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N° 14. — 1921.

BUREAUX: I06, BOULEVARD SAINT-GERMAIN (6e)

31 août.

CHRONIQUE DES ARTS

ET DE LA CURIOSITÉ

SUPPLÉMENT A LA GAZETTE DES BEAUX-ARTS

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Le Numéro : i franc

PROPOS DU JOUR

Il a fallu près d’un an pour que le poste de
commissaire général de l’Exposition inter-
nationale des arts décoratifs modernes de
1924 sok repourvu. Cela ne démontre pas,
chez nos gouvernants, une très grande préoccu-
pation des questions d’art, même lorsqu’elles
sont, cependant, d’une si haute importance éco-
nomique; et l’on doit s’étonner que l’administra-
tion des beaux-arts n’ait pas obtenu du départe-
ment du Commerce une plus prompte solution.
Ce peu de hâte contraste également avec ce qui
se fait pour les expositions coloniales ou pour les
jeux olympiques; les unes et les autres disposent
d’état-majors organisés, la presse s’en occupe sans
trêve et si l’on se dispute — ce qui semble déci-
dément inévitable quand il s’agit de manifesta-
tions qui devraient, au contraire, emporter d’em-
blée l’unanimité — si l’on se dispute à propos de
tel ou tel point, c’est du moins, à grand fracas,
de façon à émouvoir et à informer véritablement
l’opinion publique.

Mais, enfin, la nomination est faite: ne recher-
chons pas si elle est parfaite, si elle a tenu compte
du vœu de nombreux groupements artistiques, ni
si elle ne fut pas soudainement décidée au
moment où allait se produire une candidature
particulièrement sérieuse. Ne considérons que le
fait en lui-même et son grand intérêt. Nous avons
désormais un successeur au regretté Marc Réville,
mort l’automne dernier. Souhaitons que ce soit
là l’indice d’une activité bienfaisante et utile,
dont les artistes, découragés depuis lors par le
silence et l’inaction officiels, étaient prêts, pour
leur part, à donner dès l’origine des preuves écla-
tantes.

Le nouveau commissaire général, c’est M. Fer-
nand David, sénateur, ancien ministre du Com-
merce. Il n’a pas dû accepter sa mission sans se
rendre compte de l’importance exceptionnelle de

l’exposition qu’il aura à diriger. A coup sûr, il
aura envisagé autre chose qu’une occasion de
faste vain, de verbalisme superflu ou de distinc-
tions honorifiques surabondantes. Et il est fort à
désirer qu’il combatte tout de suite un certain point
de vue émanant de milieux favorables à l’exposi-
tion, mais insuffisamment informés: l’exposition
des arts décoratifs pourrait trouver asile dans les
bâtiments de l’exposition coloniale; sans doute
son importance ne saurait être comparée à l’im-
portanCe de cette dernière, par conséquent il lui.
suffirait d’obtenir quelque morceau d’un palais
non construit pour elle, ou, au pis aller, elle se
logerait dans les bâtiments évacués par les pro-
duits coloniaux et les tribus exotiques. Telle est
la thèse; elle ne saurait être admise, car, à tout
le moins, c’est à.égalité qu’il faut envisager les
deux manifestations, si même l’exposition des
arts décoratifs ne doit pas être considérée en toute
première ligne. Une part très importante du com-
merce de la métropole y est intéressée, et com-
ment apprécier la somme de prestige qu’elle nous
conférera ? L’exposition des arts décoratifs doit
avoir sa vie propre, et très largement assurée ;
elle doit occuper des bâtiments édifiés pour elle,
qui, au rebours de l’habituelle et vaine architec-
ture d’exposition, seront eux-mêmes des œuvres
exposées.

On parle plus souvent de notre art qu’on ne
l’encourage, mais il y a cette face du problème
à considérer: l’exposition nous est aussi néces-
saire qu’un élixir souverain à un patient; nous
avons besoin de ce coup de fouet, car c’est grâce
à lui que notre art appliqué reprendra la place que
nos industriels auraient laissé échapper si les artis-
tes n’avaient pas maintenu leur bannière dressée.
Leur patient effort de vingt ans mérite cette occa-
sion splendide de triomphe et de consécration.

De graves problèmes se posent donc et c’est,
en un mot, le sort de nos industries et métiers
d’art qui se trouve désormais entre les mains de
M. Fernand David.
 
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