1873. — N° 7.
BUREAUX, 55, RUE VIVIENNE.
ai Janvier,
LA
CHRONIQUE DES ARTS
ET DE LA CURIOSITÉ
SUPPLÉMENT A LA GAZETTE DES BEAUX-ARTS
PARAISSANT LE DIMANCHE MATIN
Les abonnés à une année entière de la Gazette des Beaux-Arts reçoivent gratuitement
la Chronique des Arts et de la Curiosité.
PARIS ET ^DÉPARTEMENTS :
Un an.12 fr. | Six mois.8 fr.
AVIS IMPORTANT.
Les Abonnés à la GAZETTE DES
BEAUX-ARTS sont priés de se reporter
à la page 64 du présent numéro pour
prendre connaissance des conditions
de la PRIME que nous leur offrons.
MOUVEMENT DES ARTS
ET DE LA CURIOSITÉ.
Je commence par une amende honorable : car
il me semble que ma conscience sera tranquille
lorsque ceux de mes lecteurs qui auront négligé
de redresser une assertion faite par moi trop
précipitamment sauront que la belle grille de la
galerie d’Apollon n’appartient point à l’art du
xvme siècle, comme je l’ai avancé dans la der-
nière chronique (page 61). Mon ami P. Mantz m’a
très-vertement reproché celte grosse erreur que je
m empresse de rectifier en ajoutant que ce chef-
d œuvre de serrurerie provient, ainsi que la
grille de la salle des bronzes, du château de Mai-
sons, construit au xvne siècle. Les recherches en-
treprises par lui pour en découvrir l’auteur ont
été jusqu’ici infructueuses, etje saisis cette occa-
sion de faire appel, dans l’intérêt de mon savant
ami, aux personnes qui posséderaient des docu-
ments de nalure à l'éclairer.
Pendant les huit jours que je viens de passer
dans l’impatience de relever la Chronique com-
promise par ma faute vis-à-vis des fins connais-
seurs, l’empereur du Brésil s’est promené paisi-
blement et a fait frapper à l’hôtel des Monnaies,,
en mémoire de son séjour à Paris, une médaille
dont il avait donné lui-même la devise.
En homme aussi habile que poli, il se débarrasse
des audiences à donner aux solliciteurs de croix
par un procédé peu usité chez les souverains. Il
prend sa canne et son chapeau à huit heures du
matin et tombe inopinément aux Gobelins, où il
passe des heures à regarder les métiers, les car-
tons et... les cendres des tapisseries incendiées
par la Commune.
Il est bien probable que don Pedro II aura
visité riiôtel Drouot. Si c’eût été le jour de la
vente du trésor de Cuenca,il eût pu le sauver du
creuset, où il a presque tout entier fini à nette
heure sa destinée. M. Ueuzey écrivait dans la
Gazette à la date du 1er août 1870 au sujet dés
bijoux de Cuenca : « La grande valeur de la plu-
part des antiquités de l’Amérique méridionale
est la cause qui en amène le plus souvent la des-
truction. Il faut espérer que le même sort ne me-
nace pas à Paris les objets qu’on y a envoyés,
etc. » Eh bien! le croira-t-on? dans cette salle
où sont disputées à des prix fabuleux des choses
dont souvent le seul mérite est dans l’engoue-
ment passager de la mode, l’administration du
Louvre s’est présentée seule pour soustraire au
marteau destructeur quelques pièces de ce trésor.
Le curieux casque à visière couvert d ornements
a été plié en quatre par un marchand de curio-
sités, son acquéreur, qui a évité ainsi de payer
les droits de contrôle.
Dans la salle voisine, le livre d’heures de
Bussv-Rabutin, vendu 2,400 livres lors de la
vente de la bibliothèque de M. le duc de La
BUREAUX, 55, RUE VIVIENNE.
ai Janvier,
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ET DE LA CURIOSITÉ
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ET DE LA CURIOSITÉ.
Je commence par une amende honorable : car
il me semble que ma conscience sera tranquille
lorsque ceux de mes lecteurs qui auront négligé
de redresser une assertion faite par moi trop
précipitamment sauront que la belle grille de la
galerie d’Apollon n’appartient point à l’art du
xvme siècle, comme je l’ai avancé dans la der-
nière chronique (page 61). Mon ami P. Mantz m’a
très-vertement reproché celte grosse erreur que je
m empresse de rectifier en ajoutant que ce chef-
d œuvre de serrurerie provient, ainsi que la
grille de la salle des bronzes, du château de Mai-
sons, construit au xvne siècle. Les recherches en-
treprises par lui pour en découvrir l’auteur ont
été jusqu’ici infructueuses, etje saisis cette occa-
sion de faire appel, dans l’intérêt de mon savant
ami, aux personnes qui posséderaient des docu-
ments de nalure à l'éclairer.
Pendant les huit jours que je viens de passer
dans l’impatience de relever la Chronique com-
promise par ma faute vis-à-vis des fins connais-
seurs, l’empereur du Brésil s’est promené paisi-
blement et a fait frapper à l’hôtel des Monnaies,,
en mémoire de son séjour à Paris, une médaille
dont il avait donné lui-même la devise.
En homme aussi habile que poli, il se débarrasse
des audiences à donner aux solliciteurs de croix
par un procédé peu usité chez les souverains. Il
prend sa canne et son chapeau à huit heures du
matin et tombe inopinément aux Gobelins, où il
passe des heures à regarder les métiers, les car-
tons et... les cendres des tapisseries incendiées
par la Commune.
Il est bien probable que don Pedro II aura
visité riiôtel Drouot. Si c’eût été le jour de la
vente du trésor de Cuenca,il eût pu le sauver du
creuset, où il a presque tout entier fini à nette
heure sa destinée. M. Ueuzey écrivait dans la
Gazette à la date du 1er août 1870 au sujet dés
bijoux de Cuenca : « La grande valeur de la plu-
part des antiquités de l’Amérique méridionale
est la cause qui en amène le plus souvent la des-
truction. Il faut espérer que le même sort ne me-
nace pas à Paris les objets qu’on y a envoyés,
etc. » Eh bien! le croira-t-on? dans cette salle
où sont disputées à des prix fabuleux des choses
dont souvent le seul mérite est dans l’engoue-
ment passager de la mode, l’administration du
Louvre s’est présentée seule pour soustraire au
marteau destructeur quelques pièces de ce trésor.
Le curieux casque à visière couvert d ornements
a été plié en quatre par un marchand de curio-
sités, son acquéreur, qui a évité ainsi de payer
les droits de contrôle.
Dans la salle voisine, le livre d’heures de
Bussv-Rabutin, vendu 2,400 livres lors de la
vente de la bibliothèque de M. le duc de La