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N° 16. — 1921,

BUREAUX! I06, BOULEVARD SAINT-GERMAIN (6e)

15 octobre.

CHRONIQUE DES ARTS

• ET DE LA CURIOSITÉ

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Le Numéro : r franc

PROPOS DU JOUR

Le récent Congrès d’histoire de l’art'a émis
des vœux comme tous les congrès. L’un
de ces vœux doit retenir particulièrement
l’attention, bien qu’un peu vague et
incolore. C’est celui qui demande « pour l’art
moderne, dans l’enseignement à tous les degrés,
un rang équivalent à celui qui est donné à
l’enseignement de l’art antique et médiéval ».

A tout prendre, on devrait s’étonner qu’une
aussi grave assemblée soit obligée à semblable
postulat. Car, enfin, ces coupures introduites
dans l’enseignement historique de l’art sont arbi-
traires et factices. L’art est un, parce qu’il est la
vie même, depuis nos plus lointaines origines
jusqu’à nos propres lendemains. Comment s’arrê-
ter en route et cesser d’enseigner parce qu’il
s’agit d’époques récentes ou contemporaines ?
L’œuvre des maîtres d’hier et d’aujourd’hui n’est
pas moins digne de l’étude, voire la plus appro-
fondie, que celle des travaux accomplis en un
passé plus ou moins lointain. Au contraire, on
voudrait que cette étude fût poussée aussi loin
pour l’une que pour les autres, d’abord parce
que la tâche des historiens futurs serait grande-
ment facilitée, ensuite, et surtout, parce qu’il
s’agit de besoins, de préoccupations, d’intérêts
récents, que nous pouvons à peu près définir, et
au sujet desquels il faut que nous soyons au clair
pour préparer la solution de ceux de notre temps
•et du très proche avenir.

C’est bien à l’école de tous les degrés que l’on
doit parler aux élèves de l’art en même temps qu’on
leur en mettra en mains le rudiment technique
.— dessin,' solfège, pratique de l’outil et des pre-
miers matériaux. Seulement, s’il s’agit simple-
ment de nomenclatures et de dates, de classifica-
tions de manuels, ou même de vaticinations
.esthétiques, autant vaut s’en tenir au néant actuel.
En réalité, c’est tout un programme qu’il faudrait

établir, en le basant sur ces faits essentiels que
l’art est dans tout et partout, qu’il fut toute la
technique, qu’on ne peut le considérer à part et
comme une sorte d’accessoire de la vie, à laquelle
il n’apporterait que les éléments de loisir ou de
distraction. Son action a une bien autre ampleur,
et c’est justement un enseignement où l’irréel le
disputait à l’incompréhension, qui a rétréci ce
vaste champ jusqu’à en faire une très petite
dépendance de la haute culture, enclose de par-
tout et inaccessible à une quantité d’hommes.

Il ne nous semble pas que le Congrès d’histoire
de l’art ait entrevu ce côté de la question. Il n’a
point, croyons-nous, demandé que l’art, remis à
sa vraie place, soit incorporé à tout enseignement
de façon à ramener les générations prochaines à
une plus saine entente de l’œuvre accomplie et
à accomplir par l’humanité pour s’abriter, se vêtir,
s’orner. Tout ceci ayant été réduit à la valeur de
curiosité archéologique, on n’en voit plus guère
l’incessant développement et cette continuité d’ef-
forts, dont aucun ne peut être négligé.

Il faudrait donner tout d’abord une place en
vue à l’étude technique des arts qui conduirait
tout naturellement à envisager la. signification
réelle et le rôle de ceux-ci. L’influence des con-
ditions physiques, expliquant la formation de ce
qu’on a appelé des «. Ecoles », serait aussi de plus
sûre valeur, pour le développement des jeunes
intelligenqes, que des monceaux d’anecdotes.

Il serait singulièrement utile que le prochain
Congrès délibérât là-dessus. La « muséographie »
c’est fort intéressant; il peut être bon de revoir
des identifications d’œuvres, de connaître l’état
civil des artistes de même qu’on peut rechercher les
lois physiques et morales de la perception esthéti-
que. Qu’est-ce que tout cela à côté de l’étude de
l’œuvre en son essence et en sa réalisation profes-
sionnelle ? Voyons l’histoire de l’art comme la
plus précieuse, la plus utile, bien au-dessus de
l’histoire politique qui ne peut avoir au même degré
de vertu créatrice. Elle nous expliquera la vie.
 
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