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N° 19. — 1021.

BUREAUX: I06, BOULEVARD SAINT-GERMAIN (6e)

20 novembre.

CHRONIQUE DES ARTS

ET DE LA CURIOSITÉ

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Le Numéro : i franc

PROPOS DU JOUR

Il a été question à différentes reprises déjà
d’organiser à Paris une exposition inter-
nationale des beaux-arts, dans le genre des
manifestations périodiques qui ont lieu à
Munich, à Venise et ailleurs. Quelque temps
avant la guerre on y avait songé, et si les événe-
ments se chargèrent de mettre un terme assez
prompt à la discussion ouverte alors, le projet
n’en fut pas moins fortement appuyé par des
hommes comme Rodin et Luc-Olivier Merson.
M. Armand Dayot, qui en est le protagoniste,
le reprend aujourd’hui et espère que le Grand-
Palais sera concédé, en 1925, à l’exposition dont
il souhaite que la France, à son tour, fasse les
honneurs au monde civilisé.

On peut argumenter pour ou contre ce projet,
qui, à la vérité, ne semble pas d’une réalisation
indispensable : les artistes étrangers, reçus dans
nos divers salons et qui, comme leurs camarades
français, ne se font pas faute d’organiser en outre
des expositions particulières ou des expositions
de groupes, les artistes étrangers n’ont-ils pas,
en effet, de nombreuses occasions de présenter
leurs œuvres chez nous ? Nous entendons bien
que l’exposition internationale se composerait de
sélections, de façon à montrer des ensembles
vraiment instructifs et caractéristiques ; seulement,
que ce choix sera malaisé ! et combien il risque,
ici et au dehors, de n’être pas tout à fait repré-
sentatif des tendances multiples, des écoles exis-
tantes ! Dans une interview, M. Dayot constate
avec raison que le seul domaine de l’activité
nationale où il y ait surproduction est le domaine
de l’art, mais il voudrait une production moins
fiévreuse, plus méditée, « dégager une fois en
passant notre élite artistique des végétations para-
sitaires qui l’étouffent ». Fort bien, mais, cette
« élite artistique » quelle est-elle ? Certains
diront qu’il en existe plusieurs, d’autres la situeront

ici et non pas là; de même, il sera tout aussi
malaisé, la vérité de demain n’étant pas celle
d’hier, de définir les « végétations parasitaires ».
Et,, en tous cas, constatons que l’effervescence
présente, singulièrement riche de promesses, ne
saurait être modifiée, ni en bien ni en mal, par une
exposition qui ne serait, en fait, qu’un salon de plus.

Mais il y a une question préjudicielle extrê-
mement sérieuse. La France prépaie pour 1924
l’exposition internationale des arts décoratifs
modernes, et, pour 1925, l’exposition coloniale
qui, par plus d’un côté, sera elle aussi une mani-
festation artistique. Ce sont deux entreprises
considérables, dignes de notre plus sérieuse atten-
tion, de notre effort le plus vigoureux et le plus
complet. Il n’est pas admissible d’organiser
auparavant une autre exposition internationale.
Nous n’en avons ni le temps, ni les moyens. Il
faut, notamment, que toutes nos forces se tendent
vers la réalisation de l’exposition des arts déco-
ratifs, qui est pour nous d’une portée économique,
artistique, sociale indiscutable. Prenons garde à
la dispersion à laquelle nous ne sommes que trop
enclins déjà.

Certes, l’exposition de « beaux-arts » projetée
n’aurait en aucun cas l’importance des deux
expositions de 1924 et 1925. Telle qu’elle est
envisagée, elle suffirait déjà à absorber bien des
loisirs, bien des ressources. Et il faut noter, au
surplus, que les salons ordinaires, en 1924 et
1925, revêtiront, par la force des choses, un
éclat particulier. Il sera donc sage de remettre le
projet de 1925 à plus tard, à bien après 192;,
car il faudra se recueillir un peu à la suite des
deux grandes manifestations susdites.

Du reste, la question de la réorganisation des
salons, qui deviennent de trop grosses machines
et qui, persécutés maintenant par le fisc, seront
de plus en plus gênés dans leur budget, cette
question se posera, et avec intensité. Celle de
l’exposition internationale des beaux-arts s’y
incorporera tout naturellement.
 
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