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La chronique des arts et de la curiosité — 1899

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Nr. 35 (18 Novembre)
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https://doi.org/10.11588/diglit.19754#0332
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3-22

LA CHRONIQUE DES ARTS

NOUVELLES

Dimanche dernier a été inauguré à la
Grand'Gombe (Gard),' un monument à la mé-
moire du poète Mathieu Lacroix, dû au sculp-
teur Tony Noël.

Le 13 novembre, inauguration, à la cathé-
drale d'Angers, du monument de Mgr Frep-
pel, dû à Falguière.

Hier a été inaugurée à Port-Saïd, sur
une jetée qui protège l'embouchure du Canal
de Suez, la statue de Ferdinand de Lesseps,
œuvre du statuaire Frémiet.

On sait que l'État et la Ville de Paris
ont voté les fonds nécessaires pour la restau-
ration de la vieille église de Saint-Pierre de
Montmartre.

Au cours des travaux de recherches effec-
tués sous la direction de M. Sauvageot, archi-
tecte, on a découvert, dans le sol delà nef, un
cercueil mérovingien en plâtre, sur le pied
duquel se trouve une croix entourée d'un
cercle ornementé. C'est un des plus beaux
spécimens que l'on ait encore trouvés à Paris.

D'autres cercueils ont été aperçus pendant
ces premières recherches. Mais des fouilles
méthodiques ne pourront être effectuées
qu'après l'achèvement des travaux de restau-
ration.

Le cercueil découvert va être transporté
prochainement au musée Carnavalet.

*** Le testament de M. Cornélius Vander-
bilt, le célèbre millionnaire américain, vient
d'être rendu public.

Un tableau de Turner, Le Grand Canal de
Venise, évalué 100.000 dollars, est légué au
musée métropolitain de New-York.

Deux lettres inédites de Chardin

A M. D'ANGIVILLEB (1)

Suite et fin (2)

21 juillet 1778.

Monsieur Le Comte,

Les bienfaits que répand votre Administration
sur les Arts, et en particulier sur l'Académie
Royale de Peinture et de Sculpture, me donnent
la confiance que vous voudrez bien vous occu-
per un instant de l'exposé que je vais prendre
la liberté de mettre sous vos yeux.

En 1755, L'Académie, à la mort d'un Sr Rcy-
dellet, son concierge et receveur qu'elle avoit
chargé du soin de ses finances, les trouva dans
le plus grand désordre, Elle reconnut qu'elle
avoit été trompée dans la confiance qu'elle avoit
cru pouvoir lui donner, tant sur l'expérience
qu'elle avoit de son intelligence, que sur les bons
témoignages qui avoient été rendus de lui. Elle
sentit alors la nécessité indispensable de faire
revivre la charge de Trésorier qui autrefois étoit
exercée parun de ses membres. Après s'être bien

(1) Arcb. nat. Oi 1924.

(2) V. Chronique des Arts du 11 novembre 1899 .

consultée, elle jugea devoir m'honorer de sa
confiance pour cette place, avec l'ancien hono-
raire de 300 1. qui y avoit été attaché dès l'éta-
blissement de l'Académie; et j'eus l'honneur
d'être élu tout d'une voix.

Ce furent alors beaucoup moins ces honoraires
que la satisfaction d'être utile a ma compagnie,
et l'empressement de répondre a sa confiance
qui me déterminèrent à accepter.

J'ai commencé à exercer cette place, Le 12 may
1755, a cette époque non seulement l'Académie
n'avoit aucuns fonds, il ne lui étoit rien dû sur
ceux accordés par le Roy pour son entretien ;
mais encore elle se trouvoit endettée d'environ
4.0001. au contraire. Lorsque je me suis démis
de cette place à la fin de 1774, toutes dettes
acquittées et nonobstant beaucoup de dépenses
extraordinaires et considérables que l'Académie
s'étoit trouvée en différens tems obligée de
faire, j'ai laissé, soit en caisse, soit en sommes
libres à recouvrir, une trentaine de mille livres.
Je n'ai eu à cet égard, je l'avoue, d'autre mérite
que celui de l'exactitude et de l'attention avec
laquelle j'ai rempli les devoirs de ma place,
mais je n'en ai pas moins eu, j'ose le dire, une
vraye satisfaction de voir l'ordre rétabli dans
nos finances. Tous mes confrères m'en firent
eux-mêmes des compliments distingués ; M.
Pierre, surtout, me dit des choses obligeantes à
ce sujet, et me demanda même, pour lui person-
nellement, une copie du tableau, que je remottois
à l'Académie, de toute ma petite administra-
tion.

Je viens encore tout récemment de remettre
au Trésorier actuel un inventaire de tous les
tableaux, sculptures, et effets quelconques
apartenant à l'Académie, que j'ai cru aussi du
devoir do ma place de présenter, et qui a été
vérifié et aprouvé par le dernier comité.

11 est assez ordinaire, Monsieur Le Comte,
qu'une personne qui a exercé un emploi avec
honneur pendant 20 ans, dans un corps quel-
conque, ait une continuation d'honoraires, ce
qu'on apelle une retraite.

En 1775, lorsque j'eus quitté ma place, vous
eûtes a la vérité, Monsieur Le Comte, la bonté
de me faire participer aux bienfaits de Sa Ma-
jesté, en me fesant donner une gratification
malgré la difficulté des tems (1). Par la raison
même de cette difficulté je dus être content, mais
vous voulûtes bien me faire espérer, de me
donner des témoignages plus essentiels des
bontés du Roy, s'il s'en présentait quelque
moyen. Comme j'ai eu pour principe, toute ma
vie, de m'observer dans mes démarches, j'ai cru
que je n'aurois point a rougir de vous en pro-
poser un qui ne pourroit causer aucun déran-
gement dans les récompenses attribuées à mes
Confrères.

Ce moyen seroit, Monsieur le comte, do me
faire jouir de la continuation de mes honoraires,
en les prenant sur la surabondance des fonds
libres de l'Académie. Lors de ma retraite, j'au-
rois craint qu'il n'y eut de l'indiscrétion à faire
une pareille demande, ignorant jusqu'à quelles
sortes do dépenses pouvoient entraîner les nou-
veaux établissemens projettés dans l'Académie.

(1) C'était une indemnité allouée à Chardin
pour le dédommager des frais et du. travail qu'il
avait eus pour l'arrangement du Salon.
 
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