bystrica projeté sans doute en cette
même période, sont confirmées encore par la mé-
diation de Thurzo, agent de liaison commercial
et par là même culturel entre les villes minières
et Cracovie. Dans cette situation, l’observation
de Divald sur la possibilité que Stosz ait travaillé
à Banská Bystrica ne semble pas dénuée de fon-
dement. Divald a en effet, attiré l’attention à juste
raison, sur la période de la vie de Stosz où celui-ci
a quitté Cracovie pour une affaire. Divald, soit
dit en passant, date faussement le séjour de Stosz
en dehors de Cracovie, car Stosz est parti en
novembre 1486 jusqu’à juillet 1487 à Nuremberg
et „in aliénas provincias“.46 Ce chercheur raisonne
à juste raison que Jan Thurzo, en tant que con-
seiller de Cracovie, ne laisserait pas partir Stosz
avant qu’il ait terminé le retable de Cracovie
ailleurs qu’à Banská Bystrica liée à la première.47
Dettloff nie la possibilité que Stosz ait pu pendant
ces 9 mois de 1488 effectuer un travail de sculpture
à Nuremberg.48 L’expression „in aliénas provincias“
donne plus de vraisemblance au départ de Stosz
à Banská Bystrica qui était, sans nul doute, une
province par rapport aux centres artistiques de
l’envergure de Cracovie ou Nuremberg. Il est
possible que l’éventuel séjour de Stosz dans cette
ville minière ait eu un rapport avec le projet
du grand retable qui devait être inspiré par sa
propre œuvre. Thurzo qui connaissait déjà de
l’atelier cracovien la valeur de l’œuvre de Stosz
désirait très certainement confier au maître la
commande du retable de Bystrica. Il est bon de
noter que le plus proche collaborateur de Stosz,
Bernard Goltschloher, orfèvre employé au retable
de Notre-Dame de Cracovie, était lié en même
temps à Banská Bystrica où il avait marié sa fille
au pharmacien de la localité.40 Le grand retable
de la Dormition de Marie à Banská Bystrica
ne s’est pas conservé, mais il est resté un autre
retable, celui de Ste-Barbe qui est une intéressante
symbiose des traits du style de Paul de Levoča
et de ceux de l’atelier cracovien de Stosz. Selon
la date découverte sur le cadre des volets extérieurs,
le retable de Ste-Barbe a été créé en 1509.50 Le
trait le plus caractéristique de l’atelier cracovien
de Stosz est peut-être ici la forte accentuation
du motif en conque de la draperie qui, sous le bras
droit de Ste-Barbe du compartiment central du
retable rappelle de façon frappante celle de la
figure de la Madonne de Grybow. Schürer reconnaît
la main de Paul dans le modelé de la tête de St-
-Jérôme du retable de Ste-Barbe.51 Le visage
de St-Jérôme a cette expression caractéristique
aux figures de Paul, ce regard somnambule qui
le rapproche de St-Joseph du groupe de Noël de
Levoča. Quant à la composition de la figure et à
ses filiations morphologiques, elles évoquent le
modèle cracovien. C’est le buste de St-Jérôme
du groupe des Pères de l’église des coins de l’arche
84
de Stosz. Divald affirme que le retable de Bystrica
était exécuté en bois de cèdre.44 Ce matériau était
trop coûteux et extrêmement rare pour que cette
information puisse être véridique. Il semble ce-
pendant que la rumeur précitée devait s’appuyer
sur la terminologie baroque qui, souvent, pour
exprimer la splendeur d’une œuvre, qualifiait le
matériau utilisé de ,,cèdre“. Le retable de Notre-
Dame de Banská Bystrica fut brûlé en 176].
Dans les documents des années 1688—1696, nous
apprenons que les sculptures auraient été si pleines
24. Les Pères de l’Église de l’encedrement de l’arche du
retable de Notre Dame à Cracovie.
d’expression que l’on tardait à les polychromer.45
Il n’est même pas resté de projet de cette œuvre.
Mais les corrélations qui existaient entre le retable
cracovien de Stosz réalisé au cours des années
80 du XVe siècle et le retable de Notre-Dame
de Banská Bystrica projeté sans doute en cette
même période, sont confirmées encore par la mé-
diation de Thurzo, agent de liaison commercial
et par là même culturel entre les villes minières
et Cracovie. Dans cette situation, l’observation
de Divald sur la possibilité que Stosz ait travaillé
à Banská Bystrica ne semble pas dénuée de fon-
dement. Divald a en effet, attiré l’attention à juste
raison, sur la période de la vie de Stosz où celui-ci
a quitté Cracovie pour une affaire. Divald, soit
dit en passant, date faussement le séjour de Stosz
en dehors de Cracovie, car Stosz est parti en
novembre 1486 jusqu’à juillet 1487 à Nuremberg
et „in aliénas provincias“.46 Ce chercheur raisonne
à juste raison que Jan Thurzo, en tant que con-
seiller de Cracovie, ne laisserait pas partir Stosz
avant qu’il ait terminé le retable de Cracovie
ailleurs qu’à Banská Bystrica liée à la première.47
Dettloff nie la possibilité que Stosz ait pu pendant
ces 9 mois de 1488 effectuer un travail de sculpture
à Nuremberg.48 L’expression „in aliénas provincias“
donne plus de vraisemblance au départ de Stosz
à Banská Bystrica qui était, sans nul doute, une
province par rapport aux centres artistiques de
l’envergure de Cracovie ou Nuremberg. Il est
possible que l’éventuel séjour de Stosz dans cette
ville minière ait eu un rapport avec le projet
du grand retable qui devait être inspiré par sa
propre œuvre. Thurzo qui connaissait déjà de
l’atelier cracovien la valeur de l’œuvre de Stosz
désirait très certainement confier au maître la
commande du retable de Bystrica. Il est bon de
noter que le plus proche collaborateur de Stosz,
Bernard Goltschloher, orfèvre employé au retable
de Notre-Dame de Cracovie, était lié en même
temps à Banská Bystrica où il avait marié sa fille
au pharmacien de la localité.40 Le grand retable
de la Dormition de Marie à Banská Bystrica
ne s’est pas conservé, mais il est resté un autre
retable, celui de Ste-Barbe qui est une intéressante
symbiose des traits du style de Paul de Levoča
et de ceux de l’atelier cracovien de Stosz. Selon
la date découverte sur le cadre des volets extérieurs,
le retable de Ste-Barbe a été créé en 1509.50 Le
trait le plus caractéristique de l’atelier cracovien
de Stosz est peut-être ici la forte accentuation
du motif en conque de la draperie qui, sous le bras
droit de Ste-Barbe du compartiment central du
retable rappelle de façon frappante celle de la
figure de la Madonne de Grybow. Schürer reconnaît
la main de Paul dans le modelé de la tête de St-
-Jérôme du retable de Ste-Barbe.51 Le visage
de St-Jérôme a cette expression caractéristique
aux figures de Paul, ce regard somnambule qui
le rapproche de St-Joseph du groupe de Noël de
Levoča. Quant à la composition de la figure et à
ses filiations morphologiques, elles évoquent le
modèle cracovien. C’est le buste de St-Jérôme
du groupe des Pères de l’église des coins de l’arche
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