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9* Année.

-N“4

23 Janvier 1870.

DES ARTS ET DE LA

CURIOSITÉ

Paraissant tous les Dimanches
ABONNEMENTS :

Paris, un an. 15 fr.

— six mois. . . 8 fr.

UN NUMÉRO : 2 O CENT.
RÉDACTION : Rue Vivunne} 55 j Paris

. v

Comptes rendus & annonces de ventes publiques de tableaux .

dessins, estampes bronzes, ivoires, médailles, livres rares, autographes '

émaux, porcelaines, armes, objets de curiosité. &c., &c.

Nouvelles des galeries publiques, des ateliers. — Correspondances étrangères
Bibliographie des livres, articles de revues & estampes
publiées en France & à l’Etranger. — Revue des arts industriels
Expositions de Province & de l’Etranger

Paraissant tous les Dimanches
ABONNEMENTS :

Departements, un an. 18 fr.

— six mois. 10 fr.

Etranger, le port en sus.
ADMINISTRA TION : Rue Vmenue 3 55, Paris

LA FABRIQUE DE NANTUA

ET LE

SAINT SÉBASTIEN d’Eugène Delacroix.

Personne n’a oublié qu’une importante
toile d’Eugène Delacroix, représentant le
Martyre de saint Sébastien, avait été
donnée à l’une des églises de Nantuasous
le gouvernement de 1830, par l’entre-
mise de la famille Girod (de l’Ain). Nous
n’avons pàs l’intention de refaire l’odyssée
de ce tableau, que la fabrique, sous
prétexte d’embarras dans ses finances,
vendait, sans l’autorisation de la mu-
nicipalité , à M. Durand-Ruel, qui le
payait 21,000 francs et qui donnait en
outre une grande toile représentant saint
Michel, patron de la ville. On n’a pas
oublié non plus que la fabrique, avant
de traiter avec ce dernier, s’était adressée
primitivement au Ministère des Beaux-
Arts, qui refusa de payer ce qu’il avait
donné. Ce fait étrange, outre la situation
piquante d’un donataire offrant au dona-
teur de lui restituer son présent moyen-
nant finance, soulève plusieurs questions
de principes très-intéressantes à «étudier
et à résoudre. Cette affaire, que la Chro-
nique a signalée dès le principe, doit
avoir un dénoûment juridique très-pro-
chain, grâce aux réclamations fondées et
à l’intervention énergique de quelques
amateurs dévoués. Une fabrique peut-
elle disposer d’une œuvre d’art donnée
par l’État sans être soumise au veto de la
municipalité et de l’État ? En se dessai-
sissant d’un morceau précieux, octroyé
dans un but déterminé, le donataire
n’encourt-il pas la révocation du don
pour cause d’inexécution des condi-
tions sous lesquelles il a été fait? La
décision du tribunal, nous le disions tout
dernièrement encore ici même, précisera
les droits des municipalités et des fa-
briques sur les œuvres qui leur sont
données par l’État.

Aujourd’hui nous apportons au débat
un document que nous croyons assez
curieux et assez intéressant pour que
nous le reproduisions intégralement ici.
C’est une lettre adressée, en 1839, au
préfet de la Gironde par M. Girod (de
l’Ain), alors garde des sceaux et ministre
secrétaire d’État de la justice et des
cultes, et qui, au nom de l’État, fit don-
ner le Saint Sébastien à l’église de Nan-
tira, Cette lettre est assez précise et assez

éloquente par elle-même pour pouvoir
se passer de toute espèce de commentaire,
et nous la recommandons à l’attention de
M. le ministre des Beaux-Arts, qui, loin de
rester indifférent à la vente faite si arbi-
trairement par la fabrique de Nan tua ,
doit prendre parti, croyons-nous, dans
cette affaife et prescrire des mesures
pour empêcher le retour d’un fait regret-
table sous tant de rapports.

Émile Galiciion.

LETTRE DE M. LE MINISTRE DE LA JUSTICE ET
DES CULTES,

A M. le Préfet de la Gironde.

Paris, le 27 avril 1839.

Monsieur le Préfet,

Mes prédécesseurs ont, à diverses reprises,
notamment par leurscirculaires des 20,29 dé-
cembre 1834 et 25 juin 1838, appelé l’at-
tention de l’administration départementale
et de l’administration diocésaine sur la con-
servation des objets d’art que possèdent les
églises, tels que sculptures, boiseries, ta-
bleaux, vitraux peints, reliquaires, livres de
liturgie, etc. Des faits récents et assez nom-
breux qui me sont signalés me donnent la
preuve que les abus que les instructions
dont je viens de parler devaient faire cesser
n’en continuent pas moins, soit parce que
les instructions n’ont pas été publiées, soit
parce que l’autorité a négligé d’exercer une
surveillance assez active.

C’est avec regret que je suis obligé de
dire que le plus souvent ces actes répréhen-
sibles sont commis sous les yeux, et même
avec la participation de la fabrique ou du
clergé de la paroisse, soit pour augmenter
les ressources de la caisse fabricienne, soit
pour donner plus de jour à l’église, lorsqu’il
s’agit de verrières peintes, ou pour la débar-
rasser de vieilleries, quand il est question
d’objets mobiliers.

11 faut donc redoubler d’efforts pour met-
tre un terme à ces actes blâmables, et pour
faire comprendre à ceux qui seraient tentés
de s’y livrer ou de les tolérer, que ce n’est
pas seulement l’art qui en souffre, mais
qu’il en résulte une atteinte réelle à la pro-
priété, susceptible d’être poursuivie devant
les tribunaux.

Les communes ont été reconnues proprié-
taires des églises ; les fabriques n’en ont que
l’usage ; instituées par la loi pour veillera
la conservation et à l'entretien des temples
(art. 76 de la loi du 18 germinal an x), elles
ne peuvent donc, à aucun titre, en disposer
à leur gré, les mutiler ou les altérer ; elles
sont responsables des dévastations qu’elles
y laissent commettre, et les autorités mu-
nicipales sont en droit de s’opposer à la des-

truction, à la vente ou à l’échange de tout
ce qui tient à l’édifice, quand même la
fabrique l’aurait orné, décoré ou réparé de
ses propres ressources. Les limites imposées
sous ce rapport à l’administration fabricienne
n’existent pas moins pouf l’administration
communale ; car la commune n’est posses-
seur pareillement que pour conserver et non
pour détruire.

Je vous invite donc, monsieur le préfet, à
adresser de nouvelles et pressantes instruc-
tions aux maires de votre département, dans
le sens de celles qui sont l’objet de la pré-
sente, afin que la plus active surveillance
soit exercée partout. Ces instructions attein-
dront leur double but, puisque MM. les
maires sont en même temps membres de
droit de la fabrique. J’adresse une sembla-
ble lettre à MM. les évêques, en les priant
de la communiquer aux curés de leurs dio-
cèses.

Recevez, monsieur le préfet, l’assurance
de ma considération très-distinguée.

Le garde des sceaux, ministre-
secrétaire cil État de la Just ice
et des Cultes,

Girod (de l’Ain).

Pour expédition :

Le maître des requêtes, chef de la
division du cidte catholique,

Smith.

On lit dans les Débats .

« Le ministre des beaux-arts, qui paraît’
animé des intentions les meilleures et les
plus libérales, a. réuni hier au soir autour
de lui un certain nombre d’artistes éminents,
et, dans une causerie intime, leur a fait part
de ses projets. Il voudrait, avec une abné-
gation dont il faut lui savoir un grand gré,
rendre les artistes à eux-mêmes, les débar-
rasser de la tutelle si souvent gênante de
l’État, leur remettre le soin des Expositions
annuelles, et consacrer enfin aux arts des
fonds qui jusqu’à présent n’ont guère servi
qu’à encourager, des médiocrités peu inté-
ressantes. Il voudrait, en un mot, que son
budget, entièrement réserver au développe-
ment de l’art, cessât d’être un fonds de bien-
faisance destiné à soulager des misères acci-
dentelles. Pour parvenir à ce but, il a en-
gagé les artistes à former entre eux une
vaste association, semblable à celle qui a
produit de si bons résultats pour les auteurs
dramatiques,*et dont la double conséquence
serait d’enrichir les artistes et de laisser au
ministre la libre initiative dont il a besoin
pour donner à l’art une impulsion nouvelle
et indispensable. Il faut espérer qu’un si bon
vouloir ne sera pas stérile, et que les artistes
comprendront qu’ils doivent marcher réso-

lûment dans la voie ouverte par M. Maurice
Richard.

« Maxime Du Camp.»

—-

Le ministre des beaux-arts n’a pas voulu
modifier prématurément le règlement de
l’Exposition de 1870 : il a bien fait: car il
a compris que des fluctuations incessantes
troublaient sans profit les artistes. 11 a voulu
s’entretenir avec quelques-uns d’entre eux
sur les réformes définitives qu’ils réclament
et les innovations que peut introduire un
gouvernement constitutionnel aussi soucieux
de leur indépendance que jaloux de sa pro-
pre responsabilité. A la suite de cet entre-
tien, un projet très-important d’organisation
a été élaboré pour être soumis à l’examen
du ministre. On nous le communique à
l’instant : le voici. Nous nous réservons de
l’étudier dans notre plus prochain numéro.

A. L. de L.

« Une Académie Impériale des artistes
français est instituée sous la protection de
l’Empereur et sous la présidence honoraire
de M. le ministre des beaux-arts.

« Elle se compose de tous les peintres,
sculpteurs, dessinateurs, architectes, gra-
veurs et lithographes français qui ont été
récompensés pour leurs ouvrages, soit par
la décoration de la Légion d’honneur, soit par
l’une des médailles décernées à la suite des
expositions d’art de Paris, soit par le grand
prix de Rome. Elle déterminera elle-même
les conditions de son recrutement.

« Les attributions de l’Académie impériale
sont les suivantes :

« Charge pour elle d’organiser et de gérer
les expositions annuelles.

« Dans son sein seront choisis les mem-
bre^ composant les différents jurys de l’É-
cole des beaux-arts, conformément aux sta-
tuts actuels de l’École.

u De cette façon, le corps entier des ar-
tistes français reconquiert cette liberté et
cette organisation propres au génie natio-
nal et qui ont fait la gloire et la prospérité
de l’école française. »

BROCS A CIDRE NORMANDS.

Nous venons de parcourir avec un intérêt
soutenu d’un bout à l’autre la dissertation
de M. Raymond Bordeaux sur les brocs à
cidre en faïence de Rouen. Ce consciencieux
travail, qui débute par de curieuses recher-
ches historiques sur la tonnellerie normande,
les brocs et les broctiers, etc., a eu pour
occasion et pour point de départ un char-
mant broc à cidre en faïence de Rouen, por-
tant au centre de la panse, du côté opposé
 
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