ET DE LA CURIOSITÉ
i i
œuvres du peintre Henri Régnault organisée à l’occa-
sion du cinquantenaire de sa mort (21 |anvier 1871)
et une exposition des gravures récemment entrées à la
Chalcographie.
Évacués dès le début de la guerre, les trésors que
renfermait la salle des bijoux antiques n’avaient pu
encore être remis sous les yeux du public tant à cause
de la nature des objets qu’à cause de la situation de la
salle, lieu de passage constant. Comme les autres
remaniements opérés au Louvre depuis sa réouverture,
la réorganisation de cette salle est des plus heureuses.
La présentation des objets de la collection Campana,
qui en forme le fonds principal, n’avait pas été modifiée
depuis leur entrée au Louvre sous Napoléon III. Aux
cartons qui les supportaient ont été substituées des
étoffes appropriées aux différentes teintes des ors des
bijoux anciens, qui les mettent mieux en valeur.
Au centre de la salle, dans une vitrine spéciale, est
exposé le magnifique ensemble du trésor de Boscoreale
donné au Louvre en 1895 par le baron Edmond de
Rothschild.. Dans les vitrines du pourtour sont dispo-
sés les bijoux de la collection Campana et de la collec-
tion Messaksoudy récemment acquise par le Louvre(i) :
les pièces de grande dimension — diadèmes, statuettes,
vases précieux, grands camées — dans les parties hau-
tes, les bijoux de petite dimension dans les parties
basses sur des plans inclinéj qui permettent d’en étu-
dier toutes les particularités.
L’exposition commémorative du jeune peintre tombé
en héros à Buzenval a été organisée dans les salles
Percier, qui précédent la salle Duchâtel. On y a réuni
les trois grandes toiles d’Henri Régnault: le 'Portrait
du maréchal Prim, l’Exécution à Grenade sous les rois
maures, le Portrait de Mme Fouques-Duparc, léguée
récemment par celle-ci au Musée du Louvre, puis le
délicieux petit Portrait de la comtesse de Barck, les
trois lumineuses aquarelles représentant des salles de
l’Alhambra, puis une série d’aquarelles ou de petites
études peintes et de dessins à la plume ou au crayon,
parmi lesquels un Portrait de Bida, don récent de la
famille Vaudoyer, et sept portraits de la famille Fou-
ques-Duparc, don de celle-ci.
On projette d’organiser, dans le courant de l’année
une exposition pius importante où seraient réunies
toutes les œuvres que possède la France de ce bel
artiste, ravi si brutalement au début de sa carrière, à
vingt-huit ans.
A la Chalcographie, les curieux pourront voir
l’ensemble de gravures nouvelles dont les planches,
commandées par l’administration des Beaux-Arts, vien-
nent d’être remises au musée. Les graveurs Chiquet,
Coppier, Laplace et Roux ont reproduit des œuvres
de Botticelli, de Rembrandt, de Perronneau; l’Enlè-
vement de Rébecca, par Delacroix, a été interprété par
M. Giroux ; le Cimetière de Saint-Privat, d’Alphonse
de Neuville, par M. Fraipont; le Théâtre de Belleville,
de Carrière, par M. Mordant. L’administration des
Beaux-Arts a fait don également à la Chalcographie
d’eaux-fortes originales de l’Américain Louis Orr et de
MM. Bouroux, Bompard, Coussens, Laboureur et Le
Meilleur.
(1) V. Chronique des Arts, 30 juin 1919, p. 103.
La'section de sculpture moderne s’est enrichie, dans
les derniers mois, d'une importante série de morceaux
de diverses époques. A la vente Alphonse Kann, le
Louvre a fait- l’acquisition d’une statuette en terre
cuite, modèle de la Vierge agenouillée de Michel
Anguier, destinée au Val-de-Grâce et .aujourd’hui à
Saint-Roch ; à la~vente Valtat, d’un ensemble de trois
statuettes en bois de l’école champenoise du seizième
siècle formant un Calvaire. Le département a acheté,
d’autre part, une tète de femme en pierre, fragment
d’une figure gisante du quatorzième siècle, et un buste
en terre cuite où l'on a pu reconnaître la main de
Coysevox et le portrait du graveur Gérard Audran.
11 a reçu en don, de M. et Mnie Jules Strauss, un
Saint Sébastien en terre cuite d’un sculpteur flamand
du dix-huitième siècle, Walter Pompe ; de M. Wil-
denstein, une figure de 1 ’Affliction en marbre, par Stouf,
qui a figuré jadis dans la collection Rodolphe Kann ;
de M. et Mme Gustave Lacan, une statuette de jeune
fille en terre cuite, par Marin, et un bois allemand du
quinzième siècle représentant Sainte Anne avec la Vierge
et l’Enfant.
Une négociation en cours depuis de longues années,
et menée d’accord avec l’administration des Monuments
historiques, va .permettre de recueillir au Louvre
l'importantensembled’un retable flamand du xvie siècle,
presque complet, provenant de Coligny (Marne), que
ses propriétaires ont consenti à céder à notre grand
musée national. Mais l’entrée de- cette pièce d’assez
grandes dimensions nécessitera de nouveaux aménage-
ments des salies trop étroites de la sculpture du Moyen
âge, et elle ne pourra pas être présentée au public
avant quelques semaines.
Enfin, la Société des Amis du Louvre vient d’offrir
au musée une magnifique esquisse en terre cuite du
Bernin pour sa figure de la Vérité, dont le marbre,
transmis de génération en génération chez les descen-
dants de l’artiste, est encore aujourd’hui dans la casa
Bernini, à Rome. Cette étude de nu, toute naturaliste
d’accent, exceptionnelle de vigueur et de souplesse,
manifeste sous un aspect tout nouveau le remarquable
talent du plus grand maître de la sculpture italienne
au dix-septième siècle.
PETITES EXPOSITIONS
On a exposé à la galerie Devambez un certain nom-
bre de tableaux, esquisses et études de William Bou-
guereau (1825-1905). On peut voir à cette exposition
les dessins de draperie pour Zénobie trouvée sur les bords
de l’Araxe, et voilà une excellente occasion dé se rap-
peler que ce tableau obtint la moitié du Grand prix de
j Rome en 1850, l’autre moitié ayant été décernée à
' Paul Baudry. On y peut contempler un assez bon
j portrait de l’artiste ]eune, quelques paysages exécutés
à Rome, et dès esquisses pour Le corps de sainte Cécile
! apporté dans les Catacombes, œuvre qui figura au Salon
; de 1855. Je n’ai pris aucun plaisir à regarder ces
compositions froides et ennuyeuses, auxquelles certains
critiques trouvaient jadis de solides et profondes qua-
i i
œuvres du peintre Henri Régnault organisée à l’occa-
sion du cinquantenaire de sa mort (21 |anvier 1871)
et une exposition des gravures récemment entrées à la
Chalcographie.
Évacués dès le début de la guerre, les trésors que
renfermait la salle des bijoux antiques n’avaient pu
encore être remis sous les yeux du public tant à cause
de la nature des objets qu’à cause de la situation de la
salle, lieu de passage constant. Comme les autres
remaniements opérés au Louvre depuis sa réouverture,
la réorganisation de cette salle est des plus heureuses.
La présentation des objets de la collection Campana,
qui en forme le fonds principal, n’avait pas été modifiée
depuis leur entrée au Louvre sous Napoléon III. Aux
cartons qui les supportaient ont été substituées des
étoffes appropriées aux différentes teintes des ors des
bijoux anciens, qui les mettent mieux en valeur.
Au centre de la salle, dans une vitrine spéciale, est
exposé le magnifique ensemble du trésor de Boscoreale
donné au Louvre en 1895 par le baron Edmond de
Rothschild.. Dans les vitrines du pourtour sont dispo-
sés les bijoux de la collection Campana et de la collec-
tion Messaksoudy récemment acquise par le Louvre(i) :
les pièces de grande dimension — diadèmes, statuettes,
vases précieux, grands camées — dans les parties hau-
tes, les bijoux de petite dimension dans les parties
basses sur des plans inclinéj qui permettent d’en étu-
dier toutes les particularités.
L’exposition commémorative du jeune peintre tombé
en héros à Buzenval a été organisée dans les salles
Percier, qui précédent la salle Duchâtel. On y a réuni
les trois grandes toiles d’Henri Régnault: le 'Portrait
du maréchal Prim, l’Exécution à Grenade sous les rois
maures, le Portrait de Mme Fouques-Duparc, léguée
récemment par celle-ci au Musée du Louvre, puis le
délicieux petit Portrait de la comtesse de Barck, les
trois lumineuses aquarelles représentant des salles de
l’Alhambra, puis une série d’aquarelles ou de petites
études peintes et de dessins à la plume ou au crayon,
parmi lesquels un Portrait de Bida, don récent de la
famille Vaudoyer, et sept portraits de la famille Fou-
ques-Duparc, don de celle-ci.
On projette d’organiser, dans le courant de l’année
une exposition pius importante où seraient réunies
toutes les œuvres que possède la France de ce bel
artiste, ravi si brutalement au début de sa carrière, à
vingt-huit ans.
A la Chalcographie, les curieux pourront voir
l’ensemble de gravures nouvelles dont les planches,
commandées par l’administration des Beaux-Arts, vien-
nent d’être remises au musée. Les graveurs Chiquet,
Coppier, Laplace et Roux ont reproduit des œuvres
de Botticelli, de Rembrandt, de Perronneau; l’Enlè-
vement de Rébecca, par Delacroix, a été interprété par
M. Giroux ; le Cimetière de Saint-Privat, d’Alphonse
de Neuville, par M. Fraipont; le Théâtre de Belleville,
de Carrière, par M. Mordant. L’administration des
Beaux-Arts a fait don également à la Chalcographie
d’eaux-fortes originales de l’Américain Louis Orr et de
MM. Bouroux, Bompard, Coussens, Laboureur et Le
Meilleur.
(1) V. Chronique des Arts, 30 juin 1919, p. 103.
La'section de sculpture moderne s’est enrichie, dans
les derniers mois, d'une importante série de morceaux
de diverses époques. A la vente Alphonse Kann, le
Louvre a fait- l’acquisition d’une statuette en terre
cuite, modèle de la Vierge agenouillée de Michel
Anguier, destinée au Val-de-Grâce et .aujourd’hui à
Saint-Roch ; à la~vente Valtat, d’un ensemble de trois
statuettes en bois de l’école champenoise du seizième
siècle formant un Calvaire. Le département a acheté,
d’autre part, une tète de femme en pierre, fragment
d’une figure gisante du quatorzième siècle, et un buste
en terre cuite où l'on a pu reconnaître la main de
Coysevox et le portrait du graveur Gérard Audran.
11 a reçu en don, de M. et Mnie Jules Strauss, un
Saint Sébastien en terre cuite d’un sculpteur flamand
du dix-huitième siècle, Walter Pompe ; de M. Wil-
denstein, une figure de 1 ’Affliction en marbre, par Stouf,
qui a figuré jadis dans la collection Rodolphe Kann ;
de M. et Mme Gustave Lacan, une statuette de jeune
fille en terre cuite, par Marin, et un bois allemand du
quinzième siècle représentant Sainte Anne avec la Vierge
et l’Enfant.
Une négociation en cours depuis de longues années,
et menée d’accord avec l’administration des Monuments
historiques, va .permettre de recueillir au Louvre
l'importantensembled’un retable flamand du xvie siècle,
presque complet, provenant de Coligny (Marne), que
ses propriétaires ont consenti à céder à notre grand
musée national. Mais l’entrée de- cette pièce d’assez
grandes dimensions nécessitera de nouveaux aménage-
ments des salies trop étroites de la sculpture du Moyen
âge, et elle ne pourra pas être présentée au public
avant quelques semaines.
Enfin, la Société des Amis du Louvre vient d’offrir
au musée une magnifique esquisse en terre cuite du
Bernin pour sa figure de la Vérité, dont le marbre,
transmis de génération en génération chez les descen-
dants de l’artiste, est encore aujourd’hui dans la casa
Bernini, à Rome. Cette étude de nu, toute naturaliste
d’accent, exceptionnelle de vigueur et de souplesse,
manifeste sous un aspect tout nouveau le remarquable
talent du plus grand maître de la sculpture italienne
au dix-septième siècle.
PETITES EXPOSITIONS
On a exposé à la galerie Devambez un certain nom-
bre de tableaux, esquisses et études de William Bou-
guereau (1825-1905). On peut voir à cette exposition
les dessins de draperie pour Zénobie trouvée sur les bords
de l’Araxe, et voilà une excellente occasion dé se rap-
peler que ce tableau obtint la moitié du Grand prix de
j Rome en 1850, l’autre moitié ayant été décernée à
' Paul Baudry. On y peut contempler un assez bon
j portrait de l’artiste ]eune, quelques paysages exécutés
à Rome, et dès esquisses pour Le corps de sainte Cécile
! apporté dans les Catacombes, œuvre qui figura au Salon
; de 1855. Je n’ai pris aucun plaisir à regarder ces
compositions froides et ennuyeuses, auxquelles certains
critiques trouvaient jadis de solides et profondes qua-