N» 4- — 1921.
28 février.
BUREAUX: I06, BOULEVARD SAINT-GERMAIN (6e)
CHRONIQUE DES ARTS
ET DE LA CURIOSITÉ
SUPPLÉMENT A LA GAZETTE DES BEAUX-ARTS
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Le Numéro : i franc
PROPOS DU JOUR
MDenys Puech a été nommé direc-
teur de la Villa Médicis, sans dis-
cussion et comme si l’administra-
* tion des Beaux-Arts n’avait qu’à
entériner, purement et simplement, le choix de
l’Académie des Beaux-Arts. Peut-être la question
méritait-elle l’examen. L’Ecole de Rome, et tout
ce que comporte ce terme magique de « Rome »,
ne devrait point se trouver en dehors de la
discussion; au contraire, semble-t-il, il ne pou-
vait être qu’avantageux de procéder à une révi-
sion dont la démission de M. Besnard offrait
l’occasion parfaite.
Que le prestige du séjour à Rome, des récom-
penses auquel il aboutit, soit intact, cela ne
fait pas l’ombre d’un doute. Il n’est pas moins
vrai que l’institution est vivement attaquée par-
fois, et que, cependant, rien ne s’y modifie, sauf
en des détails relevant plutôt de l’administration
que de l’art, comme l’âge des élèves, leur droit
au mariage ou autres points de même genre. Il
n'est pas moins vrai encore que tout le mouve-
ment artistique actuel, puissant et varié, voué
aux recherches fécondes, bien fait pour illustrer
notre temps, que tout ce mouvement se poursuit
en dehors, à côté de Rome. Ne serait-il pas
d’une bien grande utilité qu’il y ait désormais
entente; mieux qu’une entente, sympathie agis-
sante et progression en commun ?
La chose est-elle possible? Non, répondront
avec assurance ceux qui nient — ils sont nom-
breux — l’efficacité de l’intervention de l’Etat
et des Académies en matière d’art. D’autres
diront oui, mais en s’en tenant étroitement à ce
qui est consacré. Entre ces deux affirmations, il
y a peut-être place pour une solution favorable
aux intérêts de l’art et du pays, et c’est à condi-
tion qu’une certaine liberté règne dans ce domaine
un peu trop réglementé jusqu’ici, régi avec un
peu d’étroitesse, sans le souci salutaire de la vië
et de ses difficultés, autrement indispensables à
l’art que la rectitude automatique d’études parfai-
tement réglées, de carrières toutes tracées, de
formules plutôt surannées pour tout dire d’un
mot.
Et naturellement, lorsqu’on envisage les choses
sous ce point de vue, on se demande d’abord
quel doit être le rôle du directeur de l’Académie
de France. M. Denys Puech a répondu à cette
question dans une interview qui, avouons-le, nous
laisse perplexe; ses déclarations sont empreintes
de quelque incertitude, et sans doute quelques-
uns trouveront-ils qu’il y manque de poigne; il
se défend d’agir, de réformer, bornant son ambi-
tion à des mesures d’ordre et, pour ce qui con-
cerne sa mission artistique, à de vagues généra-
lités. Mais alors à quoi bon un artiste célèbre ?
C’est un fonctionnaire seulement qu’il fallait. De
fait, c’est bien là la solution qui serait apparue
si l’on avait étudié la question: on aurait été
porté immanquablement à élargir, sans doute
même à ouvrir toutes grandes les portes et les
fenêtres. Ne préconisait-on pas ces temps-ci, et
non sans raison, le remplacement du séjour à
Rome par des voyages, ce qui ne supprimerait
pas, cela va sans dire, le voyage à Rome, tou-
jours de particulière valeur?
Il faut souhaiter, en somme, que l’étude qui n’a
pas été faite avant la nomination de M. Puech,
le soit après celle-ci. La conception qu’il a expo-
sée de son rôle l’engagera certainement, lui tout
le premier, une fois qu’il sera sur place, à envi-
sager des réformes, mais des réformes portant sur
autre chose que sur le règlement proprement dit.
La question se lie évidemment à celle de la
réorganisation de l’Ecole des Beaux-Arts, qui ne
pourra tarder longtemps d’être mise à l’ordre du
jour. Nous savons que l’on y songe, et dans le
sein même de l’Académie des Beaux-Arts où des
éléments moins absolument académiques, si l’on
peut dire ainsi, en sentent bien la nécessité.
28 février.
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MDenys Puech a été nommé direc-
teur de la Villa Médicis, sans dis-
cussion et comme si l’administra-
* tion des Beaux-Arts n’avait qu’à
entériner, purement et simplement, le choix de
l’Académie des Beaux-Arts. Peut-être la question
méritait-elle l’examen. L’Ecole de Rome, et tout
ce que comporte ce terme magique de « Rome »,
ne devrait point se trouver en dehors de la
discussion; au contraire, semble-t-il, il ne pou-
vait être qu’avantageux de procéder à une révi-
sion dont la démission de M. Besnard offrait
l’occasion parfaite.
Que le prestige du séjour à Rome, des récom-
penses auquel il aboutit, soit intact, cela ne
fait pas l’ombre d’un doute. Il n’est pas moins
vrai que l’institution est vivement attaquée par-
fois, et que, cependant, rien ne s’y modifie, sauf
en des détails relevant plutôt de l’administration
que de l’art, comme l’âge des élèves, leur droit
au mariage ou autres points de même genre. Il
n'est pas moins vrai encore que tout le mouve-
ment artistique actuel, puissant et varié, voué
aux recherches fécondes, bien fait pour illustrer
notre temps, que tout ce mouvement se poursuit
en dehors, à côté de Rome. Ne serait-il pas
d’une bien grande utilité qu’il y ait désormais
entente; mieux qu’une entente, sympathie agis-
sante et progression en commun ?
La chose est-elle possible? Non, répondront
avec assurance ceux qui nient — ils sont nom-
breux — l’efficacité de l’intervention de l’Etat
et des Académies en matière d’art. D’autres
diront oui, mais en s’en tenant étroitement à ce
qui est consacré. Entre ces deux affirmations, il
y a peut-être place pour une solution favorable
aux intérêts de l’art et du pays, et c’est à condi-
tion qu’une certaine liberté règne dans ce domaine
un peu trop réglementé jusqu’ici, régi avec un
peu d’étroitesse, sans le souci salutaire de la vië
et de ses difficultés, autrement indispensables à
l’art que la rectitude automatique d’études parfai-
tement réglées, de carrières toutes tracées, de
formules plutôt surannées pour tout dire d’un
mot.
Et naturellement, lorsqu’on envisage les choses
sous ce point de vue, on se demande d’abord
quel doit être le rôle du directeur de l’Académie
de France. M. Denys Puech a répondu à cette
question dans une interview qui, avouons-le, nous
laisse perplexe; ses déclarations sont empreintes
de quelque incertitude, et sans doute quelques-
uns trouveront-ils qu’il y manque de poigne; il
se défend d’agir, de réformer, bornant son ambi-
tion à des mesures d’ordre et, pour ce qui con-
cerne sa mission artistique, à de vagues généra-
lités. Mais alors à quoi bon un artiste célèbre ?
C’est un fonctionnaire seulement qu’il fallait. De
fait, c’est bien là la solution qui serait apparue
si l’on avait étudié la question: on aurait été
porté immanquablement à élargir, sans doute
même à ouvrir toutes grandes les portes et les
fenêtres. Ne préconisait-on pas ces temps-ci, et
non sans raison, le remplacement du séjour à
Rome par des voyages, ce qui ne supprimerait
pas, cela va sans dire, le voyage à Rome, tou-
jours de particulière valeur?
Il faut souhaiter, en somme, que l’étude qui n’a
pas été faite avant la nomination de M. Puech,
le soit après celle-ci. La conception qu’il a expo-
sée de son rôle l’engagera certainement, lui tout
le premier, une fois qu’il sera sur place, à envi-
sager des réformes, mais des réformes portant sur
autre chose que sur le règlement proprement dit.
La question se lie évidemment à celle de la
réorganisation de l’Ecole des Beaux-Arts, qui ne
pourra tarder longtemps d’être mise à l’ordre du
jour. Nous savons que l’on y songe, et dans le
sein même de l’Académie des Beaux-Arts où des
éléments moins absolument académiques, si l’on
peut dire ainsi, en sentent bien la nécessité.