CHRONIQUE DES ARTS.
5
3° Mentions, représentées par la médaille
d’argent de la Société.
Ces récompenses seront décernées dans
la Séance publique annuelle de la Société.
Nota.—Pour les renseignements, s’adres-
ser aux bureaux de la Revue Artistique, or-
gane de la Société, rue Bréa, 5; et chez
M. P.-B. Fournier, président, rue Galilée-,
57 (Champs-Elysées).
NÉCROLOGIE.
Ci-iarlerie (Hippolyte de la) est mort à
Bruxelles à l’âge de quarante ans environ.
Il était depuis Longtemps fixé à Paris. On
lui doit plusieurs illustrations de livres par-
mi lesquelles nous signalerons celles d’un
Paul et Virginie.
Wauters (Charles-Augustin), né en 1811
à Boom, près Anvers, mort à Malines où il
était professeur de l’Académie.
George (Jones), peintre anglais de batailles,
né en 1785. Il fut directeur de l’Académie
royale.
Rosemberg (Georges), paysagiste et aqua-
relliste distingué.
Blanchard (Melchior), peintre; né à Clair-
vaux (Aube) le 3 septembre 1819, décédé à
Paris le 14 novembre. Cet artiste n’a jamais
pris part à nos expositions.
David (Charles), peintre de miniatures et
de paysages; né à Avignon en 1798, vient
d’y mourir au mois de novembre. Cet artiste,
qui n’a figuré à aucun de nos Salons, était
le frère aîné de M. Félicien David.
E. B. de L.
NOUVELLES.
L’architecte titulaire de la ville d’El-
beuf ayant donné sa démission et cet emploi
étant à la veille d’être vacant, les candidats
qui réunissent les connaissances théoriques
et pratiques exigées pour ces importantes
fonctions sqnt invités à déposer, d’ici au
10 janvier prochain, au secrétariat de la
mairie d’Elbeuf, leur demande avec titres à
l'appui.
*
* *
Le Cercle des Beaux-Arts vient de procé-
der au renouvellement de son bureau pour
l’année 1870. Ont été nommés: président,
M. P. Tillier, artiste peintre; vice-présidents,
MM. Darrien et Laurencin; secrétaire géné-
ral, M. Ledoux; trésorier, M. Bouniot, et
secrétaires, MM. Chapelle et Persoy.
*
* *
A peine l’exposition posthume de l’œuvre
de Paul Huet sera-t-elle terminée qu’il s’en
ouvrira une autre qui n’offrira pas un moin-
dre intérêt. Les amis de notre grand paysa-
giste Jules Dupré ont recueilli une grande
quantité de ses tableaux et de ses dessins,
et cette brillante série de paysages énergi-
ques sera prochainement visible dans les
nouvelles galeries de M. Durand-Ruel.
• A ce propos, notre collaborateur M. Phi-
lippe Burty , qui prépare une étude sur
M. Jules Dupré et son œuvre, se recom-
mande a la bienveillance des amateurs qui
auraient à lui communiquer des documents
ou des renseignements.
*
* *
M. Magaud vient d’être nommé directeur
de l’École des Beaux-Arts de Marseille, en
remplacement de M. Jeanron , démission-
naire.
* .
* *
Les encouragements ne manquent pas au
musée de Lille. Cette importante galerie a
reçu tout récemment : de M. Brandon, le
Baiser de la mère de Moïse; de M. Corot, un
grand paysage, une Fêle rustique, et de
M. Leullier, les Inondés de la Loire. De son
côté le gouvernement, à l’occasion de la
fête du 15 août, a envoyé le Matin dans les
bois (Sèvres), de M. Cock, les Éclaireurs
d*avant-garde passant une rivière (Crimée),
de M. de Neuville, et le Chevrier, statue en
marbre de M. Feugère des Forts. A cette
sculpture et à ces toiles, qui ont figuré aux
derniers Salons de Paris, si l’on ajoute di-
vers tableaux achetés à l’aide du crédit voté
par le conseil municipal, on aura le res-
pectable contingent des accroissements du
musée de Lille pendant l’exercice qui vient
de finir. Ces heureux résultats ne doivent
pas surprendre, car le musée est habile-
ment dirigé par M. Ed. Reynart, auteur
d’un excellent catalogue, dont une nouvelle
édition, enrichie de fac-similé et de vingt
photographies, paraîtra peut-être en même
temps que ces lignes.
*
* *
Le peintre espagnol Eduardo Prerales
vient d’être nommé membre correspondant
de l’Académie des Beaux-Arts de France.
*
* *
Florence ne possédait aucune œuvre du
célèbre Bartolini. Cet oubli vient d’être ré-
paré par le prince Demidoff, qui a fait don
à cette ville du groupe monumental élevé
par lui à la mémoire de son père, Nicolas
Demidoff, mort à Florence en 1828. Cette
œuvre d’art importante se compose de plu-
sieurs grandes figures exécutées en marbre.
*
* *
Sur la place du Marché à Colmar, on a
placé au-dessus d’une fontaine le bronze
du Vigneron alsacien, que M. Bartholcli avait
envoyé au Salon de 1869. Cette charmante
statue, le croirait-on, n’a pas été bien ac-
cueillie par tout le monde en Alsace. On
nous rapporte que les vignerons se sont
montrés fort mécontents, humiliés même,
de ce que l’artiste n’avait pas mis de bas et
de souliers à son personnage.
*
* *
Un paysan danois, en creusant la terre
aux environs d’Aalborg, dans le Jutland,
trouva six colliers d’or datant du vie ou cW
vu0 siècle de l’ère chrétienne.
Le directeur du Musée des antiquités
septentrionales de Copenhague, informé de
cette trouvaille, acheta ces objets pour la
somme de 5,928 fr. 75.
La Berlingske Tidente, journal de Copen-
hague, qui raconte ce fait, ajoute que, de-
puis une découverte analogue faite en 1833
en Fionie,‘on n’avait plus trouvé d’objets
aussi précieux remontant aux premiers
temps du moyen âge.
*
* *
L’OEuvre de la fondation du Musée histo-
rique polonais à Rapperswyl, en Suisse, a
reçu une grande impulsion; les travaux de
la restauration du vieux château consacré au
musée entrepris par les fondateurs sont
dirigés par l’habile architecte Jules Stadler,
professeur à l’École polytechnique de Zurich;
ils seront terminés avant la fin de l’hiver, afin
que l’inauguration du musée puisse avoir
heu au printemps prochain. La convention
en vertu de laquelle les fondateurs du mu-
sée, qui est la propriété nationale de la
Pologne, sont autorisés à disposer du châ-
teau^ été signé, d’une part, par les autorités
municipales de Rapperswyl et, d’autre part,
par M. le comte Ladislas Plater. Rien n’est
épargné pour rendre ce sanctuaire des sou-
venirs de la Pologne digne de sa noble des-
tination.
Le Directeur : ÉMILE GAL1CHON,
Librairie de FIRMIN DIDOT Frères, Fils et Cc
• IMPRIMEURS DE L'iNSTITUT DE FRANCE, IïUE JACOB, 56
A PARIS
EN VENTE CHEZ TOUS LES LIBRAIRES
LES CIIEFS-D’OEUVRE
DE LA
PEINTURE ITALIENNE
PAR PAUL MANTZ
OUVRAGE CONTENANT 20 PLANCHES CHROMOLITHOGRAPHIQUES
EXÉCUTÉES PAR F. KELLERHOVEN
30 i>l. sun bois et 40 culs-de-iampe et lettrés ornées
I apleuilide vol. In.Toi., relié,dorures Iteuulssance
non rogné, ÎOO fr.
Le caractère du texte de l’ouvrage appartient au type gravé
par Firmin Didot.
La Gazette des Beaux-Arts du 1er novembre
a publié la liste des peintures reproduites
dans cet ouvrage. Mais ce livre n’est pas fait
uniquement pour le plaisir des yeux. L’auteur,
sortant des voies battues, a dû être original
sans être téméraire. Les lignes suivantes, ex-
traites de la préface, expriment la pensée qui
lui a servi de guide dans Une œuvre dont
l’importance est incontestable.
« Les planches en couleur et les gravures
formant la partie principale des Chefs-d’œuvre
de la peinture italienne, nous aurions pu nous
borner à les entourer d’un commentaire des-
criptif. Mais il ne nous était pas défendu de
faire un peu plus. Nous l’avons essayé. Le
programme s’est élargi. Les noms d’artistes,
les faits, les dates se sont rangés fatalement
dans un ordre logique, ou qui du moins nous
a paru tel ; notre étude est devenue un récit,
et elle a pris la forme, sinon les hautes ver-
tus de l’histoire.
« Tout se tient dans les choses humaines ;
mais c’est surtout en matière d’art que la con-
séquence se lie au principe et que la moisson
est en raison des semailles. Ici l’influence de
l’hérédité, Faction salutaire ou mauvaise des
milieux ambiants s’imposent à l’historien avec
l’autorité d’une loi. Le passé se prolonge et
reste visible dans le présent, qui déjà laisse
deviner l’avenir. Rien n’est donné au caprice.
S’imaginer qu’on peut isoler un artiste italien
du mouvement antérieur et l’abstraire des
influences contemporaines, c’est pure chi-
mère. Les plus hautes individualités tiennent
aux foules ; les écoles elles-mêmes sont étroi-
tement mêlées les unes aux autres. Il est im-
possible de morceler cette grande histoire :
il faut l’étudier, comme Fa faite la logique
souveraine des événements, dans son indivi-
sible unité.
« A ce point de vue, aucun chef-d’œuvre
n’est simple. Pour le comprendre, il faut sa-
voir d’où il vient et où il va. Le Jugement
dernier de Michel-Ange résume trois cents
ans d’etl'orts : Dante, Ürcagna, Luca Signorelli
l’avaient préparé, et, un siècle après l’éclo-
sion de la fresque immortelle, elle était en-
core imitée par les artistes dégénérés qui
avaient cessé d’entendre ce fier langage. Si
l’œuvre ne peut être distraite de son milieu,
on ne saurait non plus isoler le maître, car il
se rattache à tout ce qui l’entoure. 11 en est
de même de ces groupes qu’on a appelés les
écoles, et qui, dans les classifications en usage,
ont pour lien, non le culte d’un idéal pareil,
mais la communauté d’origine des peintres
qui les constituent.
« Aussi, bien que le cadre de ce livre se
prêtât peu aux hardiesses trop nouvelles,
nous avons cru pouvoir nous séparer, sous ce
rapport, de Lanzi et de ses adhérents. Tout
en regrettant de troubler l’ordre des subdivi-
sions consacrées, nous n’avons pu admettre
l’existence de quatorze ou quinze écoles vivant
en dehors les unes des autres et conservant
leur autonomie. On verra que dans nos au-
daces, trop timides peut-être, nous avons mêlé
souvent ce que nos devanciers avaient soi-
gneusement distingué.
« C’est notre avis, en effet, que, grands ou
petits, illustres ou obscurs, les maîtres ita-
liens ont bien moins obéi à la loi de leur ori-
gine, aux fatalités locales de la géographie,
qu’aux influences générales du temps, à ces
courants d’idées qui, à un moment donné, pas-
sent sur le monde, enflamment toutes les in-
telligences et font vibrer toutes les âmes. Lors-
que l’on voit, en des lieux qui semblent si di-
vers, s’opérer simultanément les transforma-
tions les plus radicales, — la défaite du prin-
cipe byzantin, l’étude de la nature remise à
son rang, le style ardemment cherché, la
beauté conquise, le maniérisme succédant au
grand art, la décadence envahissant l’Italie
entière, — on doit reconnaître que, malgré
certaines divergences apparentes, les écoles
italiennes-n’en forment qu’une ; qu’il est arbi-
traire de séparer ce qui a été si intimement
uni, et que, dans ces réveils, dans ces triom-
phes, dans ces défaillances qui se produisent
partout à la fois, il n’y a qu’une seule et
même histoire.
« P. Mantz. »
m
BIBLIOGRAPHIE.
LIBRAIRIE DE LUXE.
Ua tradition des arts dans lesquels nos aïeux
ont excellé ne se perd pas tant qu’on veut bien
le dire quelquefois. Je n’en veux pour preuve
que la reliure. Quiconque voudra voir des chefs-
d’œuvre dans ce genre, des chefs-d’œuvre
comme on n’en rencontre que bien peu dans nos
bibliothèques publiques, n’a qu’à aller visiter la
librairie du passage des Panoramas. M. Auguste
Fontaine, le propriétaire de cet établissement
unique, a conservé le goût des beaux livres, et
depuis trente ans, il a rassemblé dans ses rayons
des trésors à faire mourir dedépit tous les biblio-
philes.
Parmi les volumes que nous avons remarqués,
nous plaçons au premier rang le Livre d'heures
dont Charles-Quint s.e servait après s’être retiré
à l’abbaye de Saint-Just, magnifique volume sur
peau de vélin, orné de miniatures, et recouvert
d’une très-helle reliure , ornée des armes du
grand empereur.
Puis viennent le Livre d'heures du pape
Alexandre Y, et un Jarry écrit à la main sur
peau de vélin avec six belles miniatures. Ce
livre est, dit-on, celui que possédait Louis XVI
au moment de sa mort.
Parmi les livres rares et curieux, nous avons
vu de nombreux manuscrits du xc au xve siècle,
et des livres d’heures gothiques imprimés sur
vélin des xve et xvic siècles.
Parmi les ouvrages modernes dont les reliures
ont été confiées à Capé et quelques autres ar-
tistes de grand talent, nous citerons :
Une Bible sur papier-cliine avec des dessins
de Gustave Doré, et magnifiquement reliée, du
prix de 5,000 francs, et quantité d’ouvrages avec
reliures à la Groslier, style du xvie siècle, à plus
de 1,000 francs le volume.
Une Imitation de Jésus-Christ, un Dante, les
Œuvres d’Alfred de Musset, et presque tous nos
classiques, superbement reliés en maroquin
plein, doublé de tabis, avec riche dorure à petit
fer et ornements.
La librairie du passage des Panoramas possède
également toutes les belles éditions du Louvre et
du Dauphin, imprimées et publiées par Pierre
Didot l’aîné.
Toutes les reliures portent la marque de la
maison,
P. M.
livres.
Le Musée universel, par M. Édouard
Lièvre, avec le concours des artistes et des
écrivains les plus distingués. Goupil et C%
1869.
Les livraisons 21 pt.22 de cette publication
aussi soignée qu’intéressante, et qui forme à
la fois un album précieux et un livre bien in-
formé, viennent de paraître et précèdent de
peu les deux dernières de cette année. Nous
y trouvons VÉcolier, d’après un tableau de
M. Thomas Couture, appartenant àM. de Las-
salle, et le Conteur arabe, d’après M. Gustave
Rodolphe Boulanger, de la collection Claudius
Gérentet; textes par M. Ernest Cliesneau ;
VInondation, eau-forte originale de M. Jules
Michelin, ainsi que le Vieux Manoir anglais,
eau-forte originale d’un jeune lord, l’hono-
rable George Howard, élève de notre com-
patriote A. Legros. Les textes accompagnant
ces deux eaux-fortes sont de M. Ph. Burty.
L’Illustration nouvelle, par une société de
peintres-graveurs à l’eau-forte, imprimée et
publiée chez Cadart et Luce.
Voici le sommaire de ces livraisons :
Fontaine sous bois, parc de Saint-Cloud,
par M. F. Pierdon ; Vieux moulin à Kervalle
par M. A. Queyroy; Marrons d’Inde, par M. A.
Taiée; le Retour du bal masqué, par M. V. Ha-
mel; Herborisation, par M. A. Feyen-Perrin; la
Première Sortie de Don Quichotte, par M. C.
Allard-Cambray; Allée de Trubesset, à Fai-
gues, par M. P. Teissonnières; Hôtel Lava-
lette, quai des Célestins, par M. H. Saffray.
Souvenirs de Madrid, par M. T. Allard-
Cambray, suite d’eaux-fortes imprimées et
publiées chez Cadart et Luce.
Je n’ai pas visité l’Espagne et ne puis juger
du mérite d’exactitude apporté par M. Allard-
Cambray dans son œuvre. Mais je suis frappé
du caractère particulier de deux de ses paysa-
ges représentant, l’un, une cour de parade,
l’autre des hommes jouant dans la campagne.
La couleur est chaude, le dessin est simple et
ferme, Faction est très-locale. On est vrai-
ment dans un pays d’Orient. Les autres cro-
quis de personnages en pied, ou à mi-corps,
sont parfois lâchés de crayon et de pointe et
trop également mordus. La nature humaine
exige d’être plus respectée. Je distingue en-
core dans ce cahier, dont l’ensemble est loin
d’être vulgaire, une tête de Christ, sculpture
en bois de la cathédrale d’Atocha, dont l’ex-
pression terrible et navrante est très-naïve-
ment rendue. Pli. B.
Histoire de la caricature et de la littérature
comique, par Wright, membre correspon-
dant de l’Institut. Traduction par M; Octave
Sachot. Au bureau de la Revue britannique,
boulevard Haussmann.
L’Histoire de la caricaturé et de la littéra-
ture comique, publiée en anglais par M. Th.
Wright, membre correspondant de l’Institut,
méritait de passer dans notre langue. Tra-
duite fidèlement en français par M. Octave Sa-
chot, rédacteur de la Revue britannique, cette
5
3° Mentions, représentées par la médaille
d’argent de la Société.
Ces récompenses seront décernées dans
la Séance publique annuelle de la Société.
Nota.—Pour les renseignements, s’adres-
ser aux bureaux de la Revue Artistique, or-
gane de la Société, rue Bréa, 5; et chez
M. P.-B. Fournier, président, rue Galilée-,
57 (Champs-Elysées).
NÉCROLOGIE.
Ci-iarlerie (Hippolyte de la) est mort à
Bruxelles à l’âge de quarante ans environ.
Il était depuis Longtemps fixé à Paris. On
lui doit plusieurs illustrations de livres par-
mi lesquelles nous signalerons celles d’un
Paul et Virginie.
Wauters (Charles-Augustin), né en 1811
à Boom, près Anvers, mort à Malines où il
était professeur de l’Académie.
George (Jones), peintre anglais de batailles,
né en 1785. Il fut directeur de l’Académie
royale.
Rosemberg (Georges), paysagiste et aqua-
relliste distingué.
Blanchard (Melchior), peintre; né à Clair-
vaux (Aube) le 3 septembre 1819, décédé à
Paris le 14 novembre. Cet artiste n’a jamais
pris part à nos expositions.
David (Charles), peintre de miniatures et
de paysages; né à Avignon en 1798, vient
d’y mourir au mois de novembre. Cet artiste,
qui n’a figuré à aucun de nos Salons, était
le frère aîné de M. Félicien David.
E. B. de L.
NOUVELLES.
L’architecte titulaire de la ville d’El-
beuf ayant donné sa démission et cet emploi
étant à la veille d’être vacant, les candidats
qui réunissent les connaissances théoriques
et pratiques exigées pour ces importantes
fonctions sqnt invités à déposer, d’ici au
10 janvier prochain, au secrétariat de la
mairie d’Elbeuf, leur demande avec titres à
l'appui.
*
* *
Le Cercle des Beaux-Arts vient de procé-
der au renouvellement de son bureau pour
l’année 1870. Ont été nommés: président,
M. P. Tillier, artiste peintre; vice-présidents,
MM. Darrien et Laurencin; secrétaire géné-
ral, M. Ledoux; trésorier, M. Bouniot, et
secrétaires, MM. Chapelle et Persoy.
*
* *
A peine l’exposition posthume de l’œuvre
de Paul Huet sera-t-elle terminée qu’il s’en
ouvrira une autre qui n’offrira pas un moin-
dre intérêt. Les amis de notre grand paysa-
giste Jules Dupré ont recueilli une grande
quantité de ses tableaux et de ses dessins,
et cette brillante série de paysages énergi-
ques sera prochainement visible dans les
nouvelles galeries de M. Durand-Ruel.
• A ce propos, notre collaborateur M. Phi-
lippe Burty , qui prépare une étude sur
M. Jules Dupré et son œuvre, se recom-
mande a la bienveillance des amateurs qui
auraient à lui communiquer des documents
ou des renseignements.
*
* *
M. Magaud vient d’être nommé directeur
de l’École des Beaux-Arts de Marseille, en
remplacement de M. Jeanron , démission-
naire.
* .
* *
Les encouragements ne manquent pas au
musée de Lille. Cette importante galerie a
reçu tout récemment : de M. Brandon, le
Baiser de la mère de Moïse; de M. Corot, un
grand paysage, une Fêle rustique, et de
M. Leullier, les Inondés de la Loire. De son
côté le gouvernement, à l’occasion de la
fête du 15 août, a envoyé le Matin dans les
bois (Sèvres), de M. Cock, les Éclaireurs
d*avant-garde passant une rivière (Crimée),
de M. de Neuville, et le Chevrier, statue en
marbre de M. Feugère des Forts. A cette
sculpture et à ces toiles, qui ont figuré aux
derniers Salons de Paris, si l’on ajoute di-
vers tableaux achetés à l’aide du crédit voté
par le conseil municipal, on aura le res-
pectable contingent des accroissements du
musée de Lille pendant l’exercice qui vient
de finir. Ces heureux résultats ne doivent
pas surprendre, car le musée est habile-
ment dirigé par M. Ed. Reynart, auteur
d’un excellent catalogue, dont une nouvelle
édition, enrichie de fac-similé et de vingt
photographies, paraîtra peut-être en même
temps que ces lignes.
*
* *
Le peintre espagnol Eduardo Prerales
vient d’être nommé membre correspondant
de l’Académie des Beaux-Arts de France.
*
* *
Florence ne possédait aucune œuvre du
célèbre Bartolini. Cet oubli vient d’être ré-
paré par le prince Demidoff, qui a fait don
à cette ville du groupe monumental élevé
par lui à la mémoire de son père, Nicolas
Demidoff, mort à Florence en 1828. Cette
œuvre d’art importante se compose de plu-
sieurs grandes figures exécutées en marbre.
*
* *
Sur la place du Marché à Colmar, on a
placé au-dessus d’une fontaine le bronze
du Vigneron alsacien, que M. Bartholcli avait
envoyé au Salon de 1869. Cette charmante
statue, le croirait-on, n’a pas été bien ac-
cueillie par tout le monde en Alsace. On
nous rapporte que les vignerons se sont
montrés fort mécontents, humiliés même,
de ce que l’artiste n’avait pas mis de bas et
de souliers à son personnage.
*
* *
Un paysan danois, en creusant la terre
aux environs d’Aalborg, dans le Jutland,
trouva six colliers d’or datant du vie ou cW
vu0 siècle de l’ère chrétienne.
Le directeur du Musée des antiquités
septentrionales de Copenhague, informé de
cette trouvaille, acheta ces objets pour la
somme de 5,928 fr. 75.
La Berlingske Tidente, journal de Copen-
hague, qui raconte ce fait, ajoute que, de-
puis une découverte analogue faite en 1833
en Fionie,‘on n’avait plus trouvé d’objets
aussi précieux remontant aux premiers
temps du moyen âge.
*
* *
L’OEuvre de la fondation du Musée histo-
rique polonais à Rapperswyl, en Suisse, a
reçu une grande impulsion; les travaux de
la restauration du vieux château consacré au
musée entrepris par les fondateurs sont
dirigés par l’habile architecte Jules Stadler,
professeur à l’École polytechnique de Zurich;
ils seront terminés avant la fin de l’hiver, afin
que l’inauguration du musée puisse avoir
heu au printemps prochain. La convention
en vertu de laquelle les fondateurs du mu-
sée, qui est la propriété nationale de la
Pologne, sont autorisés à disposer du châ-
teau^ été signé, d’une part, par les autorités
municipales de Rapperswyl et, d’autre part,
par M. le comte Ladislas Plater. Rien n’est
épargné pour rendre ce sanctuaire des sou-
venirs de la Pologne digne de sa noble des-
tination.
Le Directeur : ÉMILE GAL1CHON,
Librairie de FIRMIN DIDOT Frères, Fils et Cc
• IMPRIMEURS DE L'iNSTITUT DE FRANCE, IïUE JACOB, 56
A PARIS
EN VENTE CHEZ TOUS LES LIBRAIRES
LES CIIEFS-D’OEUVRE
DE LA
PEINTURE ITALIENNE
PAR PAUL MANTZ
OUVRAGE CONTENANT 20 PLANCHES CHROMOLITHOGRAPHIQUES
EXÉCUTÉES PAR F. KELLERHOVEN
30 i>l. sun bois et 40 culs-de-iampe et lettrés ornées
I apleuilide vol. In.Toi., relié,dorures Iteuulssance
non rogné, ÎOO fr.
Le caractère du texte de l’ouvrage appartient au type gravé
par Firmin Didot.
La Gazette des Beaux-Arts du 1er novembre
a publié la liste des peintures reproduites
dans cet ouvrage. Mais ce livre n’est pas fait
uniquement pour le plaisir des yeux. L’auteur,
sortant des voies battues, a dû être original
sans être téméraire. Les lignes suivantes, ex-
traites de la préface, expriment la pensée qui
lui a servi de guide dans Une œuvre dont
l’importance est incontestable.
« Les planches en couleur et les gravures
formant la partie principale des Chefs-d’œuvre
de la peinture italienne, nous aurions pu nous
borner à les entourer d’un commentaire des-
criptif. Mais il ne nous était pas défendu de
faire un peu plus. Nous l’avons essayé. Le
programme s’est élargi. Les noms d’artistes,
les faits, les dates se sont rangés fatalement
dans un ordre logique, ou qui du moins nous
a paru tel ; notre étude est devenue un récit,
et elle a pris la forme, sinon les hautes ver-
tus de l’histoire.
« Tout se tient dans les choses humaines ;
mais c’est surtout en matière d’art que la con-
séquence se lie au principe et que la moisson
est en raison des semailles. Ici l’influence de
l’hérédité, Faction salutaire ou mauvaise des
milieux ambiants s’imposent à l’historien avec
l’autorité d’une loi. Le passé se prolonge et
reste visible dans le présent, qui déjà laisse
deviner l’avenir. Rien n’est donné au caprice.
S’imaginer qu’on peut isoler un artiste italien
du mouvement antérieur et l’abstraire des
influences contemporaines, c’est pure chi-
mère. Les plus hautes individualités tiennent
aux foules ; les écoles elles-mêmes sont étroi-
tement mêlées les unes aux autres. Il est im-
possible de morceler cette grande histoire :
il faut l’étudier, comme Fa faite la logique
souveraine des événements, dans son indivi-
sible unité.
« A ce point de vue, aucun chef-d’œuvre
n’est simple. Pour le comprendre, il faut sa-
voir d’où il vient et où il va. Le Jugement
dernier de Michel-Ange résume trois cents
ans d’etl'orts : Dante, Ürcagna, Luca Signorelli
l’avaient préparé, et, un siècle après l’éclo-
sion de la fresque immortelle, elle était en-
core imitée par les artistes dégénérés qui
avaient cessé d’entendre ce fier langage. Si
l’œuvre ne peut être distraite de son milieu,
on ne saurait non plus isoler le maître, car il
se rattache à tout ce qui l’entoure. 11 en est
de même de ces groupes qu’on a appelés les
écoles, et qui, dans les classifications en usage,
ont pour lien, non le culte d’un idéal pareil,
mais la communauté d’origine des peintres
qui les constituent.
« Aussi, bien que le cadre de ce livre se
prêtât peu aux hardiesses trop nouvelles,
nous avons cru pouvoir nous séparer, sous ce
rapport, de Lanzi et de ses adhérents. Tout
en regrettant de troubler l’ordre des subdivi-
sions consacrées, nous n’avons pu admettre
l’existence de quatorze ou quinze écoles vivant
en dehors les unes des autres et conservant
leur autonomie. On verra que dans nos au-
daces, trop timides peut-être, nous avons mêlé
souvent ce que nos devanciers avaient soi-
gneusement distingué.
« C’est notre avis, en effet, que, grands ou
petits, illustres ou obscurs, les maîtres ita-
liens ont bien moins obéi à la loi de leur ori-
gine, aux fatalités locales de la géographie,
qu’aux influences générales du temps, à ces
courants d’idées qui, à un moment donné, pas-
sent sur le monde, enflamment toutes les in-
telligences et font vibrer toutes les âmes. Lors-
que l’on voit, en des lieux qui semblent si di-
vers, s’opérer simultanément les transforma-
tions les plus radicales, — la défaite du prin-
cipe byzantin, l’étude de la nature remise à
son rang, le style ardemment cherché, la
beauté conquise, le maniérisme succédant au
grand art, la décadence envahissant l’Italie
entière, — on doit reconnaître que, malgré
certaines divergences apparentes, les écoles
italiennes-n’en forment qu’une ; qu’il est arbi-
traire de séparer ce qui a été si intimement
uni, et que, dans ces réveils, dans ces triom-
phes, dans ces défaillances qui se produisent
partout à la fois, il n’y a qu’une seule et
même histoire.
« P. Mantz. »
m
BIBLIOGRAPHIE.
LIBRAIRIE DE LUXE.
Ua tradition des arts dans lesquels nos aïeux
ont excellé ne se perd pas tant qu’on veut bien
le dire quelquefois. Je n’en veux pour preuve
que la reliure. Quiconque voudra voir des chefs-
d’œuvre dans ce genre, des chefs-d’œuvre
comme on n’en rencontre que bien peu dans nos
bibliothèques publiques, n’a qu’à aller visiter la
librairie du passage des Panoramas. M. Auguste
Fontaine, le propriétaire de cet établissement
unique, a conservé le goût des beaux livres, et
depuis trente ans, il a rassemblé dans ses rayons
des trésors à faire mourir dedépit tous les biblio-
philes.
Parmi les volumes que nous avons remarqués,
nous plaçons au premier rang le Livre d'heures
dont Charles-Quint s.e servait après s’être retiré
à l’abbaye de Saint-Just, magnifique volume sur
peau de vélin, orné de miniatures, et recouvert
d’une très-helle reliure , ornée des armes du
grand empereur.
Puis viennent le Livre d'heures du pape
Alexandre Y, et un Jarry écrit à la main sur
peau de vélin avec six belles miniatures. Ce
livre est, dit-on, celui que possédait Louis XVI
au moment de sa mort.
Parmi les livres rares et curieux, nous avons
vu de nombreux manuscrits du xc au xve siècle,
et des livres d’heures gothiques imprimés sur
vélin des xve et xvic siècles.
Parmi les ouvrages modernes dont les reliures
ont été confiées à Capé et quelques autres ar-
tistes de grand talent, nous citerons :
Une Bible sur papier-cliine avec des dessins
de Gustave Doré, et magnifiquement reliée, du
prix de 5,000 francs, et quantité d’ouvrages avec
reliures à la Groslier, style du xvie siècle, à plus
de 1,000 francs le volume.
Une Imitation de Jésus-Christ, un Dante, les
Œuvres d’Alfred de Musset, et presque tous nos
classiques, superbement reliés en maroquin
plein, doublé de tabis, avec riche dorure à petit
fer et ornements.
La librairie du passage des Panoramas possède
également toutes les belles éditions du Louvre et
du Dauphin, imprimées et publiées par Pierre
Didot l’aîné.
Toutes les reliures portent la marque de la
maison,
P. M.
livres.
Le Musée universel, par M. Édouard
Lièvre, avec le concours des artistes et des
écrivains les plus distingués. Goupil et C%
1869.
Les livraisons 21 pt.22 de cette publication
aussi soignée qu’intéressante, et qui forme à
la fois un album précieux et un livre bien in-
formé, viennent de paraître et précèdent de
peu les deux dernières de cette année. Nous
y trouvons VÉcolier, d’après un tableau de
M. Thomas Couture, appartenant àM. de Las-
salle, et le Conteur arabe, d’après M. Gustave
Rodolphe Boulanger, de la collection Claudius
Gérentet; textes par M. Ernest Cliesneau ;
VInondation, eau-forte originale de M. Jules
Michelin, ainsi que le Vieux Manoir anglais,
eau-forte originale d’un jeune lord, l’hono-
rable George Howard, élève de notre com-
patriote A. Legros. Les textes accompagnant
ces deux eaux-fortes sont de M. Ph. Burty.
L’Illustration nouvelle, par une société de
peintres-graveurs à l’eau-forte, imprimée et
publiée chez Cadart et Luce.
Voici le sommaire de ces livraisons :
Fontaine sous bois, parc de Saint-Cloud,
par M. F. Pierdon ; Vieux moulin à Kervalle
par M. A. Queyroy; Marrons d’Inde, par M. A.
Taiée; le Retour du bal masqué, par M. V. Ha-
mel; Herborisation, par M. A. Feyen-Perrin; la
Première Sortie de Don Quichotte, par M. C.
Allard-Cambray; Allée de Trubesset, à Fai-
gues, par M. P. Teissonnières; Hôtel Lava-
lette, quai des Célestins, par M. H. Saffray.
Souvenirs de Madrid, par M. T. Allard-
Cambray, suite d’eaux-fortes imprimées et
publiées chez Cadart et Luce.
Je n’ai pas visité l’Espagne et ne puis juger
du mérite d’exactitude apporté par M. Allard-
Cambray dans son œuvre. Mais je suis frappé
du caractère particulier de deux de ses paysa-
ges représentant, l’un, une cour de parade,
l’autre des hommes jouant dans la campagne.
La couleur est chaude, le dessin est simple et
ferme, Faction est très-locale. On est vrai-
ment dans un pays d’Orient. Les autres cro-
quis de personnages en pied, ou à mi-corps,
sont parfois lâchés de crayon et de pointe et
trop également mordus. La nature humaine
exige d’être plus respectée. Je distingue en-
core dans ce cahier, dont l’ensemble est loin
d’être vulgaire, une tête de Christ, sculpture
en bois de la cathédrale d’Atocha, dont l’ex-
pression terrible et navrante est très-naïve-
ment rendue. Pli. B.
Histoire de la caricature et de la littérature
comique, par Wright, membre correspon-
dant de l’Institut. Traduction par M; Octave
Sachot. Au bureau de la Revue britannique,
boulevard Haussmann.
L’Histoire de la caricaturé et de la littéra-
ture comique, publiée en anglais par M. Th.
Wright, membre correspondant de l’Institut,
méritait de passer dans notre langue. Tra-
duite fidèlement en français par M. Octave Sa-
chot, rédacteur de la Revue britannique, cette