i8?a. — N° 27.
BUREAUX, 55, RUE VIVIENNE.
9 Juin.
LA
CHRONIQUE DES ARTS
ET DE LA CURIOSITÉ
SUPPLÉMENT A LA GAZETTE DES BEAUX-ARTS
PARAISSANT LH IO ET LE 20 DE C H A Q_U E MOIS
Les abonnés à une année entière de la Gazette des Beaux-Arts reçoivent gratuitement
la Chronique des Arts et de la Curiosité.
PARIS ET DÉPARTEMENTS :
Un an.12 fr. | Six mois.8 fr.
AVIS AUX ABONNÉS
A partir de ce numéro, et jusqu’au
retour de la saison des ventes, la Chro-
nique des Arts et de la. Curiosité ne pa-
raîtra que le 10 et le 20 de chaque mois.
De son côté, la Gazette des Beaux-
Arts étant publiée le 1er de chaque mois,
les abonnés continueront d’être mis, sans
interruption, au courant des faits les
plus intéressants qui se passent dans le
monde des arts et de la curiosité.
LE MUSÉE D’ORLÉANS.
IL
Au musée d’Orléans, les portraits sont en pelit
nombre, mais il y en a d’une véritable valeur.
Parmi ceux-ci, nous citerons d’abord un Po-
thier, par Le Noir, que M. Marcille a généreu-
sement retiré de sa collection et qui devient
ainsi doublement précieux pour la ville. De
Le Noir, le musée possédait déjà un portrait de
Jousse. Près de ces deux jurisconsultes nous
rencontrons deux Orléanais, tous deux artistes,
peints par Nonnotte, le graveur Jean Moyreau,
né à Orléans en 4 690, et qui fut de l’Académie,
puis Desl'riches, le dessinateur, dont le buste en
terre cuite par Pigalle regarde le portrait. Gomme
pendant à ce buste, et non sans raison, est une
autre terre cuite du même sculpteur représen-
tant un nègre. Pourquoi ce nègre? n’esl-il qu’une
fantaisie de Pigalie? Loin de là : son histoire est
toute une légende. Le hasard fit qu’un frère de
Desfriches fut enlevé par des corsaires burba-
resques, comme il revenait d’Orient, où l’avait
conduit son négoce. Une redingote qu’il portait
le sauva. Ce vêtement, dont la mode ne faisait
d’ailleurs que commencer en France, excita de
tels désirs autour du captif, qu’un chef de bande,
devant lequel on l avait conduit, en vintà lui
proposer un de ses esclaves en échange. Le
marché fut conclu, et, peu de temps après, le
voyageur ayant pu regagner la France, Desfriches
prit à son service le nègre ramené par son frère.
Ce même nègre se retrouve assis de profil, à
gauche, sur le premier plan du dessin de Des-
friclies placé dans le vestibule du musée, et
représentant la vue générale d’Orléans en 476).
Mais voilà qui précisément nous ramène aux por-
traits.
Mentionnons encore deuxDrouais fils : un por-
trait de M"1' de Pompadour, et un portrait de
jeune homme, ce dernier d’une réelle beauté;
puis un Charles Goypel, par lui-même, au pastel ;
un de Troy : la duchesse du Maine; mais ne
manquons pas surtout de saluer la princesse de
Conti, duchesse d’Orléans, une ravissante figure,
peinte par Natlier avec une grâce exquise.
On sait que, jusqu’à la fin de l'ancienne monar-
chie, les évêques d’Orléans conservèrent le pri-
vilège de pouvoir délivrer un prisonnier, au
moment de leur entrée dans la ville. C’était en
dehors des murs que, la main sur l’Évangile,
le prélat prononçait la mise en liberté. Natoire
a conservé le souvenir de cette cérémonie, qui
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BUREAUX, 55, RUE VIVIENNE.
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plus intéressants qui se passent dans le
monde des arts et de la curiosité.
LE MUSÉE D’ORLÉANS.
IL
Au musée d’Orléans, les portraits sont en pelit
nombre, mais il y en a d’une véritable valeur.
Parmi ceux-ci, nous citerons d’abord un Po-
thier, par Le Noir, que M. Marcille a généreu-
sement retiré de sa collection et qui devient
ainsi doublement précieux pour la ville. De
Le Noir, le musée possédait déjà un portrait de
Jousse. Près de ces deux jurisconsultes nous
rencontrons deux Orléanais, tous deux artistes,
peints par Nonnotte, le graveur Jean Moyreau,
né à Orléans en 4 690, et qui fut de l’Académie,
puis Desl'riches, le dessinateur, dont le buste en
terre cuite par Pigalle regarde le portrait. Gomme
pendant à ce buste, et non sans raison, est une
autre terre cuite du même sculpteur représen-
tant un nègre. Pourquoi ce nègre? n’esl-il qu’une
fantaisie de Pigalie? Loin de là : son histoire est
toute une légende. Le hasard fit qu’un frère de
Desfriches fut enlevé par des corsaires burba-
resques, comme il revenait d’Orient, où l’avait
conduit son négoce. Une redingote qu’il portait
le sauva. Ce vêtement, dont la mode ne faisait
d’ailleurs que commencer en France, excita de
tels désirs autour du captif, qu’un chef de bande,
devant lequel on l avait conduit, en vintà lui
proposer un de ses esclaves en échange. Le
marché fut conclu, et, peu de temps après, le
voyageur ayant pu regagner la France, Desfriches
prit à son service le nègre ramené par son frère.
Ce même nègre se retrouve assis de profil, à
gauche, sur le premier plan du dessin de Des-
friclies placé dans le vestibule du musée, et
représentant la vue générale d’Orléans en 476).
Mais voilà qui précisément nous ramène aux por-
traits.
Mentionnons encore deuxDrouais fils : un por-
trait de M"1' de Pompadour, et un portrait de
jeune homme, ce dernier d’une réelle beauté;
puis un Charles Goypel, par lui-même, au pastel ;
un de Troy : la duchesse du Maine; mais ne
manquons pas surtout de saluer la princesse de
Conti, duchesse d’Orléans, une ravissante figure,
peinte par Natlier avec une grâce exquise.
On sait que, jusqu’à la fin de l'ancienne monar-
chie, les évêques d’Orléans conservèrent le pri-
vilège de pouvoir délivrer un prisonnier, au
moment de leur entrée dans la ville. C’était en
dehors des murs que, la main sur l’Évangile,
le prélat prononçait la mise en liberté. Natoire
a conservé le souvenir de cette cérémonie, qui
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