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LÀ CHRONIQUE DES ARTS
Le jury du concours de maisons, que
préside M. Bouvard, a terminé ses opérations
samedi 25 mars. Voici quels sont les architectes
qui ont obtenu les médailles d'or attribuées
aux six maisons reconnues les plus belles :
M. Breffendille, pour la maison sise 18, rue
des Petits-Champs ; MM. Bunel et Dupuis (en
collaboration), pour la maison, 38, avenue
d'Anlin ; M. Georges Debrie, pour la maison,
24, rue du Roi-de-Sicile ; M. Guimard, pour
son « caslel Béranger », 16, rue La Fontaine ;
M. Marquât, pour ses maisons, 204, rue de
Grenelle ; M. Rabier, pour sa maison, 87, bou-
levard de La Yilletle.
La vente des droits d'auteur de Félicien
Rops, le si curieux artiste, décédé il y a quel-
ques mois, a eu lieu hier à Bruxelles, patrie
du célèbre aquafortiste.
Les œuvres avaient été partagées en trois
lots : l'œuvre lithographique, l'œuvre gravée
à l'eau-forte et les autres œuvres diverses
(peintures, aquarelles, dessins, etc.). Ces trois
lots ont été adjugés à un éditeur parisien pour
12.650 fr. seulement.
Sur la proposition de M. Labusquière,
le Conseil municipal vient de confier à M. Ma-
rius Vachon le soin de composer un volume
intitulé « Le nouvel Hôtel de ville » et qui,
tiré à trois cents exemplaires, sera la propriété
de la Ville ; une subvention de 31.000 francs,
payable en trois annuités, a été accordée à
cet effet.
Le Brilish Muséum vient de recevoir un
legs de 50.000 livres sterling de feu M. V.-S.
Lean, pour l'extension et l'amélioration de la
bibliothèque et des salles de lecture, à condi-
tion que ces salles restent ouvertes le diman-
che. M. Lean a aussi laissé 50.000 liv. st. aux
bibliothèques libres de Bristol, 20.030 à l'or-
phelinat Muller de Bristol et 5.000 au Collège
de l'Université de cette môme ville.
-g—■.-.....c^^s- —g-
PETITES EXPOSITIONS
LES PASTELLISTES
L'impression, quand on entre dans la
salle, ne prévient nullement qu'il s'agit de
pastel. On pense à de la peinture à l'huile.
En somme et en général, comme nous le
disions pour les aquarellistes, le pastel est
pratiqué lourdement, avec des surcharges de
tons, sans changement de manière. En
s'efi'orçant de mêler les couleurs, on lui fait
perdre ses qualités de franchise et de déli-
catesse.
M. Axilotte, avec ses grands portraits
arrangés et présentés à la façon picturale
ordinaire, et M. Gilbert, avec ses petits,
contribuent surtout à cette équivoque et le
talent dont ils font preuve n'est pas le
talent qu'il faudrait. Quant à M. Gervex, ses
pastels étant des études pour un tableau, il
y a moins lieu de s'étonner et, dans une
certaine mesure, ce caractère de notes prises
en hâte qu'ont ses portraits d'Altesses, le
maintiennent à distance de l'erreur com-
mune. D'un joli dessin souple, le nu d'étude
décorative de M. Dagnan-Bouveret rappelle
malheureusement les nus couleur de pain
d'épice — je voudrais, mais en vain, m'ex-
primer autrement — de M. Gustave Courtois.
Les œuvres préférables do cette exposition
sont celles de MM. Bcsnard, Aman-Jean et
Ménard. Aman-Jean, qui est, dans sa pein-
ture, expert aux modelés subtils et aux
couleurs silencieuses, ne dédaigne pas ici
l'éclat et le brin de fantaisie qui conviennent
au pastel. Pour preuves, sa Vénitienne,
Brise, et ses jeunes filles et jeunes femmes.
Besnard est brillant et l'imagination de ses
sujets est admirablement appropriée au
procédé. Une écharpe vert pâle sur une
brune aux chairs chaudes fait valoir toutes
les qualités du pastel comme, dans une
œuvre voisine, une coupe fragile ou, ailleurs,
une fumée légère de cigarette. Ménard est
rêveur et crépusculaire. Il y a beaucoup de
charme dans ses Premières étoiles et La
Fin du jour. Son nu est gracieux, tendre,
caressé.
M. Helleu expose d'agréables études à la
sanguine, des hortensias fanés d'une grande
originalité, dans une note sourde, et un por-
trait de femme séduisant. De M. Gaston
Latouche, un chauffeur et un mécanicien sur
une locomotive, entourés de fumée, qui font
impression, et d'amusantes grimaces d'en-
fants. Le Tendre aveu, où la grâce manque
et n'est remplacée que par de l'affectation,
est moins réussi. M. Lévy-Dhurmer témoi-
gne une fois de plus de son habileté avec
deux bons portraits de femmes du monde,
dont l'un s'agrémente de pavots. Et il y a
aussi les fantastiques et lumineuses imagi-
nations de M. Jean Veber, un Conciliabule
de fées, et le château ruiné, à peine habi-
table, de la gaie Ioldis, dansant au soleil.
Le pastel no s'accommode guère de la vision
de M. Lhermitte. C'est terne, incolore, qua-
siment sali. On croirait voir des dessins au
crayon noir, pauvrement rehaussés de cou-
leur. Les paysage de M. Billotte, avec leurs
effets de crépuscule, de lune ou d'aurore,
sont fort attirants. Ceux de M. Maurice
Eliot, paysages de Suisse ou du Midi, sont
radieux. Le soleil fait également l'attrait des
marines de M. Montenard.
Les effets que M. Gaston Guiguard obtient
en peinture par d'étranges et souvent peu
recommandâmes mélanges gagnent en fran-
chise a être traités au pastel.
Nous ne voudrions pas oublier les pay-
sages de M. Nozal ni la comique Romance de
M. Léandre.
ARMAND POINT
M. Armand Point a fondé et dirige, à Mar-
lotte, une association artistique qui porte
le nom de Haute-Claire. Là, quelques artis-
tes battent les métaux, enchâssent les pier-
res, cuisent l'émail, cisèlent, sculptent et
peignent. Rien de plus louable. Ce sont les
œuvres sorties des mains des associés de
Haute-Claire et les peintures et dessins de
M. Armand Point qui sont rassemblés en ce
moment chez Georges Petit.
LÀ CHRONIQUE DES ARTS
Le jury du concours de maisons, que
préside M. Bouvard, a terminé ses opérations
samedi 25 mars. Voici quels sont les architectes
qui ont obtenu les médailles d'or attribuées
aux six maisons reconnues les plus belles :
M. Breffendille, pour la maison sise 18, rue
des Petits-Champs ; MM. Bunel et Dupuis (en
collaboration), pour la maison, 38, avenue
d'Anlin ; M. Georges Debrie, pour la maison,
24, rue du Roi-de-Sicile ; M. Guimard, pour
son « caslel Béranger », 16, rue La Fontaine ;
M. Marquât, pour ses maisons, 204, rue de
Grenelle ; M. Rabier, pour sa maison, 87, bou-
levard de La Yilletle.
La vente des droits d'auteur de Félicien
Rops, le si curieux artiste, décédé il y a quel-
ques mois, a eu lieu hier à Bruxelles, patrie
du célèbre aquafortiste.
Les œuvres avaient été partagées en trois
lots : l'œuvre lithographique, l'œuvre gravée
à l'eau-forte et les autres œuvres diverses
(peintures, aquarelles, dessins, etc.). Ces trois
lots ont été adjugés à un éditeur parisien pour
12.650 fr. seulement.
Sur la proposition de M. Labusquière,
le Conseil municipal vient de confier à M. Ma-
rius Vachon le soin de composer un volume
intitulé « Le nouvel Hôtel de ville » et qui,
tiré à trois cents exemplaires, sera la propriété
de la Ville ; une subvention de 31.000 francs,
payable en trois annuités, a été accordée à
cet effet.
Le Brilish Muséum vient de recevoir un
legs de 50.000 livres sterling de feu M. V.-S.
Lean, pour l'extension et l'amélioration de la
bibliothèque et des salles de lecture, à condi-
tion que ces salles restent ouvertes le diman-
che. M. Lean a aussi laissé 50.000 liv. st. aux
bibliothèques libres de Bristol, 20.030 à l'or-
phelinat Muller de Bristol et 5.000 au Collège
de l'Université de cette môme ville.
-g—■.-.....c^^s- —g-
PETITES EXPOSITIONS
LES PASTELLISTES
L'impression, quand on entre dans la
salle, ne prévient nullement qu'il s'agit de
pastel. On pense à de la peinture à l'huile.
En somme et en général, comme nous le
disions pour les aquarellistes, le pastel est
pratiqué lourdement, avec des surcharges de
tons, sans changement de manière. En
s'efi'orçant de mêler les couleurs, on lui fait
perdre ses qualités de franchise et de déli-
catesse.
M. Axilotte, avec ses grands portraits
arrangés et présentés à la façon picturale
ordinaire, et M. Gilbert, avec ses petits,
contribuent surtout à cette équivoque et le
talent dont ils font preuve n'est pas le
talent qu'il faudrait. Quant à M. Gervex, ses
pastels étant des études pour un tableau, il
y a moins lieu de s'étonner et, dans une
certaine mesure, ce caractère de notes prises
en hâte qu'ont ses portraits d'Altesses, le
maintiennent à distance de l'erreur com-
mune. D'un joli dessin souple, le nu d'étude
décorative de M. Dagnan-Bouveret rappelle
malheureusement les nus couleur de pain
d'épice — je voudrais, mais en vain, m'ex-
primer autrement — de M. Gustave Courtois.
Les œuvres préférables do cette exposition
sont celles de MM. Bcsnard, Aman-Jean et
Ménard. Aman-Jean, qui est, dans sa pein-
ture, expert aux modelés subtils et aux
couleurs silencieuses, ne dédaigne pas ici
l'éclat et le brin de fantaisie qui conviennent
au pastel. Pour preuves, sa Vénitienne,
Brise, et ses jeunes filles et jeunes femmes.
Besnard est brillant et l'imagination de ses
sujets est admirablement appropriée au
procédé. Une écharpe vert pâle sur une
brune aux chairs chaudes fait valoir toutes
les qualités du pastel comme, dans une
œuvre voisine, une coupe fragile ou, ailleurs,
une fumée légère de cigarette. Ménard est
rêveur et crépusculaire. Il y a beaucoup de
charme dans ses Premières étoiles et La
Fin du jour. Son nu est gracieux, tendre,
caressé.
M. Helleu expose d'agréables études à la
sanguine, des hortensias fanés d'une grande
originalité, dans une note sourde, et un por-
trait de femme séduisant. De M. Gaston
Latouche, un chauffeur et un mécanicien sur
une locomotive, entourés de fumée, qui font
impression, et d'amusantes grimaces d'en-
fants. Le Tendre aveu, où la grâce manque
et n'est remplacée que par de l'affectation,
est moins réussi. M. Lévy-Dhurmer témoi-
gne une fois de plus de son habileté avec
deux bons portraits de femmes du monde,
dont l'un s'agrémente de pavots. Et il y a
aussi les fantastiques et lumineuses imagi-
nations de M. Jean Veber, un Conciliabule
de fées, et le château ruiné, à peine habi-
table, de la gaie Ioldis, dansant au soleil.
Le pastel no s'accommode guère de la vision
de M. Lhermitte. C'est terne, incolore, qua-
siment sali. On croirait voir des dessins au
crayon noir, pauvrement rehaussés de cou-
leur. Les paysage de M. Billotte, avec leurs
effets de crépuscule, de lune ou d'aurore,
sont fort attirants. Ceux de M. Maurice
Eliot, paysages de Suisse ou du Midi, sont
radieux. Le soleil fait également l'attrait des
marines de M. Montenard.
Les effets que M. Gaston Guiguard obtient
en peinture par d'étranges et souvent peu
recommandâmes mélanges gagnent en fran-
chise a être traités au pastel.
Nous ne voudrions pas oublier les pay-
sages de M. Nozal ni la comique Romance de
M. Léandre.
ARMAND POINT
M. Armand Point a fondé et dirige, à Mar-
lotte, une association artistique qui porte
le nom de Haute-Claire. Là, quelques artis-
tes battent les métaux, enchâssent les pier-
res, cuisent l'émail, cisèlent, sculptent et
peignent. Rien de plus louable. Ce sont les
œuvres sorties des mains des associés de
Haute-Claire et les peintures et dessins de
M. Armand Point qui sont rassemblés en ce
moment chez Georges Petit.