STRABISME. xxj
Ja division du muscle, objet de l'opération; et enfin , entre les l'insuffisance actuelle des connaissances dans un sujet encore
mains de son auteur, chirurgien cependant d'une incontestable aussi nouveau, nous allons du moins extraire ce qu'on en sait,
habileté, la section intérieure des vaisseaux sanguins est assez en prenant surtout pour guide M. Baudens, de tous les praticiens
grave pour que l'opération soit toujours suivie d'une énorme ec- celui qui a le plus éclairé cette question: i° dans le strabisme
chymose, parfois très longue à se résoudre. interne et supérieur il y a des cas où la section du grand oblique
a été nécessaire, mais il n'est point dit s'il existait une saillie de
section de plusieurs muscles. l'œil qui ait pu la faire préjuger à l'avance, i" Dans le strabisme
externe et supérieur, il est assez commun que l'on soit obligé
Si déjà, en traitant des sections partielles, nous nous sommes de couper ultérieurement le petit oblique , l'œil après la section
trouvé dans l'embarras de discerner le vrai au milieu d'alléga- des muscles droits externe et supérieur continuant à se porter en
tions contradictoires, la question devient beaucoup plus épi- haut et en dehors; mais alors on se demande, s'il n'y a pas de
neuse en ce qui concerne les sections multiples, où le sujet étant cas où ce serait précisément le petit oblique seul qui causerait
plus complexe, les élémens de diagnostic sont plus nombreux la déviation, ce qui rendrait inutile la section des deux autres,
et les opinions , entre les divers praticiens, plus divergentes, 3 ' Un autre cas du même genre de déviation , cité par M. Bau-
sans que, pour s'établir juge au milieu de ces débats, on ait dens , offre un sens beaucoup plus clair; la section du droit ex-
d'autres armes que les opinions elles-mêmes, fortifiées toutefois terne produit une amélioration; après celle du droit supérieur
par un examen approfondi des conditions anatomiques et phy- la déviation en haut est beaucoup moins sensible; enfin celle
siologiques qui se rapportent au sujet. Comme on doit s'y atten- du petit oblique amène le redressement complet de l'œil. Ici les
dre, à priori, c'est dans les cas les plus simples que l'accord est trois sections paraissent avoir été nécessaires; mais dans ce cas,
le plus unanime; mais les oppositions surgissent et fourmillent comme dans celui qui précède, on ne sait encore à quels signes
à mesure qu'on entre dans les sujets plus complexes. Ce sera, ce qu'il convenait de faire aurait pu être précisé à l'avance,
comme nous le verrons plus loin, à déterminer à l'avance ces
cas embarrassans qu'il convient de s'attacher principalement; Section de quatre muscles.
la prudence alors, pour éviter tous les accidens consécutifs,
nous paraissant devoir prescrire d'arrêter et de restreindre, au- A mesure que la question se complique , l'obscurité devient
tant qne possible, le nombre et la succession des opérations plus grande. Suivant M. Dufresse, qui avoue nettement l'igno-
subséquentes et la limite que l'on ne doit pas franchir; mais il rance commune à cet égard , on ne peut assurer d'avance com-
faut avouer qu'une semblable précision, dans le diagnostic, bien de muscles on sera obligé de couper. On ne peut que prévoir
n'est pas encore obtenue dans l'état actuel de la science. le cas de sections multiples , sauf à se guider pendant l'opération
sur le mode de déviation pour couper tel ou tel muscle. La seule
i° Section de deux ou trois muscles. réserve de l'auteur consiste à ne couper les obliques qu'en der-
nier, lorsque celle des muscles droits est insuffisante; il faut l'a-
Nous avons peu de chose à ajouter à ce que nous avons déjà vouer, une pareille déclaration, si vraiment elle représentait
dit à cet égard. Si, dans la plupart des cas , le strabisme direct l'état des connaissances, serait bien propre à prescrire, avant tout,
peut être redressé par la section isolée du seul muscle correspon- la prudence. Toutefois cette déclaration ne saurait être prise dans
dant, soit le droit interne, par exemple, dans le strabisme con- un sens trop absolu. M. Baudens donne à cet égard des hidica-
vergent; il est, comme nous le savons, d'autres cas où, par une tions plus précises,
habitude vicieuse des deux muscles voisins, il devient nécessaire
aussi de les couper, soit les muscles droits supérieur et infé- i° Strabisme convergent. Le cas particulier est celui-ci: « Le
rieur pour l'exemple que nous avons cité. Pareillement, dans les globe oculaire est tellement divisé que la prunelle se cache pres-
strabismes obliques ou en diagonale, il est tout simple de cou- que entièrement dans l'angle interne de l'œil. Vous fermez la
per les deux muscles droits dont le strabisme semble la résul- paupière de l'œil sain , et l'œil strabique ne peut se redresser que
tante moyenne : ex. les muscles droits interne et supérieur, peu ou pas du tout. » Dans ce cas, il est arrivé parfois que la
interne et inférieur ou externe et supérieur, pour les strabismes section du droit interne, accompagnée d'un large débridement du
de même dénomination. C'est pourtant dans ces conditions, en fascia, ait suffi pour redresser l'œil; mais quand cette première
apparence des plus claires , que se présentent les difficultés. Tout tentative a été sans effet, il a fallu, pour obtenir un redresse-
le monde, en pareil cas , commence, comme nous venons de le ment complet, couper les deux muscles droits supérieur et infé-
dire, par la section des muscles dont la déviation semble la ré- rieur, puis le tendon du grand oblique qui continuait à soulever
sultante; et, cependant, c'est par la non-réussite ou la produc- l'œil en dedans. La même opération a eu le même résultat sur plus
tion d'une déviation nouvelle, ces deux premières sections étant de vingt opérés; niais a eu pour effet une légère exophthalmie. »
opérées, que les chirurgiens ont été induits à procéder successi-
vement à une troisième, puis une quatrième , enfin une cin- a° Strabisme divergent. La section de quatre muscles est éga-
quième section, à mesure que la dernière pratiquée se trou- lement applicable à la déviation oculaire en dehors, «quand
vait insuffisante. Si on consulte, à cet égard , les chirurgiens qui elle est tellement forte que l'œil dévié peut à peine faire quelques
ont écrit les résultats de leur pratique, il devient presque impos- mouvemens en dedans. Dans ce cas , il faut diviser successivement
sible, entre des cas variés , racontés sous la préoccupation d'o- les muscles droit externe et petit oblique, examiner de nouveau
pinions très différentes, de démêler un diagnostic, et de distinguer l'opéré , et si la déviation n'a pas cédé de la manière la plus fran-
dans quelle circonstance l'un ou l'autre a bien ou mal fait, et che, faire de nouveau la section des muscles droits inférieur et
n'a point pratiqué, en dernier lieu, telle section qui en aurait évité supérieur.» Ce genre de strabisme, du reste, est plus rare que
une ou plusieurs autres. Au reste, tout en constatant, à cet égard, le précédent, et ne s'est offert à l'auteur que dans la proportion
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Ja division du muscle, objet de l'opération; et enfin , entre les l'insuffisance actuelle des connaissances dans un sujet encore
mains de son auteur, chirurgien cependant d'une incontestable aussi nouveau, nous allons du moins extraire ce qu'on en sait,
habileté, la section intérieure des vaisseaux sanguins est assez en prenant surtout pour guide M. Baudens, de tous les praticiens
grave pour que l'opération soit toujours suivie d'une énorme ec- celui qui a le plus éclairé cette question: i° dans le strabisme
chymose, parfois très longue à se résoudre. interne et supérieur il y a des cas où la section du grand oblique
a été nécessaire, mais il n'est point dit s'il existait une saillie de
section de plusieurs muscles. l'œil qui ait pu la faire préjuger à l'avance, i" Dans le strabisme
externe et supérieur, il est assez commun que l'on soit obligé
Si déjà, en traitant des sections partielles, nous nous sommes de couper ultérieurement le petit oblique , l'œil après la section
trouvé dans l'embarras de discerner le vrai au milieu d'alléga- des muscles droits externe et supérieur continuant à se porter en
tions contradictoires, la question devient beaucoup plus épi- haut et en dehors; mais alors on se demande, s'il n'y a pas de
neuse en ce qui concerne les sections multiples, où le sujet étant cas où ce serait précisément le petit oblique seul qui causerait
plus complexe, les élémens de diagnostic sont plus nombreux la déviation, ce qui rendrait inutile la section des deux autres,
et les opinions , entre les divers praticiens, plus divergentes, 3 ' Un autre cas du même genre de déviation , cité par M. Bau-
sans que, pour s'établir juge au milieu de ces débats, on ait dens , offre un sens beaucoup plus clair; la section du droit ex-
d'autres armes que les opinions elles-mêmes, fortifiées toutefois terne produit une amélioration; après celle du droit supérieur
par un examen approfondi des conditions anatomiques et phy- la déviation en haut est beaucoup moins sensible; enfin celle
siologiques qui se rapportent au sujet. Comme on doit s'y atten- du petit oblique amène le redressement complet de l'œil. Ici les
dre, à priori, c'est dans les cas les plus simples que l'accord est trois sections paraissent avoir été nécessaires; mais dans ce cas,
le plus unanime; mais les oppositions surgissent et fourmillent comme dans celui qui précède, on ne sait encore à quels signes
à mesure qu'on entre dans les sujets plus complexes. Ce sera, ce qu'il convenait de faire aurait pu être précisé à l'avance,
comme nous le verrons plus loin, à déterminer à l'avance ces
cas embarrassans qu'il convient de s'attacher principalement; Section de quatre muscles.
la prudence alors, pour éviter tous les accidens consécutifs,
nous paraissant devoir prescrire d'arrêter et de restreindre, au- A mesure que la question se complique , l'obscurité devient
tant qne possible, le nombre et la succession des opérations plus grande. Suivant M. Dufresse, qui avoue nettement l'igno-
subséquentes et la limite que l'on ne doit pas franchir; mais il rance commune à cet égard , on ne peut assurer d'avance com-
faut avouer qu'une semblable précision, dans le diagnostic, bien de muscles on sera obligé de couper. On ne peut que prévoir
n'est pas encore obtenue dans l'état actuel de la science. le cas de sections multiples , sauf à se guider pendant l'opération
sur le mode de déviation pour couper tel ou tel muscle. La seule
i° Section de deux ou trois muscles. réserve de l'auteur consiste à ne couper les obliques qu'en der-
nier, lorsque celle des muscles droits est insuffisante; il faut l'a-
Nous avons peu de chose à ajouter à ce que nous avons déjà vouer, une pareille déclaration, si vraiment elle représentait
dit à cet égard. Si, dans la plupart des cas , le strabisme direct l'état des connaissances, serait bien propre à prescrire, avant tout,
peut être redressé par la section isolée du seul muscle correspon- la prudence. Toutefois cette déclaration ne saurait être prise dans
dant, soit le droit interne, par exemple, dans le strabisme con- un sens trop absolu. M. Baudens donne à cet égard des hidica-
vergent; il est, comme nous le savons, d'autres cas où, par une tions plus précises,
habitude vicieuse des deux muscles voisins, il devient nécessaire
aussi de les couper, soit les muscles droits supérieur et infé- i° Strabisme convergent. Le cas particulier est celui-ci: « Le
rieur pour l'exemple que nous avons cité. Pareillement, dans les globe oculaire est tellement divisé que la prunelle se cache pres-
strabismes obliques ou en diagonale, il est tout simple de cou- que entièrement dans l'angle interne de l'œil. Vous fermez la
per les deux muscles droits dont le strabisme semble la résul- paupière de l'œil sain , et l'œil strabique ne peut se redresser que
tante moyenne : ex. les muscles droits interne et supérieur, peu ou pas du tout. » Dans ce cas, il est arrivé parfois que la
interne et inférieur ou externe et supérieur, pour les strabismes section du droit interne, accompagnée d'un large débridement du
de même dénomination. C'est pourtant dans ces conditions, en fascia, ait suffi pour redresser l'œil; mais quand cette première
apparence des plus claires , que se présentent les difficultés. Tout tentative a été sans effet, il a fallu, pour obtenir un redresse-
le monde, en pareil cas , commence, comme nous venons de le ment complet, couper les deux muscles droits supérieur et infé-
dire, par la section des muscles dont la déviation semble la ré- rieur, puis le tendon du grand oblique qui continuait à soulever
sultante; et, cependant, c'est par la non-réussite ou la produc- l'œil en dedans. La même opération a eu le même résultat sur plus
tion d'une déviation nouvelle, ces deux premières sections étant de vingt opérés; niais a eu pour effet une légère exophthalmie. »
opérées, que les chirurgiens ont été induits à procéder successi-
vement à une troisième, puis une quatrième , enfin une cin- a° Strabisme divergent. La section de quatre muscles est éga-
quième section, à mesure que la dernière pratiquée se trou- lement applicable à la déviation oculaire en dehors, «quand
vait insuffisante. Si on consulte, à cet égard , les chirurgiens qui elle est tellement forte que l'œil dévié peut à peine faire quelques
ont écrit les résultats de leur pratique, il devient presque impos- mouvemens en dedans. Dans ce cas , il faut diviser successivement
sible, entre des cas variés , racontés sous la préoccupation d'o- les muscles droit externe et petit oblique, examiner de nouveau
pinions très différentes, de démêler un diagnostic, et de distinguer l'opéré , et si la déviation n'a pas cédé de la manière la plus fran-
dans quelle circonstance l'un ou l'autre a bien ou mal fait, et che, faire de nouveau la section des muscles droits inférieur et
n'a point pratiqué, en dernier lieu, telle section qui en aurait évité supérieur.» Ce genre de strabisme, du reste, est plus rare que
une ou plusieurs autres. Au reste, tout en constatant, à cet égard, le précédent, et ne s'est offert à l'auteur que dans la proportion
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