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La chronique des arts et de la curiosité — 1872

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No. 25 (26 Mai)
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LA CHRONIQUE DES ARTS

de la commune de Cotignola, d’où ils étaient
originaires; que l’empereur Robert leur donna,
en 1401, le lion d’or, pour reconnaître la valeur
et la bonne tenue des troupes que Sforza lui
amena comme auxiliaires contre le duc de Milan :
« Je veux te donner, dit-il, un lion digne de ta
« valeur. De sa patte gauche il tiendra une
« pomme de coing, que sa patte droite menaçante
« défendra. Malheur à qui osera y toucher! »
Enfin le diamant enchâssé dans un anneau fut
donné à Sforza par le marquis de Ferrare pour le
récompenser des services qu’il lui avait rendus
contre Ottobon 111, en 1409, et le dragon ailé,
terminé par une tète d’homme, est le cimier par-
ticulier à la maison des Sforza. »

Mais nous nous sommes trop étendu sur ces
questions de blason qui intéressent plus les
savants que les artistes. Four nous, qui ne nous
piquons pas de science , au lieu de perdre notre
temps en discussions interminables, nous aimons
mieux admirer la grâce exquise de cette jeune
damoiselle dont le profil si fin et la taille mince
et cambrée dénotent une race privilégiée et
révèlent, dans le peintre, une manière de voir et
d’interpréter la nature plus élevée que celle habi-
tuelle aux Van Evck. Des pensées analogues vien-
nent à l’esprit de quiconque examine le jeune
varlet au corps élégant, au visage distingué, qui
contraste si étrangement avec la ligure rude et
l’attitude pesante et embarrassée de celui qui est
son seigneur et maître. Nous louerons encore,
dans cette peinture , le ciel lumineux et savam-
ment dégradé, le paysage charmant, coupé de
collines, sur l’une desquelles s’étage une ville
fortifiée qui reflète ses murs dans une eau trans-
parente, et nous parlerons des volets qui accom-
pagnent si bien le panneau central. Sur celui de
gauche, on voit la Vierge adorant l’enfant Jésus,
saint François d’Assise agenouillé et un person-
nage tenant un faucon sur son poing et vôiu d’une
tunique de brocart que recouvre un manteau
écarlate doublé d’hermine. Sur le volet de droite,
on remarque saint Jean-Baptiste, sainte Catherine
et sainte Barbe, dont les visages légèrement
ovoïdes, avec leur grand front bombé et leur
petit menton saillant, rappellent assez plusieurs
des tableaux de l’hôpilal de Bruges,auxquels font
encore songer les tons laqueux de la robe lilas
avec manches carminées. C’est également aux gri-
sailles qui décorent extérieurement les volets du
petit triptyque de l’hôpilal de Bruges que l’on se
reporte en considérant celles qui, dans la pein-
ture de la galerie Middleton, nous représentent,
d’un pinceau surprenant de fermeté et de netteté,
les figures de saint Jérôme et de saint Georges,
placées dans des niches, comme des statues po-
sées sur des socles de rocaille.

Et cependant, ce chef-d’œuvre doit-il être
attribué à Memling? Il est permis d’en douter.
Si des historiens persistent à dire que Memling
n’a point visité l’Italie, d’autres chercheront peut-
être à trouver dans ce tableau la preuve que cet
artiste, qui travailla en collaboration avec Ro-
gier van der Weyden, accompagna son maître en
Italie, vers 1449. Les dates ne s’opposent pas
à cette hypothèse. François Sforza, qui avait
épousé, quelques années avant, Blanche Visconti,
avait à cette époque cinquante ans, âge que lui
donne le tableau; Memling pouvait avoir de
vingt-cinq à trente ans et être dans toute la force
de son talent. Ce voyage n’expliquerait-il pas
d’ailleurs pourquoi l’anonyme de Morelli put
admirer, au commencement du xvi° siècle, cinq
tableaux de Memling chez Pietro Bembo et chez
le cardinal Grimani, possesseur notamment d’un
portrait d’Isabelle d’Aragon qu’on dit avoir été
peint en 1450, et ne donnerait-il pas la raison
du goût italien que Memling a mis dans ses por-
traits, comme il est facile de s’en assurer en
étudiant le portrait de Newenhoven? Ou bien
devons-nous considérer ce tableau merveilleux
comme une œuvre vraiment authentique de Ro-
gier van der Weyden? C’est aux critiques belges
qu’il appartient de décider la queslion. Tou-
jours est-il que cette peinture intéressante par le
personnage représenté, précieuse par ses qualités
d’art, est une acquisition digne du Musée de
Bruxelles, pour lequel elle vaut bien au delà des
23,000 francs qu’elle a été payée.

F. de Tal.

VENTE DE LA COLLECTION ALLÈGRE.

Commissaire-priseur : M? Ch. Pillet.

Expert: M. Ch. Mannheim.

(Vacations des 14 et 15 mai.)

MINIATURES.

Très-belle miniature ovale sur vélin, par Van
Blarenberghe, portant la signature du célèbre artiste,
ainsi que la date 1763. Elle représente la Foire de
Saint-Germain, sujet composé d’une multitude de
figures, remarquables par la vérité et la variété de
leurs physionomies.Coll. Sampayo. 30,100 fr.

Deux petites miniatures carrées sur vélin, par Van
Blarenberghe. La Visite à la ferme et le Jeu du vo-
lant. Coll. Du Faiily. 3,350 fr.

Magnifique miniature ovale sur ivoire, par Hall,
représentant les portraits de sa femme, de sa sœur et
de son enfant. Vente Saint et colt. Daugny. Diarn.,
Il cent, sur 9 cent. 19,000 fr.

Miniature ovale sur ivoire, signée Hall, Suédois.
Portrait du comte d’Artois. 1,720 fr.
 
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