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LA CHRONIQUE DES ARTS
Le musée Carnavalet vient de s'enrichir
de nouvelles pièces fort intéressantes.
D'abord, une statuette de la célèbre tragé-
dienne, Mmc Thénard, donnée par M1 e Thénard,
sa fille; puis un Intérieur de Sainte-Gene-
viève, de la fin du xvms siècle, signé Demachy ;
le Frascati, de Debucourt; un portrait de Vic-
tor Hugo, par Heim, petite toile extrêmement
curieuse, qui appartenait à M. Bodinier ; une
Vue des ruines de Saint-Cloud, de Tanzi; la
Grotte d'Apolion, tableau d'Hubert Robert, et
enfin un fragment du trône de Louis-Philippe,
morceau de vieux velours rouge à broderie
d'or enchâssé dans un cadre de bois avec la
date : Tuileries, 1848.
Dans la dernière séance du Conseil mu-
nicipal de Toulouse, le maire a communiqué
une lettre du préfet l'informant que les héri-
tiers de Puvis de Ghavannes offrent en don
au musée de Toulouse cinquante-quatre des-
sins du maître, sous réserve qu'ils seront tou-
jours exposés à hauteur d'homme dans la
salle consacrée aux dessins. Le Conseil a ac-
cepté l'offre et a chargé le maire d'exprimer
sa reconnaissance aux donateurs.
Le Sultan vient d'accorder à une mission
allemande l'autorisation d'explorer les ruines
de Babylone. Cette mission, envoyée par le
gouvernement de Berlin et organisée par le
professeur Sachan, sera dirigée par le docteur
Robert Koldewey.
Le Pavillon de Flore annexé au Louvre
La note suivante a paru dans la presse :
« Le Conseil des Musées que préside M. Roujon,
directeur des Beaux-Arts, et dont font partie
MM. Aynard, député du Rhône, le sculpteur
Barrias, Georges Berger, Bonnat, Léon Bour-
geois, etc., vient d'émettre un vœu des plus inté-
ressants, tendant à faire évacuer le pavillon de
Flore par le ministère des Colonies.
Ce vœu, émis à l'unanimité, est basé surtout
sur les craintes d'incendie auxquelles donne lieu
le voisinage des bureaux des Colonies qui, par
leurs cloisonnements provisoires presque tous en
bois, par l'amoncellement de leurs dossiers et de
leurs archives, par leur mobilier, par leur sys-
tème d'éclairage et de chauffage, sont un danger
permanent pour nos collections, dont ils ne se-
raient, d'ailleurs, plus séparés après l'aménage-
ment de la salle des États que par une mince
cloison.
Il a aussi pour but de donner à notre grand
musée national les développements qui, même
après l'ouverture de cette nouvelle salle, lui se-
ront nécessaires pour exposer toutes les richesses
qu'il possède déjà en réserve, et toutes celles qu'il
pourra acquérir.
Au reste, la prise en considération de ce vœu
rendra simplement le pavillon de Flore à sa des-
tination logique et légale. C'est, en effet, au mi-
nistère de l'Instruction publique et des Beaux-
Arts que, par décret en date du 26 juillet 1883, a
été affectée cette annexe du Louvre, et c'est en
dépit d'un refus du directeur des Musées natio-
naux, formulé à la date du 21 août 1890, qu'y fut
installée l'administration des Colonies dont l'oc-
cupation , à titre provisoire et par pure tolérance,
remonte à l'année 1893.
Dans la même séance, le Conseil des Musées a
formulé un autre vœu non moins intéressant et
tendant aussi au développement des galeries de
peinture du Louvre.
Il s'agirait de transférer aux Invalides, où il
serait tout à fait à sa place en pendant au Musée
de l'armée, le Musée de la marine, qui occupe
actuellement une grande partie de l'étage supé-
rieur de l'ancien Louvre. Cet étage, dont l'admi-
nistration du musée occupe une autre partie, se-
rait complètement évacué et aménagé en vue de
recevoir des collections de tableaux ou de dessins.
L'administration du Louvre s'installerait à l'en-
tresol du pavillon de Flore.
Le conseil des ministres a admis, jeudi matin,
en principe le transfert du ministère des Colonies
dans un autre local et a chargé les ministres des
Beaux-Arts, des Finances et des Colonies de re-
chercher une solution de la question.
Déjà des desiderata avaient été formulés par
M. Gaston Doumergue, dans le rapport qu'il a
présenté à la Chambre au nom de la commission
du budget, en ce qui concerne les crédits du mi-
nistère des Colonies.
C'est à propos de l'annuité de 97.000 francs de-
mandée par le gouvernement pour commencer la
réfection des cloisons, planchers et coffres de
cheminées du pavillon de Flore que le député du
Gard a soulevé cette intéressante question.
. M. Gaston Doumergue explique que la commis-
sion du budget a repoussé cette annuité, non
point qu'elle ait méconnu l'utilité et même la
nécessité des travaux susvisés si les services des
Colonies étaient maintenus aux Tuileries, « mais
afin d'engager le gouvernement à les installer ail-
leurs dans le plus bref délai possible ».
Le rapporteur s'attache à justifier ce transfert
par les raisons suivantes :
« L'installation du ministère des Colonies au
pavillon de Flore ne pouvait être que provisoire.
Elle n'a été faite que contre le gré de la Direc-
tion des Musées qui estimait, non sans raison, que
tous les locaux des palais du Louvre et des Tui-
leries devaient servir au développement normal
du musée du Louvre.
« Il ne faut pas oublier, en outre, que le décret
du 26 juin 1883 a affecté au ministère des Beaux-
Arts tous les locaux des palais du Louvre et des
Tuileries, occupés provisoirement, à cette époque,
par la Ville de Paris, et que c'est en contradiction
avec les prescriptions de ce décret que l'adminis-
tration des Colonies a été installée au pavillon de
Flore. »
Académie des Beaux-Arts
Séance du 11 février
L'Académie décerne le prix Rossini (composi-
tion musicale), dont le sujet était La Vision de
Dante, paroles de MM. Eugène et Edouard Adenis,
à la partition numéro 5, dont l'auteur est M. Max
d'Ollone, ancien grand prix de Rome de 1897,
actuellement pensionnaire de la villa Médicis. Ce
prix est de la valeur de 3.000 francs.
LA CHRONIQUE DES ARTS
Le musée Carnavalet vient de s'enrichir
de nouvelles pièces fort intéressantes.
D'abord, une statuette de la célèbre tragé-
dienne, Mmc Thénard, donnée par M1 e Thénard,
sa fille; puis un Intérieur de Sainte-Gene-
viève, de la fin du xvms siècle, signé Demachy ;
le Frascati, de Debucourt; un portrait de Vic-
tor Hugo, par Heim, petite toile extrêmement
curieuse, qui appartenait à M. Bodinier ; une
Vue des ruines de Saint-Cloud, de Tanzi; la
Grotte d'Apolion, tableau d'Hubert Robert, et
enfin un fragment du trône de Louis-Philippe,
morceau de vieux velours rouge à broderie
d'or enchâssé dans un cadre de bois avec la
date : Tuileries, 1848.
Dans la dernière séance du Conseil mu-
nicipal de Toulouse, le maire a communiqué
une lettre du préfet l'informant que les héri-
tiers de Puvis de Ghavannes offrent en don
au musée de Toulouse cinquante-quatre des-
sins du maître, sous réserve qu'ils seront tou-
jours exposés à hauteur d'homme dans la
salle consacrée aux dessins. Le Conseil a ac-
cepté l'offre et a chargé le maire d'exprimer
sa reconnaissance aux donateurs.
Le Sultan vient d'accorder à une mission
allemande l'autorisation d'explorer les ruines
de Babylone. Cette mission, envoyée par le
gouvernement de Berlin et organisée par le
professeur Sachan, sera dirigée par le docteur
Robert Koldewey.
Le Pavillon de Flore annexé au Louvre
La note suivante a paru dans la presse :
« Le Conseil des Musées que préside M. Roujon,
directeur des Beaux-Arts, et dont font partie
MM. Aynard, député du Rhône, le sculpteur
Barrias, Georges Berger, Bonnat, Léon Bour-
geois, etc., vient d'émettre un vœu des plus inté-
ressants, tendant à faire évacuer le pavillon de
Flore par le ministère des Colonies.
Ce vœu, émis à l'unanimité, est basé surtout
sur les craintes d'incendie auxquelles donne lieu
le voisinage des bureaux des Colonies qui, par
leurs cloisonnements provisoires presque tous en
bois, par l'amoncellement de leurs dossiers et de
leurs archives, par leur mobilier, par leur sys-
tème d'éclairage et de chauffage, sont un danger
permanent pour nos collections, dont ils ne se-
raient, d'ailleurs, plus séparés après l'aménage-
ment de la salle des États que par une mince
cloison.
Il a aussi pour but de donner à notre grand
musée national les développements qui, même
après l'ouverture de cette nouvelle salle, lui se-
ront nécessaires pour exposer toutes les richesses
qu'il possède déjà en réserve, et toutes celles qu'il
pourra acquérir.
Au reste, la prise en considération de ce vœu
rendra simplement le pavillon de Flore à sa des-
tination logique et légale. C'est, en effet, au mi-
nistère de l'Instruction publique et des Beaux-
Arts que, par décret en date du 26 juillet 1883, a
été affectée cette annexe du Louvre, et c'est en
dépit d'un refus du directeur des Musées natio-
naux, formulé à la date du 21 août 1890, qu'y fut
installée l'administration des Colonies dont l'oc-
cupation , à titre provisoire et par pure tolérance,
remonte à l'année 1893.
Dans la même séance, le Conseil des Musées a
formulé un autre vœu non moins intéressant et
tendant aussi au développement des galeries de
peinture du Louvre.
Il s'agirait de transférer aux Invalides, où il
serait tout à fait à sa place en pendant au Musée
de l'armée, le Musée de la marine, qui occupe
actuellement une grande partie de l'étage supé-
rieur de l'ancien Louvre. Cet étage, dont l'admi-
nistration du musée occupe une autre partie, se-
rait complètement évacué et aménagé en vue de
recevoir des collections de tableaux ou de dessins.
L'administration du Louvre s'installerait à l'en-
tresol du pavillon de Flore.
Le conseil des ministres a admis, jeudi matin,
en principe le transfert du ministère des Colonies
dans un autre local et a chargé les ministres des
Beaux-Arts, des Finances et des Colonies de re-
chercher une solution de la question.
Déjà des desiderata avaient été formulés par
M. Gaston Doumergue, dans le rapport qu'il a
présenté à la Chambre au nom de la commission
du budget, en ce qui concerne les crédits du mi-
nistère des Colonies.
C'est à propos de l'annuité de 97.000 francs de-
mandée par le gouvernement pour commencer la
réfection des cloisons, planchers et coffres de
cheminées du pavillon de Flore que le député du
Gard a soulevé cette intéressante question.
. M. Gaston Doumergue explique que la commis-
sion du budget a repoussé cette annuité, non
point qu'elle ait méconnu l'utilité et même la
nécessité des travaux susvisés si les services des
Colonies étaient maintenus aux Tuileries, « mais
afin d'engager le gouvernement à les installer ail-
leurs dans le plus bref délai possible ».
Le rapporteur s'attache à justifier ce transfert
par les raisons suivantes :
« L'installation du ministère des Colonies au
pavillon de Flore ne pouvait être que provisoire.
Elle n'a été faite que contre le gré de la Direc-
tion des Musées qui estimait, non sans raison, que
tous les locaux des palais du Louvre et des Tui-
leries devaient servir au développement normal
du musée du Louvre.
« Il ne faut pas oublier, en outre, que le décret
du 26 juin 1883 a affecté au ministère des Beaux-
Arts tous les locaux des palais du Louvre et des
Tuileries, occupés provisoirement, à cette époque,
par la Ville de Paris, et que c'est en contradiction
avec les prescriptions de ce décret que l'adminis-
tration des Colonies a été installée au pavillon de
Flore. »
Académie des Beaux-Arts
Séance du 11 février
L'Académie décerne le prix Rossini (composi-
tion musicale), dont le sujet était La Vision de
Dante, paroles de MM. Eugène et Edouard Adenis,
à la partition numéro 5, dont l'auteur est M. Max
d'Ollone, ancien grand prix de Rome de 1897,
actuellement pensionnaire de la villa Médicis. Ce
prix est de la valeur de 3.000 francs.