187a. — N° 40.
BUREAUX, 55, RUE VIVIENNE.
30 Novembre.
LA
CHRONIQUE DES ARTS
ET DE LA CURIOSITÉ
SUPPLÉMENT A LA GAZETTE DES BEAUX-ARTS
PARAISSANT LE SAMEDI MATIN.
Les abonnés à une année entière de la Gazette des Beaux-Arts reçoivent gratuitement
la Chronique des Arts et de la Curiosité.
PARIS ET DÉPARTEMENTS :
Un an.12 fr. | Six mois.. 8 fr.
ENSEIGNEMENT PAR LES YEUX
EMPLOI DES PAPIERS PEINTS Oü DES TOILES
IMPRIMÉES.
Décoration des classes et salles d'étude.
Voici une idée qui touche aux arts de très-près,
qu’on ne peut résoudre sans eux et qui com-
mence à interroger toutes les formes pratiques
par où elle puisse aboutir.
M. Duruv et M. Charles Robert s’étaient fort
intéressés à cette question de l’enseignement par
les yeux. Us avaient consulté là-dessus les pro-
fesseurs et les artistes. M. Champfleury etM. Brac-
quemond, entre autres, proposèrent à ce sujet
leurs idées d’art au ministère, il y a quatre ans.
On s’est borné jusqu'ici aux planches d’histoire
naturelle éditées par la maison Hachette; telle est
la part officielle dans un mouvement qui aujour-
d’hui va grandissantet dont la province elle-même
s’occupe activement. (Conférences de M. G. Faure
à Clermont-Ferrand sur l’enseignement mural.—
Proposition ailleurs de représenter le ciel astro-
nomique sur un plafond de classe.)
Le mode de représentation à employer pour cet
art enseignant, mais au fond plutôt destiné à
impressionner qu’à enseigner, est une affaire
d’ordre tout à fait supérieur et philosophique,
extrêmement difficile à résoudre et que nous
laisserons à peu près de côté, ne pouvant y
recommander que l’éclectisme, c’est-à-dire le
parallélisme de l’art et de la science, de la vie
artistique et de la désarticulation scientifique.
On ne s’était encore préoccupé jusqu’à ces
derniers temps que de l’image sur feuille de
papier volante, collée sur carton.
D’assez nombreuses séries de ce genre ont été
publiées. La maison Bouasse-Lebel s’en est fait
une spécialité. Des marchands naturalistes tels
que M. Deyrolle ont également imaginé des ta-
bleaux gravés et coloriés, représentant les espèces
animales, végétales, minérales, où ils encadrent
soit un crâne d’animal, soit une tranche de
tronc d’arbre, soit un papillon, véritables.
Mme Pape-Carpentier, un peu troublée par les
leçons de choses des Américains, avait cru un
moment rencontrer une conception très-heureuse
sous la forme de petites boîtes de joujoux conte-
nant par exemple la charrue, le bœuf, le labou-
reur, le four, le pain, la farine, l’épi, la meule, etc.
Mais nous sommes devenus plus ambitieux, et
depuis quelque temps les regards des partisans
de l’enseignement par les yeux ont aperçu d’im-
menses surfaces nues qui remplissent les collèges
et écoles, territoire tout neuf à défricher. Nos
classes noires et tristes, sales et nues, où l’on
nous tenait en prison durant des heures si lourdes,
peuvent s’égayer et se peupler de peintures de
toute sorte, depuis l’aspect de la voûte céleste et
la série des poids et mesures jusqu’à la scène
historique et morale comme le : « Frappe, mais
écoute y>, de Thémistocle.
Plusieurs centaines de mille mètres carrés de
murailles et de plafonds nous appartiennent, à
nous partisans de l’enseignement par les yeux.
À l’école oppressante comme une prison, nous
pouvons substituer l’école tout animée d’images,
l’école attrayante où c’est un plaisir d’aller,
l’école-musée universel.
L’enfant n’y regrettera plus si impatiemment
le soleil et la vie du dehors.
Les décorations exécutées par MM. Ponson et
Durangel au Muséum d’histoire naturelle de Mar-
40
BUREAUX, 55, RUE VIVIENNE.
30 Novembre.
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ET DE LA CURIOSITÉ
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ENSEIGNEMENT PAR LES YEUX
EMPLOI DES PAPIERS PEINTS Oü DES TOILES
IMPRIMÉES.
Décoration des classes et salles d'étude.
Voici une idée qui touche aux arts de très-près,
qu’on ne peut résoudre sans eux et qui com-
mence à interroger toutes les formes pratiques
par où elle puisse aboutir.
M. Duruv et M. Charles Robert s’étaient fort
intéressés à cette question de l’enseignement par
les yeux. Us avaient consulté là-dessus les pro-
fesseurs et les artistes. M. Champfleury etM. Brac-
quemond, entre autres, proposèrent à ce sujet
leurs idées d’art au ministère, il y a quatre ans.
On s’est borné jusqu'ici aux planches d’histoire
naturelle éditées par la maison Hachette; telle est
la part officielle dans un mouvement qui aujour-
d’hui va grandissantet dont la province elle-même
s’occupe activement. (Conférences de M. G. Faure
à Clermont-Ferrand sur l’enseignement mural.—
Proposition ailleurs de représenter le ciel astro-
nomique sur un plafond de classe.)
Le mode de représentation à employer pour cet
art enseignant, mais au fond plutôt destiné à
impressionner qu’à enseigner, est une affaire
d’ordre tout à fait supérieur et philosophique,
extrêmement difficile à résoudre et que nous
laisserons à peu près de côté, ne pouvant y
recommander que l’éclectisme, c’est-à-dire le
parallélisme de l’art et de la science, de la vie
artistique et de la désarticulation scientifique.
On ne s’était encore préoccupé jusqu’à ces
derniers temps que de l’image sur feuille de
papier volante, collée sur carton.
D’assez nombreuses séries de ce genre ont été
publiées. La maison Bouasse-Lebel s’en est fait
une spécialité. Des marchands naturalistes tels
que M. Deyrolle ont également imaginé des ta-
bleaux gravés et coloriés, représentant les espèces
animales, végétales, minérales, où ils encadrent
soit un crâne d’animal, soit une tranche de
tronc d’arbre, soit un papillon, véritables.
Mme Pape-Carpentier, un peu troublée par les
leçons de choses des Américains, avait cru un
moment rencontrer une conception très-heureuse
sous la forme de petites boîtes de joujoux conte-
nant par exemple la charrue, le bœuf, le labou-
reur, le four, le pain, la farine, l’épi, la meule, etc.
Mais nous sommes devenus plus ambitieux, et
depuis quelque temps les regards des partisans
de l’enseignement par les yeux ont aperçu d’im-
menses surfaces nues qui remplissent les collèges
et écoles, territoire tout neuf à défricher. Nos
classes noires et tristes, sales et nues, où l’on
nous tenait en prison durant des heures si lourdes,
peuvent s’égayer et se peupler de peintures de
toute sorte, depuis l’aspect de la voûte céleste et
la série des poids et mesures jusqu’à la scène
historique et morale comme le : « Frappe, mais
écoute y>, de Thémistocle.
Plusieurs centaines de mille mètres carrés de
murailles et de plafonds nous appartiennent, à
nous partisans de l’enseignement par les yeux.
À l’école oppressante comme une prison, nous
pouvons substituer l’école tout animée d’images,
l’école attrayante où c’est un plaisir d’aller,
l’école-musée universel.
L’enfant n’y regrettera plus si impatiemment
le soleil et la vie du dehors.
Les décorations exécutées par MM. Ponson et
Durangel au Muséum d’histoire naturelle de Mar-
40