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Bourgery, Jean Baptiste Marc; Jacob, Nicolas Henri [Editor]
Traité complet de l'anatomie de l'homme: comprenant la médicine opératoire (Band 5, Text): Anatomie descriptive et physiologique: organes de la digestion, de la dépuration urinaire et de la génération, embryotomie — Paris, 1839

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https://doi.org/10.11588/diglit.18362#0166
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160 APPAREIL

principalement sous l'influence de pressions habituelles telles
que celles qui sont déterminées par l'usage des corsets. Le refou-
lement des organes digestifs par des grossesses réitérées peut
également être suivi de quelques changemens dans la forme et le
volume de ce viscère. Chez les vieillards, il se présente sous le
même aspect que dans l'âge adulte ; mais il est plus flasque,
pâle, mou et plus épais dans sa texture, en raison de la laxité de
de ses deux feuillets vasculo-nerveux. L'anneau musculeux de sa
valvule pylorique est un peu plus épais et plus développé. Sa
membrane muqueuse, molle et grisâtre, est moins vasculaire.

Fonctions de Vestomac.

Ce viscère est l'organe essentiel de la chymification, c'est-à-
dire de l'acte physico-chimique par lequel les alimens et les
boissons de toute sorte sont convertis uniformément en une
pâte homogène, demi-fluide, de couleur grisâtre, et que l'on
nomme chyme.

Des expériences sans nombre ont montré depuis longtemps,
comme cela devait être, que la double influence dynamique et
chimique nécessaire à la transformation des alimens en chyme,
est exercée par les nerfs pneumo-gastriques. Nous avons vu
plus haut le mode d'action par lequel la membrane musculaire
de l'estomac, ses deux orifices et ses diverses cavités concourent
à la dilution mécanique et au mélange des substances alimen-
taires et à la transvasion du chyme confectionné de la cavité de
l'estomac dans celle du duodénum. La part d'action chimique
nécessaire à la chymification est beaucoup plus complexe.

Spallanzani, le premier (1772), démontra l'existence d'un
fluide stomacal ou suc gastrique, dissolvant des substances ali-
mentaires et à l'aide duquel il parvenait à produire au dehors
de l'estomac, des simulacres de chymification artificielle. Depuis,
des expériences innombrables ont été faites sur le suc gastrique
extrait de l'estomac. Le meilleur est celui que l'on obtient par
l'ingestion naturelle des alimens dans l'estomac d'un animal qui
vient de manger, c'est-à-dire chez lequel la pâte alimentaire a
subi les actes préparatoires delà mastication, de la déglutition,
et se trouve ainsi mêlée aux divers fluides salivaires et œsopha-
giens. Dans ces conditions normales de stimulation de la mu-
queuse stomacale, la production du suc gastrique est très
prompte et son abondance extrême. En ouvrant l'estomac sur
l'animal vivant, toute la surface muqueuse , turgescente et d'un
rouge vif, exsude en nappe le suc digestif dont la quantité est
bientôt considérable. Examiné à l'état frais, c'est un liquide
limpide, incolore, de saveur acide et saline, et, s'il n'est pas
filtré, montrant sous le microscope des flocons de mucus et
des débris de cellules épithéliales. Soumis à l'analyse chimique,
il fournit 98 centièmes d'eau, et pour les deux autres centièmes
il se compose : i° de divers acides libres, chlorhydrique, acé-
tique, butirique (Tiedmann et Gmelin), phosphorique, sulfu-
rique (Silliman), de mucus, d'osmazone (Thénard), de diverses
substancesanimales solubles dans l'eau ou l'alcool, et enfin de
sels minéraux, chlorures, phosphates (de soudes, de potasse, de
chaux, de magnésie, d'ammoniaque), de carbonates et de sul-
fates (de chaux, de magnésie, de fer).

DIGESTIF.

Tant que les analyses du suc gastrique se sont ainsi bornées
à ne faire connaître que des données générales, c'est exclusive-
ment aux acides que Tiedmann et Gmelin, et, d'après eux, tous
les physiologistes, avaient rapporté l'action dissolvante si énergi-
que du suc gastrique. Eberle i 1824) fit unpasdeplus en montrant
que cette propriété devait être rapportée à un mucus particulier,
c'est-à-dire à une matière animale spéciale, qu'il obtenait du
lavage à l'eau froide des muqueuses stomacales et plus spéciale-
ment de celle du quatrième estomac ou de la caillette du veau.
Mais une découverte bien plus importante est celle de Schwann,
d'une matière animale particulière, la pepsine, qui jouit au plus
haut degré de la propriété décomposante, dissolvante, on
pourrait presque dire chjmifiabie, des substances alimentaires
végétales et animales. Toutefois il importe de remarquer que,
dans les digestions artificielles, pour que la pepsine jouisse de
toute son activité, encore faut-il qu'elle soit aidée par la pré-
sence des acides, surtout le chlorhydrique. D'où il suit que ce
serait dans l'action simultanée de ces agens, la pepsine et l'acide
chlorhydrique que résiderait principalement la faculté digestive
du suc gastrique, d'où le nom de suc gastrique ai-tificiel que les
physiologistes allemands donnent à cette combinaison. Ce
liquide filtré, témoigne dans un vase de ses propriétés dissol-
vantes, et les conserve sans altération pendant plusieurs mois.
Quant au mode d'action propre à chacun des deux composés
essentiels du suc gastrique artificiel : la pepsine seule ne dissout,
au moins rapidement, que les substances animales qui ont de
l'affinité avec l'albumine, comme la fibrine et la caséine. A
l'état acide, elle dissout la caséine coagulée, le gluten, et on
dit aussi la gélatine. Mais la question de la chymification amenée
à ce point fournit-elle un résultat complet? Non, certainement ;
il est encore beaucoup de substances que la pepsine acide ne
dissout qu'incomplètement ou pas du tout. Ici, les physiologistes
de l'école allemande font intervenir l'action des sels et des di-
verses matières animales encore inconnues, et au-dessus de tout
domine aussi l'action nerveuse ; c'est- à-dire que la question chi-
mique de la chymification est loin encore d'être suffisamment
éclaircie ; mais constatons pourtant qu'elle a fait, dans ces der-
niers temps, des progrès remarquables.

En somme, il est évident que le suc gastrique est un fluide
particulier et jouissant de propriétés dissolvantes des substances
alimentaires accommodées à l'acte de la chymification. Sa com-
position très complexe et les variétés de matières animales que
l'on y a signalées donnent lieu d'espérer que la chimie pourra
y découvrir encore de nouveaux principes doués de propriétés
chimiques toutes spéciales. En 1843, M. Payen en a signalé un
nouveau ; il serait donc à désirer que de nouvelles recherches
fussent poursuivies dans cette direction. Maintenant pouvons-
nous nous demander par quels organules est sécrété le suc gas-
trique? Iïuschke qui ne connaît que les glandules tubuleuses
les gratifie sans hésiter de cette importante fonction. Pour moi
qui ai reconnu quatre sortes d'organules dans la couche spon-
gieuse sous-épithéliale de la muqueuse stomacale, il me paraît
tomber sous le sens que chacun doit être l'organe sécréteur de
quelque liquide particulier dont le mélange constitue le liquide
commun, chargé de tant d'élémens divers que l'on recueille sous
le nom générique de suc gastrique.
 
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