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de la belle peintare de vase je ne puis pas profiter de la
conjeclure de Mr. Avellino, qu'elle puisse èlre tirée de
quelque tragedie et notamment du Térée de Sophocle.
Je ne connais pas de tragèdie, qui eùt traité cette partie
anlérieure de 1' histoire, et je ne crois pas mème qu'elle
soit propre à l'art draraatique. Je vois bien dans le Di-
clionnaire de Pollux (4, i4-7) Apaté parrai les masques
du théalre, comme la Lyssa d'Euripide ; mais il peut
avoir eù son róle dans dautres tragédics ou coinédies :
et nous avons l'exemple de la fable de Médée peinle sur
le grand vaso deCanosa, où YEstro (OTstpos) est
peint sans qu'il ait ètè employé, à ce qu'il parait, dans
ce sujet sur le théatre. Néanmoins il est trés possible ,
otte Sophocle ait introduit I'Apaté vers la fin de la tra-
gedie dans le récit du serviteur de ce qui s' est passe
longtems avant, discours dont plusieurs fragmens se
sont conservés. Quant aux ciseaux, dont la forme a été
si bien discutée par Mr. Avellino , on en voit une sorte
differente enlre les mains d'Atropos sur lo beau basre-
lief des trois Parqucs, qui se trouve dans le chaleau de
feu le baron Guillaume de Humboldt à Tegel près de
Berlin.

A présent que je vous ai communiqué ma conjecture
sur l'idée de notre composition , je ne puis pas me re-
fuser d'en faire valoir un peti plus le mérite d'après la
manière dont je la concois. Je suppose donc que le ta-
bleau originai forma un ensemble, les dames en voiture
allant en avant. Térée à cbeval, contre l'usage d' au-
tres rois voyageurs (comme roi d'un peuple bou ca-
valier, qHitiiroi ©pYpts?, dans le Térée de Sophocle
rnème, à ce que Mr. Avellino a déjà observé), est à leur
suite, suivi lui mème de sa garde à pied , lorsque tout
d'un coup Apaté comparait au beau milieu du train ,
arrète Térée, lui suggère une mauvaise pensée, et cora-
me il fait quelque résisfance, qui est reconnaissable aa
mouvement de son bras, parcequ'il craint la découverte,
les suiles d'une jouissance que d1 ailleurs il ne repousse-
rait pas, elle lui indique le moyen de se défendre de ce
danger et d'empècher que le crime à commettre soit
revélé à son épouse, au roi d Athènes. C est ainsi que la
prolepse des ciseaux , qui sans cela pourrait parailre
trop hazardée, se juslifìe parfaitement, et il semble
caéiiie, que le geste qu' Apaté fait avec deux doigts de

sa main droite, nous représente encore ce doni elle parie
dans ce moment décisif. Ce qui se passe en Térée est
transmis à une personne allégorique, est objectivé, à ce
qu'on se plait à dire chez nous; et la suite naturelle en
est, que les autres aussi s'en appercoivent, que Philo-
méla se hàte à se soustraire à la convoilise de Térée ,
qu'elle fait coiirir les chevaux, que les gardes s'épou-
vantent et s'indignent. Mais en oulre il se pourrait bien
que l'artiste ait voulu renforcer l'effet d'un démon de
celte nature par une influence magique, qu'il étend
jusqu'aux chevaux , commele crime d'Atrée l'exerca
sur loute la nature.

Car comme le cheval de Térée s'effarouche, apparem*
meni pas parcequ'il est irrilé par Térée , dans le quel
Apatè,y\vo\ d'exciter un feu pernicieux, mais par le
senliment qu'il a d'elle immédiatement, comme d'un
speclre, ainsi les chevaux des deux voitures aussi sera-
blenl prendre le mors aux dents, les auriges, l'un cora-
me l'autre, les caressent en touchant la crinière , et la
compagne de Philoméla semble vouloir la rassurer.
J'espòre que vous ne trouverez rien de forcé dans cotte
explication de l'aclion, des attitudes, des gestes, mais
pluteit que sous ce point de vue ou dans cette hypothèse
il y a un assez bon accord entre toules les personnes du
tableau et que les gesles sont tout aulrement expressifs
que d'après les supposilions de Mr. Roulez. Il pense
qn'Apalé signifie l'ordre de s'arréter a Térée (suppose
comme persecuteur des deux soeurs après le meurtre de
son fils), qu' il lève la main en signe d'étonnement,
que son cheval soit simplement lancé au galop. Ce n'est
pas indifférent que je ne reconnais pas non plus un air
farouche et sauvage à la physionomie de Térée. Mais
s'il n'y a rien d'arbitraire dans ce que je vous propose,
et si j' ai bien saisi l'idée du peintre, il me semble qu'on
pourra citer son tableau comme un excellent exemple de
ce caraclère symbolique, pas encore assez étudié et ap-
précié, de l'art des anciens Grecs , et originairement de
leur mylhologie et de leur poesie primitive, ou comme
une de ces inventions ingénieuses et subtiles, par les
quelles ils savoient mélamorphoser les phénomènes mo-
raux en des ètres visibles et concentrer la succession des
choses réelles dans on moment idéal. Et puis quelle
profondeur de refbxion el quelle délicatesse de gout qui
 
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