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La chronique des arts et de la curiosité — 1899

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Nr. 35 (18 Novembre)
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https://doi.org/10.11588/diglit.19754#0333
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ET DE LA CURIOSITÉ

Aujourd'huy que les tems sont changés pour elle,
que par vos nouveaux bienfaits, ses fondemens
sont assurés sur une base plus solide, qui a
permis même d'augmenter les honoraires de
tous les officiers, je crois pouvoir oser revenir
sur mes pas.

Le droit qui m'a été conservé d'assister a tous
les comités particuliers, et notamment a ceux
relatifs à la reddition des comptes me met assez
a portée d'être instruit de la situation des finan-
ces de l'Académie, pour pouvoir vous assurer,
en connoissance de cause, qu'elles peuvent sans
la moindre gêne suporter cette continuation
d'honoraires dont mon revenu se trouve di-
minué précisément dans un âge ou les moyens
sont plus multipliés. Je me flatte que l'Aca
démie, vù l'amitié et l'estime qu'elle m'a fait
paroître dans tous les tems, ne verroit qu'avec
plaisir cette faveur accordée à l'un de ses plus
anciens membres.

C'est au surplus, Monsieur le comte, encore
moins la médiocrité de ma fortune qui m'inspire
cette démarche, que l'honneur qui résulte de ces
sortes de retraites accordés à des services ren-
dus ; c'est, si je me fait point illusion,la justice
de la chose en elle-même ; mais c'est unique-
ment à vous, Monsieur le comte, qu'il apar-
tient d'en juger, ce n'est qu'à vous, a votre
équité, que je puis devoir ce bienfait, et quoi
qu'il en puisse arriver, ce sera la dernière grâce
que je puisse jamais obtenir, vû mon âge et mes
infirmités.

Si j'osois, en finissant, Monsieur le comte,
après avoir parlé des intérêts du Trésorier, sti-
puler aussi ceux du Peintre, je prendrois la
liberté d'observer au Prolecteur des Arts que
cette faveur rejailliroit en même tems sur un
artiste qni se plaît a convenir a la vérité que
dans le courant de ses travaux, les bienfaits de
Sa Majesté l'ont aidé a soutenir la peinture avec
honneur, mais qui a malheureusement éprouvé
que les études longues et opiniâtres qu'exige la
nature, ne conduisoient pas à la fortune.

Si cette capricieuse m'a refusé ses faveurs, elle
n'a pù me décourager, ni m'enlever l'agrément
du travail. Mes infirmités m'ont empêché de
continuer de peindre a l'huile, je me suis rejetté
sur le pastel qui m'a fait recueillir encore quel-
ques fleurs, si j'ose m'en raporter a l'indulgence
du public.

Vous même, Monsieur le comte, avez paru
m'accorder votre suffrage aux précédens Salons,
avant que vous en fussiez le premier ordonna-
teur et vous m'avez encouragé dans cette car-
rière dans laquelle je me suis montré pins de
40 années.

J'ai peut-être, Monsieur le comte, trop abusé
de voa momens, mais j'ose espérer que vous
voudrez bien excuser ma prolixité, si vous
daignez attribuer tous les détails dans lesquels
j'ai cru devoir entrer, et au désir que j'ai eu
dêclairer votre bienfaisance, en mémo tems que
je lïnvoquois, et a la confiance que ne cesseront
de m'inspirer vos anciennes bontés.

Je suis avec un profond respect. Monsieur le
comte, votre très humble et très obéissant ser-
viteur,

Chardin.

Paris, le 28 juin 1778.

iVS, _ Hélas ! vous n'en êtes pas encore

quitte, Monsieur le comte, ma femme qui veut
être do moitié on tout avec moi, prétend qu'il ne
suffit pas de lui avoir communiqué ma lettre,
Elle veut aussi parler pour son compte, et vous
altez l'entendre :

« Vous n'auriez, me dit elle rien gâté a votre
» requête, si vous aviez exposé les peines et les
» soins que j'ai pris pour votre administration,
» et je no me contente pas de compliments sté-
» riles que toute l'Académie m'a faite dans le
» tems : S'il y a une récompense a obtenir, la
» trésorière y a des droits, et la seule a la-
» quelle elle aspireroit, ce serait d'être munie
» d'un bon vis a vis du nouveau Trésorier pour
>> le sommer de s'acquitter depuis 1775. »

Cent fois pardon, Monsieur le comte, de vous
avoir encore arrêté, mais je n'ai concédé a mettre
sous vos yeux cette réflexion de ma femme que
comme une occasion de lui rendre la justice que
je lui dois en convenant que sans ses secours,
j'aurois été souvent fort embarrassé de bien des
détails do cette place, très étrangers aux Arts,

M. CHARDIN

PEINTRE DU ROY

21 juillet 1778.

J'ai reçu, Monsieur, la lettre que vous avez
pris la peine de m'écrire pour m'exposer les ser-
vices que vous avès rendus a l'académie royale
de peinture, dans le tems que vous en avez exercé
la trésorerie, et par laquelle vous me présentez
un moyen d'y avoir égard, en vous accordant sur
les fonds de l'académie la continuation des hono-
raires que vous aviez en qualité de trésorier, je
vais répondre avec quelques détails a cette lettre.

Personne ne fait plus de cas que moi de votre
talent et ne rends plus de justice a la manière
dont vous avez gardé les fonctions dont l'acadé-
mie vous avoit chargée. Je ne puis cependant ne
vous pas marquer quelque surprise de la de-
mande que vous m'adressez aujourd'hui. J'ai cru
devoir me faire à cette occasion représenter les
grâces que vous avez successivement obtenues et
j'ai trouvé que vous jouissiez depuis fort long-
tems d'un logement et d'une pension qui a été
assez rapidement portée à 1400 1. (indépendam-
ment des 200 1. accordé depuis pour l'arrange-
ment des tableaux,) tandis que les premiers
officiers de l'Académie n'avoient que 5, G, ou800 1.
je n'ai pu m'empêcher d'y reconnoitre une récom-
pense comme anticipée des services que vous
rendiez alors comme trésorier ; car si vos ou-
vrages prouvent les soins qui vous ont acquis
une réputation montre dans le genre qui a fait
l'objet do vos travaux, vous reconnaissés sans
doute qu'on doit la même justice à vos confrères
qui ont suivi des genres qui sont également diffi-
ciles, ou qui le sont même davantage. Je regar-
derois donc comme un double employ, l'augmen-
tation de traitement que vous sollicitez aujour-
d'hui en considération de vos soins ; ces sortes
de soins dans les compagnies doivent d'ailleurs
avoir pour principale récompense, le plaisir d'être
utile à ses confrères, d'autant plus qu'il n'en pré-
sente pas un travail bien fatiguant ni bien assu-
jetissant et qu'il n'est presque question que d'or-
dre et d'exactitude.
 
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